Mgr Krajewski : “Une petite fille est née dans mon appartement, je me sens une sorte de grand-père… C’est la vie qui continue”. L’opinion publique connaît bien Mgr Konrad Krajewski, l’homme de confiance du pape François sur le front des interventions de charité. Le Saint-Père l’avait prévenu en le nommant au poste d’aumônier pontifical : “Tu ne seras pas un évêque de bureau… Et je ne veux pas te voir derrière moi lors des célébrations (…) Tu devras être le prolongement de ma main pour apporter une caresse aux pauvres, aux déshérités et aux plus petits”. Ce polonais, au service du Saint-Siège depuis désormais 25 ans, est depuis 2013 “le cœur et la main du Pape”, partout où les besoins se font cruellement sentir, à Rome mais également dans le reste du monde.
Et tout ce que le Pape demande au “père” Krajewski – car il ne veut surtout pas qu’on l’appelle “monseigneur” — l’aumônier le suit à la lettre, apportant une aide quotidienne et discrète aux plus pauvres et plus vulnérables, quitte à devoir s’aventurer, de nuit, dans les quartiers les plus sombres et les plus désespérés, ou se précipiter dès qu’un appel au secours arrive à ses oreilles et qu’il lui est demandé d’y répondre. Jusqu’à laisser son appartement à des groupes d’immigrés ou réfugiés, à l’intérieur de la cité du Vatican, le temps que ceux-ci trouvent une installation définitive et un emploi, rapporte la presse italienne (iltirreno).”Je leur cède mon appartement et dors dans mon bureau sans hésiter”, a-t-il confié à nos confrères, qualifiant son geste de “naturel et spontané”. Oui, ce geste n’a rien “d’héroïque” — affirme-t-il à ceux qui s’étonnent de son choix — “l’Évangile ne nous enseigne-t-il pas qu’il faut aider les personnes en détresse ? Et le premier des besoins fondamentaux n’est-il pas d’avoir un toit ?”.
Un exemple peu suivi
Il faut dire que Mgr Krajewski est une des rares personnes, à l’intérieur comme à l’extérieur du Vatican, à avoir appliqué à la lettre la demande du pape François, l’année dernière, à toutes les paroisses, à tous les couvents, monastères, maisons religieuses, d’Europe, d’offrir l’hospitalité à des réfugiés provenant de Syrie ou du nord de l’Afrique pour échapper aux guerres, à la famine, aux maladies et aux persécutions. Et le Saint-Père avait montré l’exemple en ramenant de Lesbos 12 réfugiés syriens ayant fui leur pays après le bombardement de leurs maisons à Damas et Deir ez-Zor, ville assiégée par Daesh. Et lui, son aumônier, a aussitôt pris le même chemin, transformant sa maison en une sorte « d’ilot de sauvetage » pour réfugiés et migrants, décrivent nos confrères italiens.
Depuis quelques semaines, sont arrivées de nouvelles familles et, “pour la première fois, est née chez moi une jolie petite fille. Je l’avoue, je me sens une sorte de grand-père, d’oncle. C’est la vie qui continue, don de Dieu”, confie l’aumônier pontifical, très ému. Malheureusement les exemples du Pape et de son aumônier, ont été suivis de peu d’effets. Les chiffres sont parlants : seulement à Rome, une quarantaine de paroisses à peine sur les 332 que compte le diocèse ont mis leurs espaces à la disposition de familles de migrants. Réponse également limitée dans tout le reste de l’Italie où, selon Caritas, sur 26 000 paroisses, 600 seulement d’entre elles ont répondu concrètement à l’appel de François.
En France, un an après l’appel
En France, un an après l’appel du souverain pontife, plusieurs milliers de migrants ont été hébergés et accompagnés par les paroisses et associations catholiques dans 43 diocèses sur les 93 que compte le pays, soit un peu moins de la moitié. Cet engagement de l’Église en France ne date pas d’hier. L’appel du pape François en septembre 2015 lui a donné un nouvel élan et une nouvelle ampleur, qu’il est encore difficile de chiffrer. Le dernier bilan remonte à septembre 2016.
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