Le pape François, en ce dimanche de Pentecôte célébré devant plus de 150 000 fidèles, place saint-Pierre, a expliqué le sens de cette fête qui, cinquante jours après Pâques, marque la venue de l’Esprit saint sur les apôtres et la naissance de l’Église. Selon lui, les chrétiens ne sauraient être ni des "supporters" qui prennent parti, ni des "gardiens inflexibles du passé" ou des "avant-gardistes de l’avenir", mais des chrétiens "de Jésus", à savoir "des hommes et des femmes d’Église", qui ne cherchent ni "à s’enfermer dans des particularismes propres" ni "à faire tout ensemble et tout pareil", les deux tentations qui empêchent l’Esprit d’agir.
Ont assisté à la messe des milliers de membres du Renouveau charismatique catholique, venus d’une centaine de pays fêter à Rome leur jubilé d’or et participer à une grande veillée avec le Saint-Père, samedi, au Cirque Maxime, à laquelle étaient conviés également des centaines de responsables d’autres confessions chrétiennes, notamment des Pentecôtistes, à la demande expresse du Pape. L’occasion pour lui de revenir sur la responsabilité commune des chrétiens à œuvrer pour leur unité, "aujourd’hui plus urgente que jamais", pour répandre la Bonne nouvelle du Christ dans un monde où les persécutions à leur encontre sont encore plus fortes qu’aux premiers siècles.
L’Esprit du pardon
En ce jour de Pentecôte, l’Esprit "réalise deux nouveautés" : Il façonne un peuple nouveau, diversifié et uni, l'Église universelle. Autrement dit, a expliqué le Pape à la messe de dimanche, « Il crée la diversité et l’unité", mais une "vraie" unité, celle que Dieu préconise, qui n’est pas "uniformité" mais "unité dans la différence". Pour aider à réaliser cela, Jésus Ressuscité a donné l’Esprit du pardon, "la colle qui nous maintient ensemble, le ciment qui unit les briques de la maison (…) qui garde uni malgré tout, qui empêche de s’effondrer, qui renforce et consolide". Le pardon, a insisté le souverain pontife, "libère le cœur et permet de recommencer (…) donne l’espérance". Sans lui, l’Église ne peut s’édifier.
Les deux tentations à éviter
À chaque époque fleurissent de nouveaux charismes, mais pour réaliser cette harmonie, et permettre à l’Esprit du Seigneur d’agir, deux tentations récurrentes sont à éviter : chercher "la diversité sans l’unité" ou "l’unité sans la diversité".
On est dans le premier cas, a-t-il expliqué, "quand on veut se distinguer, quand on crée des coalitions et des partis, quand on se raidit sur des positions qui excluent, quand on s’enferme dans des particularismes propres, jugeant peut-être qu’on est meilleur ou qu’on a toujours raison. Ce sont les soi-disant ‘‘gardiens de la vérité’’ (…) on devient des ‘‘supporters’’ qui prennent parti plutôt que des frères et sœurs dans le même Esprit ; des chrétiens de droite ou de gauche avant d’être de Jésus ; des gardiens inflexibles du passé ou des avant-gardistes de l’avenir avant d’être des enfants humbles et reconnaissants de l’Église".
Dans le deuxième cas, le chrétien est dans la tentation contraire : "L'unité devient uniformité, obligation de faire tout ensemble et tout pareil, de tous penser toujours de la même manière". De cette façon, a mis en garde le Saint-Père, l’unité "finit par être “homologation” et il n’y a plus de liberté".
En ce jour de Pentecôte, la première des prières à faire à l’Esprit saint, a donc recommandé le Pape, est de donner au chrétien "la grâce d’accueillir “son” unité", de lui donner "un regard qui embrasse et aime Son Église, au-delà des préférences personnelles", de "mettre fin aux bavardages qui sèment la division et aux envies qui empoisonnent", et un cœur qui "sente l’Église comme une mère et comme une maison accueillante et ouverte, où l’on partage la joie multiforme de l’Esprit saint".
Le Renouveau, une chance pour l’unité
"L’Esprit saint ne saurait être mis dans une cage", avait exhorté le Pape, la veille, devant quelque 50 000 fidèles du Renouveau charismatique, à l’occasion de leur jubilé d’or. Le Renouveau, a-t-il alors précisé, n’est ni une "institution " ni une "organisation", mais bien "un courant de grâce" qui a donné naissance à "différents charismes" qui font du bien à l’Église. "Merci pour le témoignage que vous apportez ici, aujourd’hui. Cela fait du bien à tous, cela me fait du bien à moi aussi". Et de poursuivre : "L'Église a besoin de vous (…) Elle compte sur vous, sur votre fidélité à la Parole, sur votre disponibilité au service, sur le témoignage de vos vies transformées par l’Esprit saint (…)" pour montrer que, oui, il existe des différence entre les confessions chrétiennes, mais qu’une "diversité réconciliée" est possible et qu’elle est la seule voie qui mène à la paix. Dans ce mouvement de réveil spirituel, a-t-il assuré, personne n’est "patron", tout le monde est "serviteur" de ce courant de grâce que "rien ni personne ne peut arrêter".