Le pape François a prié dimanche pour les victimes de Minya, tandis que dans le monde de plus en plus de voix dénoncent la solitude des coptes face à l’acharnement antichrétien de l’État islamique. Après les deux attentats de Manchester et de Minya qui ont endeuillé la Grande-Bretagne et l’Égypte, la semaine passée, le pape François a souhaité renouveler, ce dimanche 28 mai, après la prière du Regina Cœli, sa “proximité” et ses “prières” aux familles des victimes et à “tous ceux qui pleurent leur disparition” :
“Chers frères et soeurs, je souhaite exprimer à nouveau ma proximité à notre cher frère le pape Tawadros II – patriarche copte orthodoxe d’Alexandrie — et à toute la nation égyptienne qui, il y a deux jours, a subi un autre acte de violence féroce. Les victimes, dont des enfants, sont des fidèles qui se rendaient à un sanctuaire pour prier, et ils ont été tués après avoir refusé de renier leur foi. Que le Seigneur accueille dans sa paix ces courageux témoins, ces martyrs, et qu’il convertisse les cœurs des terroristes. Prions aussi pour les victimes de l’horrible attentat de lundi dernier à Manchester où tant de jeunes vies ont été cruellement brisées. Je suis proche de leurs familles et de ceux qui pleurent leur disparition”.
Les deux attentats ont été revendiqués samedi soir par l’État islamique.
Acharnement contre les chrétiens
La veille, lors de sa visite à Gênes (nord de l’Italie) — au lendemain de l’attentat en Égypte, et un premier télégramme au président Al-Sissi, condamnant ce nouvel “acte de haine barbare et insensé” – le Saint-Père a prié et demandé de prier pour les coptes. C’était à une rencontre à la cathédrale avec le clergé et les consacrés, parmi lesquels se trouvait un représentant copte. L’assemblée a été invitée à prier en silence puis à réciter un Ave Maria avec lui pour la mémoire de tous ces chrétiens qui subissent le martyre, “plus encore aujourd’hui qu’aux premiers temps de l’Église”, a-t-il une nouvelle fois souligné. Pourquoi cette haine envers eux ? “Que de cruauté contre les chrétiens (…) que de chrétiens assassinés, torturés, emprisonnés, égorgés (…)”, avait dénoncé le Pape le 26 décembre 2016, jour de la Saint-Étienne, diacre et premier martyr de l’Église chrétienne.
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En Égypte, le dernier bilan de l’attaque perpétrée contre un convoi de bus sur la route conduisant au monastère Saint-Samuel, est confirmé : 29 morts et 25 blessés, dont de nombreux enfants, selon le ministère égyptien de la Santé. Les terroristes « sont montés dans les bus et ont tiré à bout portant », a confirmé l’évêque d’al-Minya, Mgr Anba Makarios. Cette nouvelle attaque sanglante est intervenue à une date symbolique : les chrétiens célébraient ce week-end l’Ascension, alors que de leur côté les musulmans se préparaient à entamer le mois du Ramadan. Les autorités égyptiennes ont condamné le drame, invitant la population à ne pas céder “aux tentatives de briser l’unité nationale”. De leur côté, des militants pour les droits des minorités en Égypte ont reproché au gouvernement une “incapacité à protéger les coptes” qu’ils imputent à un certain”racisme institutionnel à l’égard de la minorité”.
Donald Trump depuis le G7
Depuis le G7, à Taormina (Sicile), où ses membres — États-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Japon, Canada, Italie – étaient amenés à trouver un terrain d’entente sur le terrorisme, le président américain, Donald Trump, a réagi à l’attaque, soulignant avec force que “le sang des chrétiens doit cesser de couler”. Les chrétiens d’Orient, a-t-il déclaré, “doivent être défendus et protégés”. Assurant au président Al-Sissi et à “tout le peuple égyptien” que l’Amérique est à leurs côtés , il a exhorté “tous ceux qui accordent de la valeur à la vie” à “affronter et vaincre ce mal” que représentent ces terroristes, engagés, selon lui, dans une véritable “guerre de civilisation”.
“Nous ne pouvons laisser cette horreur se perpétuer !”, avait écrit le président américain sur Twitter peu après son investiture, en novembre 2016.
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S’unir contre la « lâcheté » terroriste
Le nonce apostolique au Caire, Mgr Bruno Musarò, a de son côté dénoncé « la lâcheté » de ce nouvel attentat. Cette nouvelle attaque, a-t-il dénoncé, est « un acharnement contre les chrétiens, contre l’Église et contre tous les égyptiens » qui doit être « vivement condamné », rejoint dans ses propos par les Églises du monde entier qui, depuis samedi, ont multiplié leurs réactions face à « tant de lâcheté contre des personnes innocentes » et appelé les dirigeants musulmans à « faire tout leur possible pour protéger les chrétiens contre cette terreur et pour enrayer la violence sectaire ».
Face à “une telle brutalité, la famille humaine, tous les peuples de foi et de bonne volonté, doivent se serrer, et s’engager à se respecter en prenant soin mutuellement les uns les autres, doivent s’engager à se protéger et empêcher que ne se répètent de telles violences”, exhorte dans un message le pasteur protestant Olav Fykse-Tveit, secrétaire général du Conseil oecuménique des Églises, rapporte Radio Vatican. Même réaction du primat de l’Église anglicane, Justin Welby, “le cœur brisé par la tristesse” pour le “peuple et toute la nation égyptienne”, qui appelle à “un rejet unanime” de ces terribles actions. Dans son message de condoléances, le patriarche orthodoxe de Moscou et de toutes les Russies, Kirill, exhorte les Égyptiens à “ne laisser aucune force détruire la paix et la concorde dans leur pays”, tandis que les évêques américains, malgré “la douleur insupportable” que peut provoquer ce nouvel acte de haine “atroce”, appellent les chrétiens à rester “plus unis que jamais”, rappelant que cette voie est “la seule voie possible pour arriver à la paix”.
Principe réaffirmé par la communauté de Sant’Egidio, connue pour sa contribution à la paix dans le monde, qui appelle les croyants de toute religion à ne pas laisser seuls les coptes, encore une fois “victimes d’une attaque inhumaine”. En cette “période dramatique de l’histoire il faut que les coptes ne soient pas laissés seuls et qu’ils ressentent la solidarité de toutes les Églises et des croyants de toutes les religions”, écrit l’organisation catholique dans son message au patriarche Tawadros et à toute son Église, “il convient de parcourir toutes les voies possibles pour sortir au plus vite de cette terrible spirale de violence.”