Sous la houlette d’Anne Facérias, le Festival sacré de la beauté a reçu le cardinal Vigano, envoyé du Pape ainsi que le réalisateur Wim Wenders, pour une journée de dialogue entre l’Église et le monde du cinéma, en marge du festival de Cannes.Il y a des personnalités que l’on ne s’attend pas à croiser dans un lieu tel que le Festival de Cannes. Le cardinal Vigano en fait partie. Pourtant, le préfet – sorte de ministre – de la communication du Vatican, envoyé par le saint-Père avait un message à offrir au monde du cinéma, un message d’ « espérance ».
En compagnie de Michael Lonsdale et du réalisateur Wim Wenders, Mgr Vigano a participé à une journée exceptionnelle consacrée aux liens entre l’art et la spiritualité.
« Le Pape a quelque chose à vous dire. Les acteurs ont l’opportunité de porter un regard au plus profond de l’être humain. Un regard qui voit la lumière et l’ombre. » Ainsi a commencé le représentant de François à Cannes. « Le saint-père soutient le cinéma. C’est un art qui, selon lui, transmet les émotions humaines. Particulièrement le cinéma d’après-guerre. »
Une grande responsabilité
Mgr Vigano est détendu mais s’adresse avec une grande franchise à ses interlocuteurs : « L’artiste a une grande responsabilité. Il doit montrer que malgré le mal, le bien existe toujours. » Une vision biblique qu’il poursuit en expliquant que le « cinéma doit éduquer les cœurs pour suivre le rythme de Dieu. »
Et plus encore, l’envoyé du Pape pense cela indispensable : « les réalisateurs, les acteurs ont besoin d’un saint-patron. » Lequel ? La réponse se trouve dans « Les ailes du désir de Wim Wenders. Les anges que l’on voit dans ce film sont ceux qui chemine à côté du Seigneur ».
Le défi du cinéma
« Le Festival international du film de Cannes nous lance un défi. Celui de regarder la beauté qui se trouve au cœur des hommes » poursuit Mgr Vigano devant un parterre de journalistes, de prêtres et de cinéphiles, qui n’en manquent pas une miette. « Quand on reconnaît que l’on est habité par le mal, que l’on est induit en tentation, cela permet d’expérimenter la miséricorde du seigneur. » Une notion qui offre la possibilité, « comme les films, d’ouvrir les portes de son cœur ».
Une leçon de théologie, en plein festival, que le cardinal poursuit avec l’image de Noël. « Souvenez-vous de Jésus. Où est-il placé quand il naît ? Dans une mangeoire. Là où tous les animaux retournent pour leur besoin de survivre. Hé bien, l’homme retourne toujours au péché. Dieu a donc été déposé dans la mangeoire, là où le péché existe. »
De la « grâce d’être une actrice chrétienne »
Les autres intervenants, à leur tour, apportent une belle contribution au débat : « Comprenez bien, le fait d’être actrice, c’est comparable au verbe qui se fait chair » explique ainsi Marie-Christine Barrault. « L’acteur est l’instrument qui permet aux textes et aux émotions de se faire chair. À l’image de Dieu qui s’est incarné. »
Une vision partagée par Mgr Vigano, encouragée même. Et lui d’ajouter que « Dieu n’a pas peur des passions humaines, ils les a assumées lorsqu’il s’est fait chair ! Aujourd’hui c’est l’ascension. Comprenez bien qu’une partie de nous est déjà là-haut. Avec lui. »
Le Pape filmé dans son propre rôle
Wim Wenders, réalisateur de renom, est un chrétien qui s’assume et se revendique ainsi devant ses admirateurs : « Aujourd’hui, restera dans mon cœur la messe de ce matin. Elle nous a ouverts à l’état de grâce. Et cet état, on le retrouve dans la beauté. » Le réalisateur – qui fait tourner pour la première fois de l’Histoire un souverain pontife dans son propre rôle – recherche, lui aussi, « la présence des anges pour travailler ». Le cinéma, selon l’artiste, permet alors de « regarder derrière, de transcender, de prendre du recul ». Son film biographique sur le pape François devrait sortir en janvier 2018.
Un 7ème art dépeint comme une réflexion sur le monde, les émotions, les grands événements. Politiques, prêtres, acteurs et réalisateurs se sont accordés : le cinéma est une fenêtre sur l’histoire du monde.
Wim Wenders aura le dernier mot de la rencontre : « May the grace be with you »