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Le bel héritage du patriarche Grégoire III Laham

Grégoire III Laham

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Charlotte d'Ornellas - publié le 21/05/17
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Celui qui a démissionné de la tête de l’église catholique melkite le 6 mai 2017 laisse derrière lui une œuvre considérable.Syrien de naissance, Grégoire III Laham était le Patriarche de l’Église grecque melkite-catholique depuis maintenant 17 ans. Rome vient d’accepter la démission qu’il avait présentée lors du dernier Synode de son église pour apaiser des tensions internes. C’est désormais monseigneur Jean-Clément Jeanbart, archevêque d’Alep, qui est l’administrateur en attendant l’élection d’un nouveau patriarche.

En juin 2016, 22 évêques étaient absents du Synode en raison de désaccords avec le Patriarche et avaient donc provoqué un défaut de quorum. Ils avaient alors demandé la démission du Patriarche, lui reprochant une mauvaise gestion des biens fonciers et immobiliers de la communauté. C’est finalement en février dernier que le Synode avait pu se rassembler et certains évêques s’étaient même excusés pour leur conduite. Tout semblait être rentré dans l’ordre.

Mais une clause secrète avait alors été décidée, révèle L’Orient le Jour : la remise de la démission du Patriarche entre les mains du pape François en échange de la fin de la crise. Cette dernière avant cependant été accompagnée d’une demande, par le Patriarche lui-même, d’attendre décembre prochain pour acter cette démission. Le pape a été plus rapide que demandé et n’a pas entendu le Patriarche qui avait pourtant demandé à être reçu par le Pape pour s’expliquer sur les reproches formulés.

Déçu, le Patriarche âgé de 83 ans a pourtant choisi d’obéir.

Il laisse derrière lui une œuvre considérable au service de son Église à travers tout l’Orient, notamment dans son pays natal qu’il a inlassablement sillonné pendant la guerre pour aller consoler, encourager, aider et convaincre à l’espérance ses fidèles si durement éprouvés.

Mais c’est également au Liban et en Terre sainte que le Patriarche laisse son empreinte dynamique, après y avoir servi de longues années.

Infatigable pèlerin de Dieu, cet homme connaît très bien l’Occident pour y avoir séjourné et insiste tant qu’il peut pour encourager à écouter le message qu’envoient les chrétiens d’Orient.

« Ne nous laissez pas disparaître », lançait-il dans un entretien fleuve réalisé l’année dernière et publié aux éditions Artèges.

Mais cette supplique mérite d’être bien comprise : Grégoire III martèle que la présence des chrétiens d’Orient ne doit pas être voulue pour elle-même mais parce que l’Orient, comme le monde entier, a besoin du message chrétien. Peut-être plus encore en ces temps particulièrement troublés et sanglants. Il l’explique clairement lorsqu’il évoque son engagement à faire reconnaitre la cause palestinienne lors de ses 26 années de service en temps que vicaire patriarcale à Jérusalem : « C’est pourquoi j’ai agi de toutes mes forces pour demander que justice soit faite aux Palestiniens, tout en éduquant ces derniers à ne pas haïr leurs ennemis. C’était mon rôle de chrétien : notre présence dans cette région n’a de sens que si elle est une mission dont nous comprenons le sens ».

Jamais le Patriarche n’oppose la présence chrétienne à celle des musulmans. Il ne cesse de répéter à qui veut bien l’entendre que la cohabitation est possible et même constatée partout en Orient, à moins que ne s’immiscent diaboliquement des problématiques politiques qui dressent les hommes les uns contre les autres.

Mais Grégoire III a son caractère bien trempé et s’enorgueillit légitimement de n’avoir jamais transigé sur l’annonce de la Vérité : il a passé sa vie à être chrétien dans la moindre déclaration, et à revendiquer le droit de l’être à quiconque lui déniait.

La grande souffrance de son coeur de pasteur reste encore aujourd’hui l’exode de tous ces chrétiens qui fuient une région parfois douloureuse. Le conflit syrien a été une occasion pour lui de lutter quotidiennement contre cette hémorragie dramatique pour le pays tout entier.

Il a également oeuvré pour que justice soit faite aux Syriens dans cette guerre souvent mal traitée par les médias occidentaux…

Une chose est sûre, quiconque l’a rencontré et écouté comprend qu’il est avant toute chose un homme de paix. C’est sans doute ce qui qualifie le plus succinctement son œuvre toute entière dans la région.

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