Du 27 au 29 octobre 2017, une rencontre internationale réunira des représentants religieux et des responsables politiques de l’Union européenne pour une réflexion approfondie sur l’avenir du continent. Soixante ans après la signature des traités de Rome, les deux textes fondateurs d’une Europe actuellement en crise, l’Église a décidé d’ouvrir très rapidement un dialogue entre ses représentants (évêques et laïcs) et les responsables politiques. Un dialogue “de grande envergure” est prévu, a annoncé la COMECE — la Commission des Épiscopats de la Communauté européenne – venue présenter au pape François, le programme d’une grande rencontre internationale à laquelle seront conviés de nombreux leaders européens.
Co-organisé avec la Secrétairerie d’État, cette rencontre internationale aura lieu à Rome du 27 au 29 octobre prochains sur le thème : “Repenser l’Europe” pour discuter “des principaux défis à relever” et “des moyens que l’Église peut mettre en œuvre pour soutenir le projet européen à un moment où l’Europe, elle-même, doute et se trouve à la croisée des chemins”, a souligné le cardinal Reinhard Marx, un des quatre vice-présidents du comité permanent de la COMECE, qui a pour mission de créer des liens avec les instances européennes.
L’Europe est “fatiguée, malade, en mal d’espérance”, avait souligné, le 25 novembre 2014, en adressant à tous les citoyens européens un message d’encouragement devant le parlement de Strasbourg. Encouragement à revenir à la ferme conviction des Pères fondateurs de l’Union européenne, qu’un “avenir fondé sur la capacité de travailler ensemble, en dépassant les divisions et favorisant la paix parmi tous les peuples européens” est possible. Le Saint-Siège et la COMECE souhaitent entretenir l’enthousiasme que le Saint-Père avait suscité ce jour-là, et deux ans plus tard en recevant le prix Charlemagne d’Aix-La-Chapelle qu’il avait dédié à toute l’Europe, voyant ce moment “non pas comme un geste de célébration”, mais comme “une belle occasion pour souhaiter ensemble un nouvel élan à ce cher continent”.
Retrouver les valeurs de base
La conférence d’octobre prochain marquera “le début d’un processus de dialogue” qui, a espéré le cardinal Marx, contribuera à “remettre l’Homme au cœur de la politique”. En juillet 2016, dans un message vidéo à plus de 300 mouvements et communautés oecuméniques rassemblés à Munich (Allemagne), le Pape avait appelé mouvements et communautés chrétiennes d’Europe à faire de leurs maisons, de leurs communautés et de leurs villes des “laboratoires de communion, d’amitié et de fraternité”, capables de “traduire les valeurs de base du christianisme en réponses concrètes aux défis d’un continent en crise”. Cette conférence est une des réponses à cet appel que le souverain pontife avait également lancé aux 28 États européens, les encourageant à “se donner un nouveau départ”, à “actualiser” l’idée de l’Europe. Et pour le Pape “actualiser”, ce n’est pas “se contenter de petites retouches esthétiques ou de compromis bancals pour corriger quelques traités”, mais avoir le courage de “poser de nouvelles bases”.
Les Églises aiment profondément l’Europe
Que les chrétiens ont un rôle à jouer dans cette relance de l’Europe, cela sonne comme une évidence aux oreilles également du conseil des conférences épiscopales européennes (CCEE). “Les Eglises en Europe aiment profondément l’Europe et regardent, avec l’œil des pasteurs et non de politiciens, son évolution”, a déclaré le cardinal Angelo Bagnasco, président de la conférence Episcopale italienne et du CCEE, dans des propos rapportés par Radio Vatican, mais ces pasteurs “sont inquiets et doivent promouvoir le bien intégral des personnes et de chaque peuple”. Ils doivent avoir un rôle de “levain” et “affirmer ces vérités fondamentales qui brillent sur le Visage du Christ et sont à la base d’un humanisme authentique qui trouve en Europe son berceau”. Le président du CCEE s’exprimait à l’issue d’une audience, le 18 mai, avec le Pape, après trois jours de travaux réunissant la nouvelle présidence du conseil des évêques d’Europe. “Tous les autres continents, pratiquement, ont des liens avec l’Europe, son sort influe donc en quelque sorte sur les leurs, a souligné pour sa part le vice-président du CCEE, Mgr Stanislaw Gadecki, donc si l’Europe se convertit, les autres continents se convertiront”.