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L’Ascension : un mystère toujours actuel ?

Jan Matejko, l'Ascension, 1884, huile sur toile, musée national de Warsaw

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P. Benedikt Mohelník - publié le 18/05/17
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L’Ascension est l’avant dernier mystère du Christ en sa chair. Avant dernier ? Quel est alors le dernier ?

L’Incarnation, célébrée à l’Annonciation, et la Nativité, célébrée le jour de Noël, se rapportent évidemment à des événements passés. Comme d’ailleurs le Baptême et la Transfiguration, signes donnés aux disciples pour saisir quelle était la mission de Jésus. Même sa Passion, sa mort et sa Résurrection, rendues présentes par le sacrement de l’Eucharistie et dont les fruits demeureront actifs tant que durera le monde, s’inscrivent dans la vie temporelle de Jésus. L’Ascension également, que les Actes des Apôtres situent quarante jours après la Résurrection. Pour autant ce jour-là, le Christ s’est assis à la droite du Père où il demeure aujourd’hui, continuant à se donner, à Lui et pour nous. À l’Ascension, l’humanité s’est donc rapprochée de Dieu en la personne du Christ qui nous ouvre la voie. Quel sera, alors, le dernier mystère du Christ en sa chair ? La Parousie, son retour dans la gloire, au dernier jour.

Nos vies quotidiennes avec ce qu’elles ont de banal et d’ordinaire : couple, enfants, famille, travail, loisirs, vie politique, joies, querelles et soucis, quand nous portons sur elles un regard chrétien, se révèlent appartenir à la fois au présent de nos existences et au présent des mystères du Christ en sa chair, avec son passé dernière nous et l’avenir devant nous. Le passé, où Dieu s’est fait homme, a souffert, est mort et a été ressuscité par son Père ; le présent, où il vit à la droite du Père depuis l’Ascension ; le futur, quand il reviendra et nous prendra avec lui. L’histoire de chacune de nos vies est en permanence contemporaine avec l’historicité des mystères du Verbe incarné.

« Quand l’homme touche le fond de l’échec et de l’incapacité, a déclaré le pape François en Égypte, quand il se défait de l’illusion d’être le meilleur, d’être autosuffisant, d’être le centre du monde, alors Dieu lui tend la main pour transformer sa nuit en aube, son affliction en joie, sa mort en résurrection, sa marche en un retour vers Jérusalem, c’est-à-dire vers la vie et vers la victoire de la Croix. » (29 avril 2017).

Pour tenir notre place de témoin dans le monde d’aujourd’hui, il faut bien sûr s’efforcer de vivre en chrétien. Mais que signifie : « Vivre en chrétien » ? Être toujours fidèle, saint, sans défaut, sans maladresse, généreux, détaché de tout ? Qui pourrait prétendre vivre sur ces hauteurs ? Vivre en chrétien, n’est-ce pas plutôt développer d’abord un regard de foi sur la réalité – visible et invisible –, sur le cadre contemporain de nos vies : nous, et Jésus assis à la droite du Père ? Alors, il devient possible de s’orienter. « Ces moments où l’on se sent mauvais et tout à l’envers, explique le cardinal Journet, ils peuvent être des moments de grande humilité devant Dieu. On voit bien que l’on ne peut rien de soi-même. Alors on comprend qu’on a le droit de tout lui demander. Et que c’est pour qu’on le fasse, qu’il permet que nous nous sentions si désemparés, si impuissants à l’égard de nous-mêmes. » (Comme une flèche de feu, Ad Solem).

« Est-ce que nous pouvons aimer notre propre cœur, continue-t-il, avec tous ses égoïsmes, ses hypocrisies, ses nœuds ? À certains moments, non, non, non. C’est Dieu qui vient nous délivrer de notre pauvre cœur. Et ce pauvre cœur qui est en nous, il est aussi dans les autres. Alors pour pouvoir aimer les autres, il n’y a pas d’autre moyen que de passer par Dieu, et descendre à travers Dieu, à partir de Dieu, vers eux. Alors on voit qu’il y a un regard de tendresse… ». Ce regard de tendresse nous accompagne depuis que Jésus siège à la droite du Père et nous accompagnera inlassablement jusqu’à son retour dans la gloire.

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