Aider les plus pauvres a autant d’impact sur celui qui donne que sur celui qui reçoit. Antoine Besson témoigne du sentiment des parrains et marraines d’Enfants du Mékong, qui viennent en aide aux enfants d’Asie du sud-est. Il y a quelques jours, je discutais avec un peintre célèbre qui me racontait ses engagements envers les plus faibles. Il me disait sa joie de pouvoir aider des enfants pauvres au Cambodge ou malades à Paris. Il me disait que sa peinture était précieuse non pas parce que c’était ce qui le faisait vivre mais parce que c’était ce qui lui permettait d’entrer en contact avec ceux qui sont différents de lui, ces personnalités si riches à connaître.
Si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce que cette conversation m’a fait réaliser une certaine injustice. Lorsque l’on parle du don, nous mettons très souvent en avant le pauvre à qui profite notre don. Dans le cas d’Enfants du Mékong, ce sont évidemment ces milliers d’enfants d’Asie du sud-est qui, grâce à vous, retrouvent les chemins de l’école et peuvent prendre en main leur avenir.
Mais n’oublions pas l’impact qui se fait dans les cœurs. C’est la richesse du don que de transformer aussi celui qui donne. Parfois même malgré lui. C’est une incroyable alchimie qui change le plomb en or. Qui transforme l’argent en joie, en instruction, en reconnaissance… autant de choses qui ne s’achètent pas et qui pourtant labourent notre cœur, ouvrant en nous de nouvelles dispositions, de nouvelles ressources pour aimer mieux, pour aimer plus ; qui éveillent en nous la curiosité de l’autre, l’envie de mieux le connaître… Combien de témoignages de parrains et de marraines nous disent leur transformation après une lettre ou une visite de leur filleul. Florence est de ceux là : « Être la marraine d’un enfant m’apporte beaucoup plus que simplement donner un peu d’argent à une association. C’est une joie de voir que ce geste, qui n’est pourtant pas un grand sacrifice pour moi, a pour elle une grande importance. Ma vie professionnelle, au sein d’une grande entreprise, m’offre rarement une telle satisfaction. Et au-delà de l’aspect financier, la vie de ma filleule me rappelle à quel point le consumérisme ambiant peut nous faire oublier des choses pourtant essentielles ».
C’est en forgeant que l’on devient forgeron dit le vieil adage. C’est en donnant que l’on devient plus aimant, plus humain pourrait-on ajouter… Et si vous me demandez pourquoi je crois que cet ami peintre était dans le vrai, je vous répondrai que c’est parce que son discours était le même que celui que me faisait un paysan sans terre au Vietnam : « Je n’ai peut être pas d’argent mais je suis riche de tous mes amis ! » Il n’y a que la vérité qui puisse ainsi réunir l’expérience du riche et celle du pauvre.