Dans un monde qui cherche à tout contrôler, tout maitriser, tout connaitre, savoir accepter l’imprévu et se confier à la sainte Providence est une vraie grâce… qui se demande au Seigneur, en toute humilité.Providence, du latin providere, prévoir, pourvoir. Acte par lequel Dieu, dans sa Sagesse, conduit toutes ses créatures vers la perfection à laquelle il les a appelées.
Contraceptions à outrance, plans de carrière sur trente ans, sites de rencontres avec « critères à la carte »…. De nos jours, plus rien ne doit être laissé au hasard. Comme si l’homme avait de plus en plus envie, et de plus en plus la capacité, de contrôler sa vie jusque dans les moindres détails, d’avoir la maitrise sur tout.
Alice et Paul attendent la signature d’un CDI pour se marier. Laetitia et François attendent la fin d’une période de « rush » au travail pour concevoir un bébé. Henri et Bénédicte veulent, et peuvent, tout savoir (sexe, taille et poids estimés) sur leur bébé, avant même qu’il n’ait vu le jour… Ce désir de tout connaitre de la vie avant de la vivre est inhérent à l’être humain, le succès de la voyance, des horoscopes et du bulletin météo en est la preuve !
Évidemment ce désir de maitrise est normal et bon quand il est mesuré. Bien sûr, on ne peut pas décemment ne rien contrôler dans nos vies et ne rien prévoir ! Bien sûr, la sagesse d’un homme lui demande réflexion, prudence et maitrise de ce qui l’entoure. Mais ce désir de contrôle à outrance est-il sain dans nos vies de croyants ? Vouloir mener le bateau seul n’est-ce pas une preuve de notre suffisance et de notre manque de confiance et d’abandon dans le Seigneur ? Et si l’imprévu arrive malgré tout, savons-nous le recevoir ?
Les imprévus font la beauté de nos quotidiens
Accepter les imprévus de Dieu et l’abandon à la Providence n’est pas synonyme de léthargie, paresse et inconscience. Oui, l’imprévu bouleverse. Oui, il fait peur, il angoisse. Pourtant n’est-ce pas la preuve même du plan que Dieu a pour chacun d’entre nous ? Quand on pense que ces imprévus viennent de Dieu, ils peuvent nous paraître plus doux et moins sombres qu’au premier abord.
« Quand j’ai annoncé à ma sœur que j’attendais des jumeaux, alors que mes ainées avaient à peine 14 mois et 2 ans et demi, j’ai eu quelques jours de grande panique raconte Claire, 30 ans. Ma sœur m’a dit une phrase qui m’a profondément marquée, et fait du bien en même temps : « Vous au moins, vous avez su vous faire bousculer par la vie ! ». En effet, il peut arriver que certains imprévus paraissent insurmontables, d’autant plus quand on a « tout fait » pour les éviter.
Quand ils adviennent, nous nous sentons désemparés, voir abandonnés par le Seigneur. Pourquoi moi, pourquoi maintenant… ce n’était pas prévu ! Ces épreuves, bien heureusement, sont très souvent sublimées et peuvent donner de merveilleux fruits, si nous acceptons de les faire germer.
Les exemples autour de nous sont nombreux. C’est un bébé qui arrive un peu tôt, et qui unit pour la vie de jeunes fiancés qui s’aiment, et n’arrivaient pas à s’engager. Une maladie infantile, ou un accident, qui apprend à une famille entière ce que c’est d’aimer la vie, chaque petite joie du quotidien, chaque nouveau jour que Dieu nous offre, malgré les peines, et avec elles. C’est une souffrance amoureuse qui, quelques années plus tard, une fois mariés avec un/e autre est vue différemment, vécue comme « une nécessaire étape » avant LA rencontre. Quelle tristesse si nous savions déjà toutes les surprises que la vie nous réserve. Les imprévus font toute la beauté et la joie de nos quotidiens et nous devons nous y attendre avec hâte plutôt que de les craindre sans cesse !
Statistiques, prévisions, sondages… Notre société nous pousse à tout envisager au centimètre, au centime, à la seconde près. Mais nous ne sommes pas Dieu, acceptons notre condition d’homme. Notre vie terrestre n’est qu’un chemin vers l’éternité, pourquoi forcément souhaiter une autoroute, les chemins de campagne sont si beaux et fleuris !
La grâce de l’abandon dans les mains de Dieu
L’imprévu est aussi – fort heureusement – vécu quelquefois avec une joie immense, qui bouleverse également. Comment ne pas penser à Zacharie et son épouse Elisabeth, qui s’étaient résolus tous deux à vieillir ensemble sans enfant. Quand l’inattendu – un enfant ! – arrive, leurs cœurs se réjouissent évidemment, malgré une inquiétude certaine, due à la surprise de l’annonce.
Il nous est tous arrivés de vivre une très heureuse nouvelle avec ambivalence : à la fois la joie est immense, mais la peur nous rattrape, comme s’il fallait forcément peser le pour et le contre de la nouvelle. Comme si nous ne méritions pas tant de joie pour la simple raison que nous n’y croyions plus, que nous y avions renoncé. Non, réjouissons-nous de manière entière et simple ! Si l’imprévu arrive, faisons en sorte de l’accueillir en grande joie, et de l’accepter.
Marie, un exemple pour nous
« La première en chemin, Marie tu nous entraînes, à risquer notre « Oui » aux imprévus de Dieu ». Qui n’a pas entonné ce chant à la Vierge, plein d’espoir et n’a pas déjà été réchauffé par ces paroles réconfortantes ? En effet, quel plus beau visage que celui de Marie, mère de Dieu, pour incarner cet abandon total au Seigneur, cette confiance absolue dans le plan de Dieu ?
Quand l’ange Gabriel vient annoncer à Marie, toujours vierge, qu’elle portera un enfant et que cet enfant est le fils de Dieu, la jeune femme accepte et fait confiance. Alors, peut-être, pouvons-nous confier à la sainte Vierge Marie, nos imprévus qui nous bouleversent et nous angoissent, pour apprendre à les accepter… et à leur faire confiance. Ils deviennent parfois les plus belles réussites de nos vies !