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Le Primat des Églises orthodoxes à Taizé : un grand pas pour le dialogue œcuménique

Orthodox Patriarch Bartholomew I of Constantinople, speaks at the Church of Reconciliation, as part of a visit of the Christian ecumenical monastic community in Taize, on April 25, 2017. / AFP PHOTO / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 26/04/17
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Le patriarche œcuménique, Bartholomée Ier, archevêque de Constantinople, a été reçu par la communauté œcuménique de Taizé le 25 avril. Une immense première. Le patriarche œcuménique Bartholomée Ier, archevêque orthodoxe de Constantinople, a été reçu le 25 avril par la communauté œcuménique de Taizé, en France. Une visite “exceptionnelle” avant une autre visite “exceptionnelle” en Égypte, aux côtés du Pape les 28 et 29 avril prochains, signe d’une aspiration commune à marcher plus que jamais ensemble vers l’unité des chrétiens. Le patriarche venait de Suisse pour y célébrer les 50 ans du centre orthodoxe de Chambésy. À Taizé, après une prière commune dans l’église de la Réconciliation, en présence des frères, de représentants des différentes communautés chrétiennes et des jeunes, frère Alois Loeser, le prieur de la communauté, et Bartholomée ont pris la parole, saluant tous deux le sens de cette “visite extraordinaire” pour le dialogue œcuménique.

50 ans après frère Roger et Athénagoras

“Très Saint Père, je suis sûr que, aujourd’hui, depuis le ciel, votre vénérable prédécesseur, le patriarche de Constantinople Athénagoras, et le fondateur de notre communauté, frère Roger, nous regardent et se réjouissent d’un même cœur” de cette visite, a souligné frère Alois, après des années d’échanges entre “jeunes orthodoxes” et “jeunes catholiques” de divers pays à Taizé et à Istanbul, siège du patriarcat œcuménique de Constantinople.

Bien qu’il s’agisse de sa première visite à Taizé, le patriarche Bartholomée entretient en effet avec la communauté des liens profonds. Frère Roger, le fondateur, accompagné de frères et de jeunes, s’est rendu plusieurs fois à Istanbul, à l’invitation d’Athénagoras : en 1962 pour une première prise de contact, avec un autre frère, puis en 1963 pour les célébrations du millénaire du Mont Athos, et en 1970, pour un nouveau pèlerinage avec un groupe de jeunes. En 2005, l’année de la mort de frère Roger, frère Alois s’est à son tour rendu avec deux frères à Istanbul, à Noël, pour rencontrer Bartholomée Ier.

Depuis ses origines, la communauté de Taizé — fondée en 1940 par le suisse protestant Roger Schutz (frère Roger) — s’est laissée imprégner par la tradition byzantine. “La centralité donnée à la résurrection du Christ et au rôle de l’Esprit Saint, la référence si forte à l’enseignement des Pères de l’Église, la vie liturgique, la vie contemplative entretenue par le monachisme, les icônes, comme aussi le courage de traverser des décennies de souffrances au long des siècles passés, toutes ces valeurs vécues en Orient”, a souligné Frère Alois dans son allocution, “ont été et demeurent pour nous, les frères de Taizé, des sources uniques d’inspiration”.

Aujourd’hui, a poursuivi Frère Alois, “c’est nous qui vous accueillons avec amour et qui vous disons notre admiration”. Admiration pour un patriarche comme Bartholomée qui, depuis plus de 25 ans,”œuvre inlassablement” pour “actualiser les trésors de la foi orthodoxe dans le monde contemporain”, et que la communauté a plaisir à honorer tant son “aspiration à l’unité des chrétiens”, son “ouverture au dialogue interreligieux” et son “expérience d’une Église crucifiée”, font de lui “un témoin irremplaçable de la paix du Christ”. Dans un monde où les chrétiens veulent être des “ferments de paix”, cette aspiration à l’unité est indispensable. “Nous avons tellement de richesses à partager (…). Il y a des choses qui nous divisent mais nous pouvons apprendre les uns des autres”, a-t-il assuré pleine de confiance en l’avenir.

“L’événement Taizé”

Même reconnaissance et joie du patriarche Bartholomée, à se retrouver pour la première fois en visite dans un lieu aussi “inspirateur” pour le rapprochement des chrétiens que Taizé, “siège de l’œcuménisme spirituel” et “creuset de la réconciliation”, a-t-il souligné, plus de 50 ans après “l’extraordinaire vision” de Frère Roger.

Pour comprendre ce que représente Taizé pour l’Église orthodoxe, Bartholomée Ier a cité Olivier Clément, grand théologien français disparu il y a quelques années, l’un des grands noms de la pensée orthodoxe contemporaine, et son ouvrage Taizé : un sens à la vie (Bayard 1997). Le théologien ne considérait pas Taizé comme une communauté “au sens institutionnel”, mais avant tout comme un événement qui “cristallise les aspirations d’une jeunesse en mal d’être, en mal de croire, en mal de vivre”. “L’événement Taizé”, affirmait le philosophe, “agit comme une puissante parabole de conversion et de réconciliation, en mettant l’accent sur la vie intérieure qui permet d’entrer dans le mystère de l’unité, tout en s’inscrivant pleinement dans la vie du monde”. Ces paroles, a commenté le patriarche, “résonnent avec puissance dans la tradition orthodoxe et nous conduisent à approfondir le sens de la réconciliation au travers du mystère de la résurrection”. Comment ? Par la prière qui “ne libère pas des tâches de ce monde”, a-t-il dit, mais les rend “encore plus responsable”. Se réconcilier, a-t-il expliqué, revient avant tout à “guérir les maux de l’histoire, les cicatrices du temps, les incompréhensions mutuelles, les conflits de mémoire, les haines fratricides”. La division entre chrétiens à laquelle “nous entendons répondre en priant pour l’unité des églises”, a ajouté le patriarche de Constantinople, “est une blessure spirituelle, aux responsabilités partagées — acceptées ou non”. Et d’exhorter alors les chrétiens d’Orient et d’Occident à continuer à prier ensemble pour que “la lumière de la résurrection” les conduise “sur le chemin de l’unité et de la communion”.

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