Jean-Dominique Durand et Claude Prud’homme ont coordonné un dictionnaire magistral pour découvrir l’univers catholique, des thèmes les plus familiers aux subtilités les plus méconnues.Le titre de ce nouveau volume de la riche collection “Bouquins” n’est-il pas pléonastique ? Catholique signifie universel, et l’on pense au livre d’Émile Poulat : L’Église, c’est un monde (Cerf, 1986). Mais tous savent-ils cela ? Et en même temps ce titre est modeste, car le catholicisme c’est aussi une histoire, longue de deux mille ans. Enclore dans un livre tout l’héritage et toute l’actualité planétaire, quel défi !
Pour le relever, deux maîtres d’œuvre : Jean-Dominique Durand et Claude Prudhomme, tous deux historiens. Histoire contemporaine à Lyon 3 pour l’un, à Lyon 2 pour l’autre ; 130 collaborateurs, dont une bonne moitié de Lyonnais, 2000 “entrées” environ, 1400 pages. Le seul langage des chiffres a son éloquence.
Décrivons le monument à grands traits. C’est un dictionnaire qui recouvre tout ce qui constitue le catholicisme des origines à nos jours : mots, notions et questions, événements et réalisations, personnages qui disent au mieux ce que fut le catholicisme, ce qu’il demeure et devient, sa mémoire et son identité. Le champ est immense.
Après une longue et riche introduction historique des deux maîtres d’œuvre, un sommaire groupe les 2000 articles en itinéraires thématiques, au nombre de 80. J’en signale quelques-uns, pêle-mêle : continents et pays, Bible, liturgie, biographies (près de 600 ), conciles, communautés nouvelles, institutions, missions, monachisme, papauté et Vatican, politique, sacrements, saints et sainteté, christologie, philosophie, théologie, spiritualité… Vu de l’extérieur, c’est bien un monde.
Il faudrait maintenant entreprendre une visite de l’intérieur. C’est bien impossible. Deux conseils seulement. D’abord ce qu’il ne faut pas faire. Les auteurs avertissent : cet ouvrage n’a pas la prétention d’être exhaustif ni de dire l’essence d’un catholicisme idéal. Il ne faut donc pas arriver avec l’idée de distribuer bons et mauvais points. Par exemple – mauvais exemple, mais pour être bien clair — des articles Brassens et Brel qui se succèdent, manifestement inutiles : puisqu’il est question de chants, on les supprime et on trouve la place de caser Prudence, poète latin chrétien dont le bréviaire accueille de belles hymnes.
Autre (mauvais) exemple : onze animaux bénéficient d’un article sauf le coq et le chien (je pense à Chiens du Seigneur, la belle Histoire chrétienne du chien d’Hélène et Jean Bastaire, qui n’ont pas de notice, mais sont présents dans l’article Écologie. Dernier (mauvais) exemple : absence d’acédie, au moins une définition… Eh bien, voilà exactement ce qu’il ne faut pas faire.
Ce qu’il faut faire. Profiter de cet outil exceptionnel, soit par consultation au gré d’un besoin ponctuel, soit, pour s’instruire. S’en remettre au délicieux brassage de l’ordre alphabétique : Baldaquin, dais, ciborium ; Balthasar Hans Urs von ; Bande dessinée ; Bannière ; Banque ; Baptême… Et, dans un cas comme dans l’autre, admirer la pertinence de ces articles, leur volonté d’objectivité sur les questions sensibles (notre temps a les siennes) et l’unité exemplaire dont ils témoignent.
Bref ! Voilà une réussite de grande classe. Il existe d’autres outils. Celui-ci, d’esprit et de méthode universitaires, par son ampleur et sa maîtrise prend la première place.
Le Monde du Catholicisme, sous la direction de Jean-Dominique Durand et Claude Prudhomme, Collection Bouquins, Robert Laffont, 1536 pages, 34 euros.