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Présidentielle : le terrorisme islamique endeuille et dramatise la fin de la campagne

© Ludovic MARIN / AFP

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Philippe Oswald - publié le 21/04/17
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L’attentat des Champs-Élysées contre des policiers, à trois jours du premier tour de l’élection présidentielle, a fait monter la tension d’une campagne électorale particulièrement chaotique.  

L’attentat des Champs-Élysées contre des policiers, à trois jours du premier tour de l’élection présidentielle, a fait monter la tension d’une campagne électorale particulièrement chaotique.  

Un policier a été tué à bout portant jeudi soir, 20 avril, deux autres grièvement blessés et une touriste plus légèrement, alors que la campagne avait déjà été marquée au cours de la semaine par l’arrestation à Marseille de deux hommes soupçonnés d’avoir planifié des attentats imminents.

« Une résonance mondiale »

« Une fois encore, cette attaque a une résonance mondiale et le symbole est fort : un attentat contre les forces de l’ordre, à deux pas du pouvoir présidentiel et au moment même où se tenait la dernière émission politique avec tous les candidats avant le premier tour de l’élection présidentielle » constate Le Monde. L’attentat a provoqué une panique sur les Champs-Élysées décrite par Le JDD. Alors que se déroulait sur France 2 la dernière émission télévisée avec les onze candidats, l’attentat des Champs-Élysées a contraint ceux-ci à réagir en direct, rapporte Le Figaro. Presque tous, oralement et/ou sur Twitter, ont rendu « hommage aux forces de l’ordre qui donnent leur vie pour protéger les nôtres» (Fillon) en exprimant leur soutien face  « à l’assaut de forces qui détestent notre modèle démocratique» (Hamon) et en affirmant leur volonté d’agir « à l’extérieur de nos frontières, pour lutter partout contre le terrorisme islamiste, à l’intérieur de nos frontières en renforçant les moyens de sécurité, de renseignement » (Macron). « Les actes terroristes ne seront jamais impunis, les complices jamais oubliés », assurait Jean-Luc Mélenchon sur Twitter, tandis que Nicolas Dupont-Aignan, en fin d’émission, affirmait vouloir mobiliser toutes les forces de l’État pour «vaincre les barbares» et Marine Le Pen faisait part de sa « colère sourde » : « Je suis étreinte par le sentiment que tout n’est pas fait». Deux exceptions : le candidat du NPA, Philippe Poutou, qui loin de sembler ému, « a fait la promotion de sa proposition de désarmer les policiers » pour « stopper…la violence policière » !  Quant à Jacques Cheminade, les journalistes lui ont rappelé qu’il avait qualifié de « montage » les attentats du 11 septembre 2001, aux États-Unis.

« Plusieurs candidats, dont Marine Le Pen, François Fillon et Emmanuel Macron, ont annulé leurs derniers déplacements mais ont saisi l’occasion pour défendre leur projet en matière de sécurité. Cet attentat contre des policiers sur les Champs-Élysées, l’un des symboles de Paris, a rapidement envenimé les débats, le Premier ministre Bernard Cazeneuve accusant vendredi Marine Le Pen et François Fillon d’avoir fait « le choix de l’outrance et de la division », relève Le Point. Curieusement, seul Emmanuel Macron semble au-dessus de tout reproche aux yeux du ministre de l’Intérieur…

Pourquoi Karim Cheurfi, multirécidiviste, était-il en liberté ?

Une fois de plus, le terroriste est décrit comme déséquilibré par son entourage. Il n’empêche que l’État islamique a presque aussitôt revendiqué l’attentat. En outre,  « un message manuscrit prenant la défense de « Daech », l’organisation djihadiste État islamique (EI), a été retrouvé près du corps de l’assaillant (…) Un Coran a également été retrouvé dans le véhicule de Karim Cheurfi » rapporte Lapresse.ca.

« On avait décidé de parler avec componction entre gens de bonne compagnie de choses plus ou moins insignifiantes comme le travail de Penelope, le prix des costumes, la sortie de l’euro, l’augmentation de la CSG et la cote immobilière au Touquet »… et voilà que « sans crier gare, les terroristes ont débarqué » relève Elisabeth Cluzel sur Boulevard Voltaire. Elle souligne que l’auteur de l’attentat « avait été condamné en 2003 à 20 ans de prison pour tentative d’homicide sur… des policiers. Karim Cheurfi (c’est son nom) a même été arrêté — puis relâché — en février dernier, pour avoir claironné vouloir tuer des gardiens de la paix. » De fait, confirme Le Parisien, « il avait été arrêté le 23 février dernier, passé 24 heures en garde à vue à Meaux avant d’être relâché faute de preuves, selon des sources proches de l’enquête. Karim Cheurfi avait été condamné en février 2005 à 15 ans de réclusion pour trois tentatives d’homicide volontaire, dont deux visant des policiers. Il avait reconnu les faits lors de son procès en appel. En première instance, en 2003, devant une cour d’assises, il avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Sa dernière condamnation remonte à juillet 2014, pour des vols aggravés.» Comment un homme aussi dangereux et ayant déjà cherché à deux reprises à tuer des policiers pouvait-il se trouver en liberté ?

Quel impact sur le choix des électeurs ?

Si Ouest-France souligne la réticence des experts à évaluer l’impact de ce dernier attentat sur le choix des électeurs « si près de la présidentielle », ce quotidien cite toutefois cette observation d’Adélaïde Zulfikarpasic, directrice de l’Institut de sondages BVA, selon laquelle cet événement pourrait « faire bouger les lignes et resserrer les écarts » dans une présidentielle marquée par une « très grande incertitude ». « Si ça devait bénéficier à quelqu’un, ajoute-t-elle, ce serait évidemment à Marine Le Pen qui a porté cette thématique dans la campagne, ou à François Fillon, de par sa stature présidentielle ».

Tel est en tout cas l’avis qui prévaut dans la presse étrangère. The New York Times — cité et traduit par Courrier International — relève que  « cela fait des semaines que les experts estiment qu’une attaque juste avant le premier tour, ou dans l’entre-deux-tours, pourrait faire basculer l’élection en faveur d’un candidat perçu comme plus ferme face à la criminalité et au terrorisme — et particulièrement la dirigeante du parti d’extrême droite, Marine Le Pen ». Quant au journal belge Le Soir, il juge que « le climat pourrait favoriser celui qui apparaît comme le plus expérimenté pour tenir les commandes de l’État dans un contexte aussi troublé ».

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