Le patriarche orthodoxe de Constantinople Bartholomée Ier a confirmé le 18 avril 2017 qu’il serait aux côtés du pape François lors de son voyage en Égypte les 28 et 29 avril prochains. Il y a dix-sept ans, Jean Paul II avait été le premier pontife romain à se rendre en Égypte, pour un voyage s’inscrivant dans la recherche de l’unité entre chrétiens.“Il était temps !” : c’est par ces mots que Chenouda III, patriarche copte d’Alexandrie entre 1971 et 2012, avait accueilli le pape Jean Paul II à son arrivée au Caire le 24 février 2000 pour une visite de trois jours. Il s’agissait en effet du premier voyage d’un successeur de Pierre en Égypte. Le voyage inverse, du Caire vers Rome, avait été réalisé, pour la première fois, par le même Chenouda III en 1973, avec une visite au pape Paul VI.
Si Jean Paul II avait lui aussi rencontré le grand imam de l’université Al-Azhar, comme le fera le pape François, le véritable enjeu de ce déplacement avait bien été le dialogue œcuménique.
L’unité à petits pas
Lors d’une rencontre œcuménique dans la cathédrale Notre-Dame d’Égypte du Caire, en présence de Chenouda III, Jean Paul II avait rappelé son invitation à l’unité lancé dans l’encyclique Ut unum sint (1995). Il avait également appelé à une réflexion commune sur “le ministère de l’évêque de Rome” afin de pouvoir “chercher ensemble les formes selon lesquelles ce ministère pourra réaliser un service d’amour reconnu par les uns et par les autres”.
Le 264e pape s’était aussi rendu en pèlerinage au monastère copte orthodoxe de Sainte-Catherine, dans le Sinaï, construit selon la tradition à l’emplacement du Buisson ardent vu par Moïse. Le pape n’y avait pas célébré la messe, mais simplement présidé une célébration de la Parole. Les moines coptes orthodoxes, plutôt réticents, s’étaient tenus à l’écart : “Nous avons accepté sa venue parce que nous ne pouvions pas faire autrement”, avait ainsi déclaré Mgr Damianos, higoumène (l’équivalent d’un abbé dans la tradition monastique byzantine) du monastère de Sainte-Catherine, au Télégramme, avant la visite.
Mgr Makarios Tewfik, évêque copte catholique de la région, avait alors expliqué à I.MEDIA que les moines orthodoxes avaient “accueilli Jean Paul II très chaleureusement, mais [qu’]il n’était pas question qu’ils puissent participer avec lui à une prière commune.” “Il faut commencer par de petits pas pour construire l’unité des chrétiens”, avait ajouté le prélat égyptien.
L’œcuménisme du sang
En dix-sept ans, le dialogue œcuménique s’est poursuivi et les rencontres entre le souverain pontife et des patriarches orthodoxes se sont multipliées. En février 2016, pour la première fois, le pontife romain et le patriarche orthodoxe de Moscou se sont rencontrés et ont signé une déclaration commune, notamment pour soutenir les chrétiens d’Orient.
Le 28 avril prochain au Caire, le pape François devrait ainsi retrouver le patriarche copte orthodoxe d’Alexandrie Tawadros II, ainsi que celui de Constantinople, Bartholomée Ier. De cette manière, trois des quatre patriarches reconnus par le premier concile de Constantinople, en 381, seront réunis lors de cette rencontre.
“L’œcuménisme du sang”, selon la formule reprise à plusieurs reprises par le pape François, a également contribué au rapprochement entre catholiques et orthodoxes. Les coptes orthodoxes ont encore récemment été victime d’attentats terroristes : après le double attentat du dimanche des Rameaux, un policier a été tué et quatre autres blessés devant le monastère Sainte-Catherine lors d’une attaque le 18 avril. Celle-ci a été revendiquée par le groupe État islamique.