Votre boss est un tyran mais de quel type ? La journaliste, qui a fait les frais d’un patron toxique, dresse 5 portraits-robots. Reconnaîtrez-vous votre chef ? Si oui, lisez vite ce papier… Combien de fois dans une carrière professionnelle peut-on changer de travail pour raison de mésentente avec son responsable ? Au lieu de s’enfuir de son entreprise, ne serait-il pas mieux d’apprendre à cohabiter avec son patron. C’est possible, presque toujours.
“Lorsque mon patron m’a crié dessus pour la première fois, j’ai pensé que j’avais mal entendu. Lorsque pour la deuxième fois il a élevé le ton pour critiquer mon travail, j’ai mis longtemps à m’en remettre. J’ai ressassé, pendant quelques jours, cette défaite et j’ai tenté, par tous les moyens, d’éviter de le croiser. Je pense que cela l’a conforté dans sa conviction qu’il avait raison. Petit à petit, il a cessé de m’adresser la parole mais il trouvait toujours un prétexte pour critiquer mon travail devant mes collaborateurs. J’ai signalé le problème au chef de service. Nous avons discuté à trois et il m’a semblé que les choses allaient s’arranger. Malheureusement la situation s’est empirée. Je savais que ce n’était plus qu’une question de temps et je suis partie dès que j’ai trouvé un autre emploi.”
“Dans la nouvelle entreprise, tout a bien commencé. Mais un beau jour, en plein travail, mon responsable a lancé un commentaire de bas étage à mon encontre à haute voix. J’en ai eu la chair de poule, la peur que j’avais éprouvée lors de ma précédente expérience professionnelle ma soudain saisie, l’histoire se répétait. J’ai voulu à nouveau fuir. J’ai pensé que j’étais particulièrement malchanceuse et que je tombais toujours sur des patrons despotes. Lorsque j’en ai parlé avec une amie, elle m’a demandé si une part du problème n’était pas en moi. Dans un premier temps, je l’ai très mal pris, mais ensuite j’ai réfléchi. Et plus j’y pensais, plus je commençais à comprendre que la fuite n’arrangerai rien. J’ai décidé que cela devait changer.”
Chantal Vander Vorst, l’auteur du livre “Toxic Management” estime que dans les situations de conflit avec son supérieur il ne s’agit pas de changer l’un ou l’autre mais d’apprendre à modifier nos inter-réactions. Pour que cela soit possible, il faut d’abord identifier le type de management toxique de l’entreprise.
Le patron tyran
Mon supérieur de l’époque était un exemple type de patron tyran : il haussait le ton souvent et ne tolérait pas la contradiction. Nous étions contamment sur nos gardes, personne ne savait ce qui pouvait arriver et cela engendrait un sentiment de grande insécurité. Selon Vander Vorst, le patron tyran est manipulateur et pour atteindre son but il est capable de tout. Il peut se montrer flatteur ou se mettre en position de victime, son objectif étant d’incriminer les autres. Il peut menacer ses subalternes et, dans les situations extêmes, se montrer agressif. Comment se comporter dans un tel contexte ? Avant tout, demander à ce que soient précisées très clairement les tâches à exécuter, par écrit si possible (e-mail). Pendant l’entretien, indépendemment du fait qu’il se déroule calmement ou pas, controler ses émotions. Ne jamais se laisser provoquer.
Mister Chaos
Le deuxième exemple de chef toxique porte davantage sur le style de management. Dans une entreprise dirigée par un “Mister chaos”, aussi bien les tâches à accomplir que les responsabilités sont délibérément floues. Personne ne sait jamais à quoi s’en tenir et les employés ont un sentiment perpétuel d’injustice. Chantal Vander Vorst conseille de se comporter avec ce type de patron comme avec le “patron tyran”, à savoir exiger que les tâches à accomplir soient précisément définie, par écrit. Par exemple : “Si je comprends bien, tu attends de moi x et y. Si tu as d’autres exigences, écris-les moi”. Ce n’est que sur cette base que nous pouvons établir les limites de nos devoirs et de nos responsabilités.
L’instable émotionnel
C’est un perfectionniste, ambitieux et travailleur qui est incapable de maîtriser ses émotions. Il peut montrer beaucoup d’enthousiasme à l’égard de ses collaborateurs mais à la moindre petite erreur de leur part se montrer très vite déçu et abattu. L’atmosphère dans une entreprise dirigée par un “instable émotionnel” est pesante, la méfiance et la rancoeur y règnent et envahissent l’environnement de travail. Vorst conseille aux employés qui ont pour responsable une personne immature émotionnellement de se concentrer sur leur tâche. “Ils ne doivent pas répondre à toutes les attentes de leur chef”, souligne-t-elle. Lorsque le chef, dans un bon jour, fait des propositions géniales, mieux vaut garder son sens critique et regarder de plus près les conditions de leur réalisation. “Ton idée est bonne mais a-t-on les moyens de la mettre en oeuvre ?”. Ce type de questionnement doit absolument être systématiquement posé lors des entretiens professionnels.
Le patron 4 X 4
C’est un bourreau de travail. Efficace, misant sur le progrès, il exige beaucoup de lui-même et des autres. Il ne connaît ni la faiblesse ni la paresse et à un sens critique aigü. Dans un tel environnement de travail, les employés se sentent souvent incompétents et ont l’impression d’être toujours à la traîne. Par ailleurs, le chef n’envisage pas que son équipe puisse travailler différemment de lui. Dans un tel contexte, il est préférable d’avoir une discussion avec son responsable en tête à tête. Puisqu’il t’a embauché, il doit bien te reconnaître des compétences. On peut lui parler de ce que nous ressentons : “parler de dix sujets à la fois me rend mal à l’aise. Je préférerais me concentrer sur les cinq premiers et à la prochaine réunion aborder les cinq autres”. Il est important de montrer à ce type de responsable que nous souhaitons faire au mieux et que nous sommes compétent dans notre domaine à condition de travailler selon notre rythme.
Le manager antipathique
Il peut être chaotique, ambitieux ou paresseux. Il applique divers modes de management mais la principale caractéristique qui le différencie des autres c’est son aversion pour les autres. Les employés ont l’impression qu’il ne les aime pas et qu’au moindre geste, ils sont jugés. Il exprime de l’hostilité vis-à-vis de certains de ses collaborateurs, il est impatient et évite la plupart du temps la confrontation. C’est probablement l’un des supérieurs hiérarchiques les plus difficiles à cerner. Face à ce type de personne, Chantal Vander Vorst estime qu’il faut appliquer en toute circonstance le principe suivant : ne jamais prendre ses attaques pour une atteinte personnelle. Il est inutile de vouloir à tout prix discuter avec lui car il n’aime pas discuter. Mieux vaut éviter les confidences car un chef antipathique pourra les utiliser contre son employé.
Dans tous les cas, que les relations avec votre supérieur soient toxiques ou pas, il faut toujours faire ce qui vous semble être juste, c’est-à-dire faire votre travail afin que votre patron n’ait rien à quoi se raccrocher pour vous critiquer. Et puis, il ne faut surtout pas oublier de prendre soin de soi. Chaque personne a besoin d’une motivation positive. Si ce n’est pas dans les habitudes de votre chef de valoriser votre travail et de vous féliciter, vous pouvez l’y inciter. “J’ai fait du bon boulot n’est-ce pas ?” Si, effectivement, vous avez effectuez un bon travail, il ne pourra que le reconnaitre. C’est toujours ça de pris.
De mon côté, j’ai continué à travailler pendant cinq ans avec mon chef tyran. J’ai réussi à trouver un modus vivendi. Mais avec le temps j’ai choisi de devenir mon propre patron. C’est un véritable privilège de ne dépendre de personne.