Dans les églises coptes orthodoxes d’Égypte, Pâques sera célébrée dans un esprit de recueillement et de prière, en faisant mémoire des martyrs tués dans les deux attentats survenus en l’église Saint-Georges de Tanta, au nord du Caire, dans le delta du Nil, et en l’église Saint-Marc, à Alexandrie, le 8 avril dernier, en pleine messe des Rameaux. Tout moment de partage et réceptions habituellement organisés après les célébrations a été annulé, rapporte l’agence Fides.
Selon le Secrétaire du Saint Synode copte orthodoxe, le père Raphaël, cette décision fait suite à des pétitions spontanées – notamment des militants coptes de l’Union des jeunes Maspero – demandant au Patriarcat copte orthodoxe de mettre de côté les habituelles réceptions organisées pour accueillir les vœux traditionnellement présentés aux Évêques et aux prêtres par les autorités civiles et religieuses locales à l’occasion des grandes festivités chrétiennes.
La question des vœux
En Égypte, la question des vœux de Noël et de Pâques qu'adressent aux chrétiens les responsables politiques ou les représentants musulmans, est récurrente dans les polémiques entre groupes et représentants de la communauté islamique. Des polémiques qui sont montées d’un cran depuis les récentes initiatives des institutions officielles de l’islam sunnite égyptien – à commencer par l’Université d’al-Azhar – visant à lutter contre la diffusion de doctrines extrémistes et les manipulations du coran dans une perspective djihadiste.
La foi des chrétiens mise à dure épreuve
Les massacres du Dimanche des Rameaux "mettent à l’épreuve la foi des chrétiens égyptiens", a reconnu quelques jours plus tard, le patriarche Ibrahim Isaac Sidrak d’Alexandrie pour les Coptes catholiques, en décrivant à Fides "l’état d’âme de nombreux baptisés égyptiens" après ces nouveaux massacres. Le jour du massacre, il célébrait lui aussi la Messe des Rameaux dans la cathédrale qui se trouve à 200 m de distance de la Cathédrale copte orthodoxe. En matière de lutte contre les massacres terroristes, le Patriarche considère "inappropriée la stratégie qui se cantonne à la seule répression et à la chasse aux assassins après les crimes commis". Depuis deux ans, le Président égyptien al-Sissi insiste pour "changer le discours religieux et éradiquer à la racine les pensées aberrantes qui alimentent le terrorisme. Mais ces paroles ne sont pas écoutées". Une mauvaise volonté qui se perçoit jusque dans certains milieux liés à l'université pourtant "progressiste" d'al-Azhar, où beaucoup ne sont pas convaincus de la nécessité de changer". Que le pape ait confirmé sa visite en Égypte, fin avril, constitue "un signe important pour les chrétiens et pour toute la nation égyptienne".
Les martyrs sont dans les bras du Christ
La tradition liturgique copte ne prévoyant pas de cérémonie funéraire durant la Semaine Sainte, les obsèques des victimes du massacre de Tanta ont eu lieu le jour de la tragédie. Dans un message à l’Évêque et aux fidèles du Diocèse de Tanta, le Patriarche copte orthodoxe, Tawadros II, « ne demande pas de cacher la douleur due à la séparation des frères massacrés par les terroristes « parce que nous les aimons » mais invite tout un chacun à trouver consolation dans l’espérance confiante que les martyrs du Dimanche des Rameaux ont été accueilli "dans les bras du Christ" et qu’ils vivent maintenant avec Lui".