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Comment les Papes sont-ils enterrés en temps normal ?

The body of Pope Emeritus Benedict XVI
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Sabine de Rozières - publié le 08/04/17 - mis à jour le 03/01/23
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Les funérailles de Benoît XVI auront lieu jeudi 5 janvier à 9h30 place Saint-Pierre et seront présidées par le pape François. Aleteia vous en dit plus sur le rite bien particulier des funérailles pontificales et surtout sur celui d'un pape émérite, une première pour le Vatican.

Le pape émérite Benoît XVI s'est éteint le 31 décembre 2022, à l’âge de 95 ans. Ses funérailles auront lieu jeudi 5 janvier 2023 place Saint-Pierre. Le pape François présidera les obsèques du pontife émérite, dont la dépouille sera enterrée dans les grottes vaticanes, sur le lieu de l’ancienne tombe de Jean-Paul II. C’est la première fois qu’un pape émérite doit être enterré. "Conformément au souhait du pape émérite, les funérailles se dérouleront dans la simplicité", avait indiqué le Saint-Siège le 31 décembre, qui a annoncé des "funérailles solennelles mais sobres". Voici comment ont été enterré jusqu'ici les Papes... en exercice.

1Les novemdiales

Le service funèbre pour les obsèques d’un pape peut durer 9 jours, dans le jargon curial on les appelle novemdiales (période de deuil de neuf jours chez les Romains). Quoi qu’il en soit, l’inhumation elle, doit avoir lieu entre le quatrième et le sixième jour qui suit la mort du pontife. Cette période assez longue permet au plus grand nombre de fidèles possible de venir saluer une dernière fois la dépouille du Vicaire du Christ et par la même occasion, laisse le temps nécessaire aux cardinaux pour se rendre à Rome depuis les quatre coins de la planète.

2Un rituel en trois étapes

Dans un premier temps le corps du défunt pape est exposé dans le palais apostolique pour un premier hommage public, qui débute par un office de prière présidé par le Camerlingue (responsable des biens temporels du Saint-Siège), et la veillée du corps est assurée par les prêtres pénitenciers de la basilique Saint-Pierre.

La dépouille est ensuite installée dans la basilique vaticane devant la statue de La Confession de Pierre, face au peuple, comme du temps où il présidait les célébrations. Avant la messe d’enterrement, le corps du pape est déposé dans un cercueil de cyprès. Selon la tradition, "le Camerlingue doit alors recouvrir le visage du pape d’un voile de soie blanche, déposer dans le cercueil une bourse contenant les monnaies émises sous ce pontificat achevé, et sceller dans un étui le récit de ce qui vient d’être accompli".

The body of Pope Emeritus Benedict XVI
Le corps du pape émérite Benoît XVI exposé à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 3 janvier 2023.

Pour l’anecdote, qui atteste des dernières volontés étonnantes de certains papes, on peut lire par exemple dans l’ouvrage, Histoire des Chapelles Papales, de Gaetano Moroni que Léon XII en 1829 "voulut que ses entrailles fussent portées à Saint-Vincent-Saint-Anastase de Rome". Pie X (1903-1914) quant à lui, eut le visage recouvert d’un masque d’or. Et pour Benoît XVI, il n’arbore pas le pallium d’évêque de Rome, contrairement à ses prédécesseurs morts en fonction.

3Les ornements pontificaux

Dans un troisième temps, pour la mise en bière, le cérémoniaire pontifical s’assure que le corps du Pape soit revêtu des ornements pontificaux : la férule (bâton pastoral), la mitre (puisque les papes ne portent plus la tiare, l’usage ayant été abandonné par Paul VI, qui en avait reçu une très précieuse et en fit don aux pauvres en plein Concile Vatican II) ainsi que le pallium.

Contrairement à ses prédécesseurs, Benoît XVI n’arbore pas la mosette – le vêtement rouge des pontifes que Benoît XVI portait mais qu’a abandonné le pape François – pas plus que les chaussures rouges qu’il chaussait quand il était pontife en exercice. La chasuble rouge qu’il porte, sur une aube blanche brodée, est en revanche un signe réservé aux pontifes depuis l’enterrement du pape Paul VI en 1978. Il est revêtu d’une simple chasuble rouge et coiffé d’une mitre, un chapelet aux perles de bois entre les mains. 

Quant à l'anneau du pêcheur (bague que le pape porte à l’annulaire de la main droite appelé aussi "piscatorial), il sera brisé ou rayé par le Cardinal Camerlingue immédiatement après la mort du Pape ou après sa renonciation. Celle de Benoît XVI a été rayé par une croix, ainsi qu'un autre anneau similaire pour apposer son sceau, neuf jours après sa démission.

4L’embaumeur fou

Désormais la préparation d’une dépouille de Pape est confiée à une équipe de spécialistes de la médecine légale, alors que la tradition voulait jusqu'à Jean Paul II que la préparation des corps des Papes défunts fut confiée à des familles romaines spécialistes des techniques d'embaumement.

Le journaliste et spécialiste du Vatican, Bernard Lecomte, évoque ce moment sordide de l’enterrement de Pie XII quand "l’embaumeur fou" (médecin personnel de Pie XII) crut avoir trouvé une méthode révolutionnaire d’embaumement. Lors de l’exposition du corps, l’embaumeur (Riccardo Galeazzi-Lisi) et ses acolytes venaient en pleine nuit faire des piqûres dans le corps du pape défunt sans résultats probants. La décomposition fut inévitable et la poitrine du pape explosa en raison de l’accumulation des gaz. Son nez et ses doigts tombèrent et la peau passa du jaunâtre au noir sinistre. Un garde suisse qui encadrait la dépouille finit même par s’évanouir !

5Le triple adieu

Vêtu de la couleur liturgique rouge, le doyen du collège cardinalice entouré des cardinaux et patriarches célèbre la messe des funérailles. Le 8 avril 2005, la messe des funérailles de Jean Paul II, qui a durée trois heures et a eu lieu sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, a été présidée par le cardinal Ratzinger (qui n’était pas encore à l’époque le Pape). Mais dans le cas d'un pape émérite, c'est le Pape actuel, François, qui présidera l'office.

À la fin de la cérémonie, un triple adieu est prononcé : celui de l’Église de Rome, représentée par le Cardinal Vicaire, celui des Églises orientales, représentées par le plus ancien des patriarches présents, et enfin celui de toute l’Église catholique, représentée par le doyen du Sacré Collège (dans le cas de Benoît XVI, ce sera le pape François).

La cérémonie se termine par le chant In paradisum :

In paradisum deducant te Angeli,
in tuo adventu suscipiant te martyres,
et perducant te in civitatem sanctam Jerusalem.

Chorus angelorum te suscipiat,
et cum Lazaro quondam paupere
æternam habeas requiem.

Traduction française :

Que les Anges te conduisent au paradis,
que les martyrs t'accueillent à ton arrivée,
et t'introduisent dans la Jérusalem du ciel.

Que les Anges, en chœur, te reçoivent,
et qu'avec celui qui fut jadis le pauvre Lazare
tu jouisses du repos éternel.

Puis les sediarii (corps de laïcs créé au XIVe siècle chargé autrefois de porter le trône papal mobile et qui prête service près l'antichambre pontificale) reprennent le cercueil pour le transporter dans la crypte de Saint-Pierre en passant par la porte Sainte-Marthe. Après l’oraison prononcée par le cardinal Camerlingue, le cercueil de cyprès est placé à l’intérieur d’un cercueil de zinc, puis les deux sont scellés et introduits dans un cercueil de bois où sont placés la croix et le blason du Pape. L’inhumation se déroule ensuite sous le chant du Salve Regina.

6De la crypte à la basilique

La tradition veut que les sépultures des Papes déclarés bienheureux soient remontées à l’étage supérieur, c’est-à-dire dans la basilique vaticane. Depuis Léon XIII, qui fut enterré à Saint-Jean-de-Latran, les huit papes suivants furent placés dans la nécropole de Saint-Pierre qui accueille actuellement les tombeaux de plus d’une vingtaine de papes. Mais ils ne sont pas les seuls dans cette crypte, les trois derniers Stuart, prétendants catholiques au trône de Grande-Bretagne ainsi que quelques reines. Les saints papes Jean XXIII et Jean-Paul II sont donc les deux derniers tombeaux pontificaux à avoir été déplacés.

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