La tête du père Alejandro Solalinde, grand défenseur des droits des migrants, a été mise à prix par les cartels de la drogue pour ses actions contre leurs affaires criminelles. Les narcotrafiquants sont exaspérés par les actions du père Alejandro Solalinde, et ont mis sa tête à prix, offrant un million de dollars à celui qui arriverait à le tuer. Le prêtre mexicain, est un des plus grands défenseurs des migrants du Mexique, responsable d’un foyer d’accueil – Hermanos en el camino (« Frères du Chemin ») – à Ciudad Ixetepec (État d’Oaxaca, au sud du pays), où transitent chaque année 20 000 migrants. Le religieux a aujourd’hui 72 ans et vit sous protection policière depuis 2011.
Cela fait effectivement près de 35 ans que le père Solalinde est engagé dans la sécurité des migrants. Les migrants sont les cibles privilégiées des cartels de la drogue, et particulièrement les adolescents de 10 à 15 ans, qu’ils exploitent et maltraitent. Le prêtre ne cesse de lancer des campagnes de sensibilisation contre eux et de dénoncer auprès des médias internationaux les violences subies par les sans-papiers et la population locale.
Enlèvements et prostitution
Pour ces criminels – avec qui la police est souvent de mèche –, le père Solalinde, en protégeant ces personnes, nuit à leur business qui consiste à enlever des hommes ou les dévaliser pour obtenir une rançon ou leur soutirer de l’argent, les femmes pour les obliger à ses prostituer, et les enfants pour les destiner à la traite humaine.
Le tristement célèbre train de marchandises
Le foyer Hermanos en el camino a été fondé en 2005, devenant très rapidement un lieu de référence pour un demi million de personnes (dont 25% d’enfants) qui, chaque année, tentent de rejoindre les États-Unis juchés sur un train de marchandise surnommé la “Bestia”. Un train auquel ces personnes restent agrippées, tout le long de leur voyage, parfois mortel, vers l’Eldorado. “Ériger des barrières est inutile, il est impossible de stopper ces migrants”, ne cesse de dire le prêtre aux médias.
L’assassinat d’une journaliste
Ces dernières heures, les menaces contre le père Solalinde ont repris à l’occasion des obsèques de Miroslava Breach, une journaliste assassinée il y a une semaine au Mexique, devant la porte de chez elle alors qu’elle se trouvait dans sa voiture. “Trop tard pour avoir peur”, a expliqué le père Alejandro qui accuse ouvertement les trafiquants de drogue d’avoir tué une femme désarmée.
“Je n’ai pas peur de mourir”
Les menaces contre le prêtre arrivent ponctuellement mais lui affirme ne pas avoir peur de mourir. “Ma vie est entre les mains de Dieu, déclare-t-il, je ne peux pas me taire, mais continuerai à crier encore plus fort, pour faire entendre le cri de tous ceux qui n’ont plus de voix”.
L’exemple du père Seenyondo
Pour Alejandro Solalinde, accompagner les victimes de la violence est la seule forme d’évangélisation en temps de narco-guerre : « Comme a fait père Seenyondo, venu d’Ouganda à Nejaba, dans le diocèse de Chilpacingo-Chilapa, une zone infestée de criminels du monde de la drogue et abandonnée par le pouvoir central. Seenyondo était devenu l’unique personne de référence pour les 3 000 habitants de la ville, de pauvres paysans terrassés par le crime. Il y a sept mois, Seenyondo a été enlevé et tué. Il existe tant d’autres cas comme lui. Officiellement, une trentaine depuis 2006, mais beaucoup manquent à l’appel : le Mexique est une tombe clandestine… ».
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Les 13 et 14 mai prochains, père Alejandro, candidat au Nobel pour la paix en 2017, sera en Italie, hôte du Festival Vicino/Lontano, à Udine, dans le nord du pays, qui rassemble chaque année des experts, journalistes, écrivains et artistes de renommée mondiale pour se confronter et discuter entre eux des processus de transformation en cours dans le monde, au plan économique, social, culturel et géopolitique.
Article traduit et adapté de l’italien par Isabelle Cousturié