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Comment la Corée s’est “auto-évangélisée”

© RiNux CC03

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Meg Hunter-Kilmer - publié le 07/04/17
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L’incroyable épopée humaine et spirituelle de Yi Byeok a donné naissance à une communauté catholique bien vivante qui représente environ 10% de la population coréenne aujourd’hui.L’histoire de l’expansion de l’Église est structurellement liée à celle des  missionnaires, ces hommes et ces femmes au courage inouï qui ont quitté familles et pays pour aller à la rencontre d’autres cultures, risquant leur vie pour faire connaître l’amour de Jésus à ceux qui ne le connaissaient pas. Chaque région du globe, chaque époque, a connu des figures missionnaires exceptionnelles : saint François-Xavier a évangélisé le Japon au XVIe siècle, saint Augustin de Canterbury l’Angleterre au VIe siècle, saint Thomas l’Inde au Ier siècle.

La Corée, figure d’exception

La péninsule n’a en effet pas bénéficié de l’œuvre évangélisatrice des missionnaires. La Corée est le seul pays à s’être évangélisé lui-même. Plus de deux siècles après l’évangélisation du Japon par François-Xavier et plus de mille ans après la diffusion de l’Évangile en Chine par les Nestoriens, aucune mission n’avait pu s’établir en Corée. Des chrétiens de passage était déjà entrés dans la péninsule à des fins commerciales ou militaires, mais personne n’était encore venu annoncer la Bonne nouvelle de Jésus au peuple coréen.

Quelques  livres parlant du Christ sont pourtant étudiés par des moines bouddhistes ou des personnes s’intéressant au christianisme comme à une philosophie étrangère. Parmi eux Yi Byeok, un jeune homme né en 1754 qui commence à étudier en 1770 un livre catholique écrit en chinois par le serviteur de Dieu Matteo Ricci. À seulement 16 ans, il se consacre à l’étude de la foi chrétienne, et rassemble autour de lui des hommes jeunes et moins jeunes à Chon Jin Am, lieu considéré comme le berceau du christianisme en Corée.

Pendant 14 ans, ces hommes travaillent sur les questions métaphysiques les plus complexes, éclairées à la lumière chrétienne grâce à ces quelques livres introduits clandestinement depuis la Chine. Peu à peu, ils se convainquent de la véracité de leurs lectures et se mettent à s’en inspirer au quotidien. Tous les sept jours, ils célèbrent une sorte de Shabbat, sans aucun moyen de savoir quel jour est vraiment le dimanche. Ils étudient, débattent et louent Dieu ensemble, toujours sous la houlette de Yi Byeok réputé dans la région pour sa sagesse et son savoir. Des hommes d’âge mûr s’en remettent à lui et des jeunes hommes quittent tout pour venir étudier auprès de lui.

1 000 nouveaux chrétiens en un an

Finalement, en 1784, Yi Byeok apprend que l’un des siens, Yi Seung-Hun, nourrit le projet de se rendre en Chine. Connue sous le nom de “Royaume ermite”, la Corée est alors complètement fermée sur le monde extérieur – à l’exception d’un contact annuel avec la Chine. Yi Byeok saute sur l’opportunité de prendre contact avec des chrétiens. Yi Seung-Hun reçoit pour mission d’apprendre tout ce qu’il peut, de rapporter des ouvrages et des objets sacrés, et de demander le baptême. Rebaptisé Pierre, Yi Seung-Hun retourne en Corée pour conférer le baptême aux autres, notamment à Yi Byeok, le précurseur, qu’il baptise sous le nom de Jean-Baptiste.

Les compagnons descendent alors de leur montagne pour évangéliser le reste du pays et tiennent désormais leurs réunions à Séoul pour que les chrétiens en nombre croissant puissent y participer. D’après les archives, en à peine un an, la Corée compte près de mille nouveaux chrétiens. Mais le gouvernement coréen, devenu extrêmement xénophobe en réaction à l’impérialisme occidental sur d’autres pays asiatiques, se méfie de cette nouvelle religion. En 1785, le christianisme est interdit, mais l’heure n’est pas encore aux tortures et aux martyrs.

10% des Coréens sont catholiques

Yi Byeok connaît cependant un sort particulièrement sévère : comme il refuse de renier sa foi, il est enfermé dans la maison de sa famille. D’après certaines sources, on le laisse mourir de faim, d’autres disent que le jeûne qu’il entreprit a finalement raison de lui et qu’il meurt d’épuisement. Toujours est-il que la mort de Yi Byeok est à l’image de sa vie : un don total pour la Parole de Dieu.

Après la mort de Yi Byeok en 1785, le christianisme continue de se répandre. Bien qu’il n’y eût aucun prêtre dans le pays pendant les dix années qui suivirent, les laïcs se muent en missionnaires et entreprennent même de célébrer la messe ou d’entendre des confessions avant de découvrir que c’est impossible. Un seul prêtre ne foulera le sol de la Corée pendant les cinquante premières années de son évangélisation, et encore, le ministère de ce prêtre ne dura que six ans avant qu’il ne meurt en martyr. Malgré toutes les persécutions du XIXe siècle, puis celles exercées par le régime communiste pendant la guerre de Corée, l’Église tient bon. Aujourd’hui, 10% de la population coréenne est catholique et on compte des centaines de saints, de bienheureux ou de Serviteurs de Dieu coréens.

La cause pour la canonisation du Serviteur de Dieu Jean Baptiste Yi Byeok a été ouverte, ainsi que pour ses 132 compagnons. Ils n’ont pas encore de jour de fête, mais Yi Byeok est connu pour être un très bon intercesseur pour les chercheurs de vérité. Serviteur de Dieu Yi Byeok, priez pour nous !

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