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Départ du père David Gréa : Le cardinal Barbarin s’adresse aux paroissiens

cardinal Barbarin - publié le 06/03/17

Suite à son souhait de rompre l’engagement au célibat, le père David Gréa a été déchargé de ses fonctions.


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Frères et Sœurs,

Aujourd’hui, après le départ du P. David Gréa, je viens célébrer avec vous la Messe du premier dimanche de carême. Vous avez beaucoup échangé entre vous depuis quinze jours ; merci à tous ceux qui sont venus me voir ou ont pris contact avec l’un de mes collaborateurs, nous ont écrit ou envoyé un message. Il est important de prendre un temps de prière et de rencontre après cet événement. Nous le vivons comme une souffrance, il nous interroge sur la joie chrétienne et il nous appelle à l’espérance.

Une souffrance d’abord. Celle d’un évêque pour son fils et frère prêtre, devant ce choix de rompre l’engagement au célibat que nous prenons avant de recevoir le sacrement de l’ordre. Le P. David est venu m’en parler avec transparence, il m’a présenté sa réflexion et ses questions. Comme sa décision était arrêtée, conformément à ce que demande l’Église, je l’ai déchargé de sa mission. C’est aussi une souffrance pour ses frères prêtres qui, sans le juger, sont nombreux à poser des questions légitimes sur la façon dont il a justifié sa démarche. Mais c’est d’abord votre souffrance, celle de votre communauté qui se trouve, de fait, privée aujourd’hui de son prêtre, de son pasteur et serviteur, de son frère et pour certains d’un ami… Il vous était donné depuis des années déjà, et avec lui, vous aviez noué tant de liens, initié tant de projets, favorisé le cheminement dans la foi de tant de personnes !

J’entends et je comprends la souffrance et les sentiments qui peuvent vous habiter depuis l’annonce de ce départ et après la lecture de la lettre du P. David. Vous êtes nombreux à me les avoir confiés. Certains sont blessés, en colère contre l’Église ou amers par ce qu’ils vivent comme un abandon, mais rien n’effacera tout ce qui a été donné, semé et aimé ici. Certains, déroutés ou meurtris par cette décision, auraient espéré de la part de David une demande de pardon qui n’est pas venue dans sa lettre. Que le Messie Consolateur vous donne Lui-même la paix dont vous avez besoin pour poursuivre la route, au sein de la paroisse de Sainte Blandine-Lyon Centre.

Malgré ces souffrances, que votre joie demeure ! Aujourd’hui, je veux vous rappeler l’invitation de saint Paul : « Rendez grâce à Dieu en toute circonstance » (1 Thes. 5, 18). Certains jours, elle est difficile à vivre. Vous avez peut-être du mal à chanter maintenant ce chant que vous aimez tant : « Je suis dans la joie, une joie immense… ». La vraie joie, pourtant, c’est celle que le Christ nous donne, Lui qui est fidèle, malgré nos épreuves et nos infidélités. Allez relire le passage du merveilleux discours après la Cène – c’est le testament spirituel de Jésus -, où il dit : « Vous êtes dans la peine maintenant, mais … votre cœur se réjouira ; et votre joie personne ne vous l’enlèvera… Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez et vous recevrez : ainsi votre joie sera parfaite » (Jean 16, 22-24). N’oubliez pas que Jésus donne ce message dans un moment très douloureux pour lui ; il entre alors dans les ténèbres de sa Passion. Nul n’a mieux commenté ce passage que saint François d’Assise à son cher « frère Léon ».
Ainsi, rendons grâce pour tout ce que Dieu donne dans la fraternité de votre paroisse. Oui, la joie côtoie souvent la Croix, vers laquelle nous tournons davantage notre regard durant le carême. Cette joie n’est pas incompatible avec l’épreuve que nous vivons. Depuis la visite pastorale que j’ai faite chez vous, il y a près de deux ans, je sais votre attachement à la personne du Christ, votre enracinement dans l’Eglise, l’engagement des nombreux serviteurs de votre communauté. J’admire votre élan missionnaire et votre ferveur dans la louange. « L’équipe-vision » de votre paroisse a raison d’affirmer : « Rien n’arrêtera jamais notre louange ! »

Notre espérance, c’est la certitude que rien ne s’arrête et que tout continue. Le P. David part et je demande au P. Patrick Rollin, vicaire général, de devenir administrateur de la paroisse jusqu’à la nomination d’un nouveau curé, en septembre. Aux côtés du P. Arnaud Alibert, que je remercie de sa disponibilité et de la grande attention qu’il a pour chacun de vous, je vous invite à prier intensément pour David qui reste notre frère, pour les prêtres qui demeurent parmi vous, et d’ores et déjà pour le curé qui vous sera envoyé à l’automne. Plus généralement, je vous propose de confier à la miséricorde du Père tous les prêtres, spécialement ceux de notre diocèse, afin que Dieu les garde fidèles à Son amour, fidèles à servir chaque jour leurs frères et sœurs en Son nom !

L’engagement au célibat, nous le vivons comme une disponibilité totale au Seigneur et à vous tous, qu’Il nous demande de servir au jour le jour. C’est un signe du Royaume de Dieu déjà présent depuis la venue du Messie. C’est aussi l’aventure de notre alliance, d’un amour inscrit dans notre chair et notre cœur, et nourri des rencontres et de la collaboration avec vous dans la mission de l’évangélisation. Nous le vivons dans la lumière de cette parole étonnante de Jésus, le soir du Jeudi saint : « Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis » (Jean 15, 15).

On appelle votre paroisse Sainte Blandine-Lyon Centre, et vous voulez que le Christ en soit toujours le centre. C’est l’occasion d’intensifier votre attachement au Seigneur et de vous enraciner plus profondément dans l’Église. Le P. Rollin et moi, nous sommes heureux de vous dire notre confiance. Nous voyons et savons que vous prenez et prendrez vos responsabilités. Le but est que chacun reçoive ce dont il a besoin pour grandir dans l’amour du Seigneur et pour trouver sa place de « disciple-missionnaire », comme dit le pape François. Nous voulons aussi vous dire que nous restons disponibles pour vous accompagner.

L’Évangile de ce premier dimanche du carême montre Jésus face à la tentation. Nous voyons que la Parole de Dieu est sa force et sa seule défense contre le diable. Qu’elle soit aussi votre rempart en ce temps d’épreuve. La lumière et la joie de Pâques, celles que recevront les catéchumènes au jour de leur renaissance et de leur illumination, ne nous feront jamais défaut !

Le 5 mars 2017, 1er dimanche de carême.

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