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La France bientôt parmi les “commandos” de l’OTAN ?

© SHAH MARAI / AFP

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Michel de Remoncourt - publié le 28/02/17
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Un état-major français va être examiné sur sa capacité à mener des opérations de projection lointaine. Les thèmes régaliens sont étrangement absents de la campagne électorale actuelle. Difficile de connaître l’ambition de nos candidats à la présidentielle pour nos forces armées, pourtant mises à rude épreuve ces dernières année. Difficile aussi de connaître leur opinion sur l’implication française au sein de l’organisation militaire transatlantique qui fut pourtant l’objet d’âpres négociations depuis le mandat… du général de Gaulle ! L’OTAN est une organisation qui n’est plus à présenter, même si les relations et la position de la France au sein de cette Alliance sont parfois un peu difficiles à cerner. Pourtant l’implication croissante de la France dans cette structure est une réalité : l’information est relativement discrète dans les médias, mais un état-major français s’apprête à être évalué sur sa capacité à mener des opérations de l’OTAN d’environ 60 000 hommes. Cet article est donc l’occasion de présenter la montée en puissance de cette unité française à vocation particulière.

La France et l’OTAN, une histoire complexe

Quoique membre fondateur de l’OTAN, la France n’hésite pas à prendre ses distances en 1966, lorsque le Général de Gaulle décide de se retirer du commandement militaire intégré de l’Alliance. En pratique ? Plus aucun soldat français (en écrasante majorité des officiers) ne sert dans les organes de militaires de l’OTAN. Dans sa lettre au président américain Lyndon Johnson en date du 7 mars 1966, le Général de Gaulle précise que « la France croit devoir, pour son compte, modifier la forme de notre alliance sans en altérer le fond. »

Malgré ces réserves, la France a tout de même été l’un des premiers contributeurs aux opérations de l’Alliance depuis sa création. C’est ainsi que l’annonce en 2008 du retour dans le commandement intégré, amorcé depuis 1995 aux plus hauts niveaux militaires, n’a pas été une surprise majeure. Actuellement la vision française de l’OTAN est contenue dans le rapport Védrine, remis le 14 novembre 2012 au Président : la France est un allié solidaire mais autonome.

Le Corps de Réaction Rapide France (CRR-FR), unité unique dans l’armée

Créé le 1er juillet 2005, le quartier général de cette unité est implanté à Lille, au sein de la prestigieuse citadelle Vauban. Ce QG a la capacité d’entrer en premier sur un théâtre d’opération et d’y effectuer un large éventail de missions dans un cadre français, multinational, UE ou OTAN. Certifié High Readiness Force (HRF) en 2007, il est en mesure de se déployer à 100 % en 30 jours, alors que les éléments de reconnaissance sont prêts à partir en 2 jours et qu’un PC allégé est opérationnel en à peine 15 jours. C’est dans ce cadre qu’il a pris l’alerte OTAN en 2008 et qu’il s’apprête à recommencer en 2017, avec de nouvelles capacités.

Une montée en puissance progressive

Jusque là, uniquement apte aux opérations terrestres, le Corps de Réaction Rapide se prépare à obtenir une certification Joint Task Force (JTF). En clair, il s’agit de commander une opération de plus de 60 000 hommes en incluant des composantes maritimes et aériennes. En mars 2017, ce sont plus d’un millier de militaires (dont 450 du CRR-FR) qui se rendront en Bulgarie pour être évalués à partir d’un scénario fictif de crise internationale : l’exercice est baptisé Trident Jaguar 2017.

Une fois la certification obtenue, le CRR-FR prendra, à l’été 2017, l’alerte OTAN et se tiendra prêt à intervenir n’importe où dans le monde en cas d’alerte. La Bulgarie est la dernière étape d’un long processus : « On est plutôt confiants, on est bien entraînés, et de toute façon le processus de certification a déjà commencé en Pologne fin novembre 2016 lors d’un précédent exercice, précise le commandant Virginie Meynard, officier de communication.

Cet exercice est loin d’être banal puisque c’est la première fois depuis le retour dans le commandement intégré de l’OTAN (décidé par le Président Nicolas Sarkozy) que la France prouvera la capacité de son armée à assurer des missions de commandement à cette échelle. Si le CRR-FR est une unité française et non une structure de l’OTAN, il n’en demeure pas moins que cette certification montre l’implication française dans l’Alliance et sa volonté d’y exercer une plus grande influence. Nul doute que l’excellente réputation opérationnelle des armées françaises parmi les nations alliées sera un atout précieux pour ce grand oral.

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