Un père et son fils ont été retrouvés morts mercredi matin dans le nord du Sinaï. Dimanche, une vidéo de l’État islamique avait appelé à de nouvelles attaques contre les chrétiens de la région.C’est une scène effroyable que les forces de sécurité égyptiennes ont découvert au matin du mercredi 22 février à El-Arich, dans le nord du Sinaï, en Égypte : les corps sans vie de deux hommes, à peine dissimulés derrière une école locale. D’après les premiers constats, il s’agirait de Saad Hana, un homme âgé de 65 ans et de son fils Medhat, 45 ans. Tous deux chrétiens, le premier a été criblé de balles, tandis que le second a été brûlé vif. Ces informations ont été divulguées sous couvert d’anonymat par un responsable local de l’enquête.
L’ombre de l’État islamique (EI) plane sur ces crimes. Lundi, dans une vidéo diffusée sur l’application sécurisée Telegram, l’organisation terroriste avait en effet appelé à redoubler les attaques contre les coptes, qualifiées de « proies favorites », en montrant notamment des images du kamikaze qui avait déclenché des explosifs dans l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul du Caire le 11 décembre, faisant 29 victimes. Toujours dans cette séquence, les chrétiens étaient désignés comme les « proies favorites » de l’EI. Cependant, les forces de sécurité sont toujours en attente d’une revendication officielle.
El-Arich, située dans une zone où l’EI bénéficie d’une solide implantation, a été récemment le théâtre d’attaques anti-chrétiennes. Le 12 février, un vétérinaire y avait été assassiné par des individus masqués alors qu’il était au volant de son véhicule. Fin janvier, c’est un fonctionnaire local qui avait été abattu par des hommes armés. En juillet 2016, un prêtre, le père Rafaël Moussa, avait également été tué par des militants de l’EI. Ces tragédies témoignent de la menace croissante pesant sur la communauté chrétienne d’Égypte, en particulier dans cette région rebaptisée « État islamique en Égypte » par l’organisation terroriste.
Églises incendiées, attentats, enlèvements… Les coptes, qui représentent 10% de la population égyptienne, subissent une forte persécution de la part des islamistes depuis longtemps. Une cinquantaine de lieux de culte a été incendiée durant les mois qui ont suivi le renversement de l’ancien président Mohamed Morsi, en 2013. En juin dernier, à Qarayat al Bayda, une zone très sensible au sud d’Alexandrie, plus d’un millier de musulmans en colère s’en sont même pris à un bâtiment en construction, appartenant à un chrétien Copte, Naim Aziz, croyant qu’il voulait construire une église. Tout le matériel de construction a été détruit et six chrétiens blessés.
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