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Présidentielle : Fillon contre-attaque, Macron plane, Le Pen sort du bois

© Citizenside-Guillaume Sevin-Citizenside / Tobias SCHWARZ / AFP / Eric FEFERBERG / AFP

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Philippe Oswald - publié le 10/02/17
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Les trois coureurs de tête ont occupé l’arène politique cette semaine. Qui de Fillon ou de Macron sera l’adversaire de Marine Le Pen au second tour ?Alors que l’érosion de François Fillon dans les sondages se poursuit, ses avocats contestent la compétence du parquet national financier, rapporte Le Figaro (6 février) : « (…) pour les avocats de la famille Fillon, la principale incrimination mise en avant par les magistrats est le “détournement de fonds publics”. “Or le délit de détournement de fonds publics ne peut pas être reproché à un parlementaire”, objecte Me Pierre Cornut-Gentille. Selon lui, “il ne l’a même jamais été”. Et pour cause : “Le délit de détournement de fonds publics concerne les agents publics en charge de missions de service public. Or les parlementaires n’ont pas de prérogatives de puissance publique, comme un maire par exemple”, assure ce ténor du barreau. »

Les dernières cartouches de Fillon ? 

« La défense tire ses dernières cartouches », estime Le Parisien. « Du gros calibre. Mais vise-t-elle juste ? “C’est une vraie question qui ne s’est encore jamais posée”, reconnaît Jean-Eric Callon, maître de conférences à l’université Paris-XI. Jamais un député n’a été condamné pour détournement de fonds publics au titre de son mandat. »

Et si, malgré tout, François Fillon était mis en examen ? Dans cette hypothèse, il avait affirmé avant le déclenchement de l’affaire, qu’il se retirerait de la course à l’élection présidentielle. Mais Maître Antonin Levy « ne peut pas croire » à la possibilité d’une mise en examen : « Pour lui, “face à une enquête qui pose autant de questions de droit, un juge qui prend un peu de recul et peut s’extraire de ce tumulte qui pollue le débat juridique, sera obligé de se poser ces questions de droits”», a-t-il assuré jeudi 9 février, lors d’une conférence de presse suivie par BFMTV.

En attendant, le martèlement fait son œuvre : « Sept Français sur dix et une majorité de sympathisants de droite pensent désormais que François Fillon (…) devrait renoncer à l’élection présidentielle, selon un sondage Odoxa publié vendredi [10 février] », pour Franceinfo. « Si François Fillon décidait finalement de renoncer, 50 % des personnes interrogées pensent qu’Alain Juppé, battu à la primaire de la droite, serait le meilleur candidat, loin devant François Baroin (15 %) et Xavier Bertrand (13 %) », souligne Le Point. Mais Alain Juppé a dit et redit qu’il n’entendait pas être un recours.

La vision de la famille est en cause

Que se passe-t-il dans la tête des Français ? La Vie analyse : « Les codes de la vie politique, auxquels se rattachent les petites habitudes ne relevant pas à proprement parler de la corruption, mais de l’exploitation tranquille des avantages inhérents à certaines positions ou mandats, étaient il y a encore quelques années sinon ignorés, du moins laissés dans l’ombre, avec une sorte d’acceptation fataliste, voire amusée. Cette époque est peut-être bien révolue. (…) Dans le maelström médiatique que nous venons de traverser, “la vision bourgeoise et traditionnelle de la famille des Fillon semble elle aussi visée”, juge ainsi l’historien Louis Manaranche. »

À propos de famille, relevons cette remarque de Nicolas Dupont-Aignan, député-maire de Yerres et candidat à l’élection présidentielle, qui, comme de nombreux parlementaires, a embauché sa femme, avocate, comme assistante : « Elle travaille avec moi. C’est-à-dire qu’elle est mon assistante depuis vingt ans », explique-t-il jeudi au journaliste-Youtubeur Alex Darmon. Faut-il faire une loi pour interdire aux parlementaires d’embaucher les membres de leur famille ? « Je suis partagé », répond Dupont-Aignan : « Si elle ne travaillait pas avec moi je pense qu’on aurait divorcé. Parce que c’est un métier de fou, qu’elle travaille comme une folle avec moi et qu’au moins, on se voit. »

François Fillon fait front. Il a fait salle comble, jeudi 9 février, au Futuroscope de Poitiers où il était l’hôte de Jean-Pierre Raffarin. « Le candidat du parti Les Républicains s’est présenté, jeudi à Poitiers, comme un rempart face à Marine Le Pen ou Emmanuel Macron », résume Le Monde. « Alors que les sondages le donnent désormais éliminé dès le premier tour, en pronostiquant une finale Macron-Le Pen, M. Fillon s’en est pris à la présidente du FN, présentée comme la “jumelle” de Jean-Luc Mélenchon avec “son programme économique de faillite”. Mais il a réservé ses flèches les plus acérées à l’ex-ministre de l’économie, l’accusant d’incarner une “nouvelle forme de populisme mondain, qui a inventé la campagne présidentielle sans programme”. Son offensive anti-Macron s’est déclinée sur deux terrains principaux : le régalien et l’international, des domaines où l’ex-premier ministre pense avoir l’avantage. »

Macron ne gagne pas à préciser son programme

Pendant ce temps, “le système Macron est en marche” relève l’avocat Régis de Castelnau dans Causeur. « Inutile de revenir en détail sur la propagande furieuse dont il a bénéficié dans tous les médias nationaux, cela relève plus que de l’évidence. (…) La presse nationale, qui tire à l’arme lourde sur François Fillon, a des pudeurs de violette dès qu’il s’agit d’aborder la question du financement de la campagne électorale de la starlette. Celui-ci dispose manifestement de moyens considérables. Une campagne de cette envergure coûte très cher. D’où vient l’argent ? Qui finance tout cela et à quelles hauteurs ? Il y a pourtant des règles très strictes non seulement sur les plafonds que l’on ne peut pas dépasser, mais également l’origine des fonds. Tout le monde se pose la question mais personne ne la pose. (…) Le lynchage médiatico-judiciaire de François Fillon, aussi justifiés soient les reproches qui lui sont faits, n’est pas séparable de l’autre face de la pièce, la promotion fébrile du candidat de l’immobilisme. »

En dire le moins possible sur son programme n’est pas tenable très longtemps. Mais en abordant l’affaire de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, Emmanuel Macron a pu vérifier qu’on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. Ainsi, note le Huffington Post, « Il y a six jours, le candidat à l’élection présidentielle se prononçait pour le maintien du projet. “Le peuple s’est exprimé, je suis pour respecter cette décision”, expliquait-il le 3 février sur les ondes de France Inter. » Mais le 8 février, face à l’ONG environnementale WWF, « Emmanuel Macron affiche une position moins clivante, promettant de jouer la montre et d’étudier “une dernière fois” la possibilité d’une autre solution. S’il est élu, il nommera un “médiateur indépendant” qui aura “six mois” pour étudier une alternative, dont le réaménagement “de l’aéroport Loire-Atlantique”. “Il y a une consultation référendaire, je ne la déchirerai pas”, a-t-il rappelé, tout en expliquant: “je ne veux pas d’évacuation et de brutalité”. Une façon de s’inscrire dans l’héritage de la synthèse hollandaise, que l’on retrouve également dans d’autres propositions » avec « cette volonté de froisser le moins de monde possible. »

Alors que Benoît Hamon, le candidat investi par la primaire de la gauche, est crédité de 15% des intentions de vote, ce qui le mettrait en 4e position du premier tour de la présidentielle, « François Hollande est sorti de sa réserve jeudi en appelant la gauche à se rassembler en vue de l’élection présidentielle, dans “l’intérêt national” » rapporte Europe 1. Mais le président de la République s’est gardé de préciser autour de quel candidat de gauche ce rassemblement devait s’effectuer…

Marine Le Pen réussit son entrée en scène

Marine Le Pen a fait une entrée remarquée dans la campagne en participant à « L’Émission politique » de France 2 le 9 février. Avec une audience « record » relevée par Les Inrocks : « Marine Le Pen a attiré 3,5 millions de téléspectateurs sur France 2 hier soir (…) Un record d’audience, avec 16,7% de part d’audience selon Médiamétrie. (…) elle aurait ainsi convaincu 40% des “Français” (en réalité 1144 personnes interrogées, ça mérite d’être précisé), ce qui la hisse à la deuxième position depuis le début de L’Émission politique, derrière… Alain Juppé. » Au menu, un face à face avec Najat Vallaud-Belkacem : « La ministre a accusé Marine Le Pen de vouloir organiser “un tri sélectif des élèves”. Celle-ci a maintenu sa proposition de consacrer “50 % du temps d’enseignement à l’école primaire à l’apprentissage du français” » et a attaqué son action au ministère de l’Éducation nationale : « “Vous avez tellement peu d’autorité que l’école islamiste que vous vouliez fermer est toujours ouverte !”. »

« …la candidate du FN a été confrontée, durant deux heures, à plusieurs aspects de son programme, de l’économie, où elle a fait preuve d’une certaine maîtrise de ses sujets, à l’immigration où elle a repris les fondamentaux du FN » analyse Le Figaro. « Le clou du spectacle fut l’irruption inattendue de Patrick Buisson, historien sulfureux et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, venu la questionner sur l’immigration et la laïcité. Ce fut l’occasion pour elle de réaffirmer sa conception de la fin des clivages gauche-droite et de l’émergence de l’affrontement idéologique qu’elle imagine entre les “mondialistes” et “les patriotes”. » À ce propos, “elle confie sa préférence pour un affrontement de second tour face à Macron. (…) Pour autant, elle n’écarte pas totalement l’hypothèse Fillon. « Cela pourrait provoquer de très beaux débats, et pas seulement sur l’affaire Penelope” juge son bras droit, Florian Philippot. De la Sécurité sociale à Schengen, le vice-président du FN estime que les sujets d’affrontement et de clarification ne manquent pas.  »

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