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Le mot de la semaine : “violence policière”

© Arnaud Journois / LE PARISIEN / AFP

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Alexis Bétemps - publié le 10/02/17
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Depuis le jeudi 2 février, l’affaire Théo agite les médias et la classe politique. Victime présumée d’une arrestation brutale par des policiers à Aulnay-sous-Bois, le jeune homme de 22 ans est érigé en figure martyre des violences policières. Dans un débat où les passions s’agitent, il est difficile de faire la part des choses et d’y voir clair.

L’idée même de “violence policière” pose un problème qu’il faut d’emblée prendre en compte. La police, par définition, est autorisée à user de la force là où, dans une situation similaire, un citoyen normal n’en a pas le droit. La violence, bien évidemment, s’entend dans une acception plus précise, lorsque la force s’exerce de manière disproportionnée, sans nécessité ou sans justification. Mais peut-on pour autant tout comparer ? Dans certains contextes particulièrement difficiles ou tendus, un geste policier qui serait inacceptable en d’autres circonstances peut devenir acceptable : au cours d’un brusque mouvement de foule, un violent coup de coude n’a pas le même sens que dans une file d’attente paisible. Quant aux insultes, il n’y a que ceux qui n’ont jamais connu la rue et sa réalité qui peuvent feindre de s’en émouvoir.

Tout le problème vient précisément de cette émotion feinte de la part de ceux qui voudraient, qu’en tout acte et en toute parole, les forces de l’ordre soient irréprochables, courtoises, civilisées, mesurées et élégantes. Non : le contact du terrain use les nerfs, a fortiori dans des quartiers qualifiés par euphémisme de “sensibles”, où la violence est une norme. Loin d’autoriser la police à faire usage de la violence, ce constat doit néanmoins nous mettre la puce à l’oreille. L’indignation face aux propos injurieux et aux coups est-elle réellement systématique ? Les policiers endurant quotidiennement les brimades, les menaces et les coups ont-ils droit à la même compassion médiatique ? Ne réservons pas notre bonne conscience avide d’exemplarité aux seules victimes de dérapages policiers ?

Pour autant, il est bien triste qu’un tel discours doive nécessairement s’accompagner de la mise en garde suivante (preuve que l’agitation perpétuelle du débat par des polémiques stériles le prive de toute sérénité propice au bon sens) : rien ne justifie qu’un policier agresse un jeune homme, coupable ou innocent, agressif ou non. Ce qui peut sembler être une évidence tend, peu à peu, à être oublié car dans le manichéisme ambiant, il semble que beaucoup réduisent la question à un simple choix entre la justification absolue de la délinquance et le soutien borné à la police et ses exactions.

Dire que les cités sont parfois des zones de non-droit n’autorise pas les forces de l’ordre à s’y comporter de manière raciste ou violente. Dire que les dérapages de policiers à bout de nerfs doivent être contextualisés n’autorise pas ces derniers à jouer les sheriffs. Compatir à la souffrance d’une victime n’implique pas que l’on accuse les policiers qui n’ont pas encore été jugés. Refuser de s’offusquer du comportement brutal qu’exigent parfois les circonstances des policiers dans ces zones dangereuses ne signifie pas que l’on se réjouisse des blessures du jeune Théo.

La nuance et le réalisme, sitôt qu’ils remplacent la fausse indignation se font bien meilleurs conseillers qu’elle. Quant à savoir si le chef de l’État, dans l’attribution de ses fonctions, n’aurait pas mieux fait de prendre ses distances, quitte à ne pas commenter une affaire qui, jusqu’à tout jugement pénal, relève du fait-divers… c’est une autre affaire.

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