Les groupes ethniques et le gouvernement s’affrontent depuis de nombreuses années.En Birmanie actuellement, une guerre civile est en train de ravager le Nord de l’état Shan. Près de Lashio, les ethnies ont repris les armes et se coordonnent pour attaquer l’armé du gouvernement. Les affrontements autrefois se cantonnaient à la jungle, ils ont désormais gagné les villes. Voici ce qu’un responsable de programme écrivait à une journaliste de Panorama que nous avions envoyé dans la région : « C’est un tournant de l’histoire du pays qui s’écrit en ce moment. Les combats continuent au moment où je vous écris (…). Notre maison diocésaine est trop petite pour accueillir l’ensemble des réfugiés qui arrivent. Nous allons construire des abris pour eux. C’est l’hiver. Ils ne peuvent pas passer la nuit dehors. »
Ces mots m’attristent et m’interpellent.
La méconnaissance de la situation
Ils m’attristent car les liens qu’Enfants du Mékong et le parrainage ont tissés avec ces habitants du Nord de la Birmanie nous engagent. Ils sont nos frères et nous les aimons. Lequel d’entre-nous ne serait pas touché par le malheur et la détresse de son frère ?
Mais je suis aussi interpellé par le silence coupable de nos médias qui n’informent jamais assez sur ce qu’il se passe aujourd’hui sur le terrain. L’indifférence est un mal qui ronge nos organes d’information. La semaine dernière, un journaliste pourtant bien placé me disait encore avec un sourire : « Vous avez de la chance, l’Asie du Sud-Est est une zone tranquille et stable ! »
La méconnaissance du terrain et le manque d’informations sont les deux premiers obstacles à la compréhension des enjeux et à l’identification des leviers d’action pour l’entraide.
L’éducation avant tout
Pourtant, il faut peu pour agir. Seule l’éducation peut endiguer la violence et permettre à la Birmanie de sortir de ses clivages. Seule l’éducation redonne foi en la vie et donne la mesure de la dignité humaine. « Chaque famille d’origine Shan doit donner un enfant à l’armée rebelle. Pendant cinq ans, j’ai rampé, couru, porté une arme, visé et tiré. Au début, j’aimais ça, puis c’est devenu très dur. J’ai demandé la permission de reprendre mes études tout en promettant que je reviendrai après avoir étudié. Je ne suis pas revenue, c’est donc mon plus jeune frère qui a dû se sacrifier. » Aujourd’hui Naw Cing a fuit la guerre grâce à Enfants du Mékong et un parrain. Qui viendra au secours de son frère ?