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Nicodème ou le “prototype du chrétien”

Nicodème, détail de la Mise au tombeau, groupe sculpté dit "Le Petit Sépulcre" réalisé dans la 1ère moitié du 16e s., égl. de la Nativité, Talant (21), Bourgogne, France.

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Bernard Plessy - publié le 29/01/17
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Avec “Renaître à la vie spirituelle”, Benoît Lobet signe une sorte de manuel de direction spirituelle, adapté à notre époque. Depuis les Écrits apocryphes, la tradition n’a jamais cessé d’ouvrages répondant à la question : que sont-ils devenus ? Ils, ce sont les personnages que l’on croise dans les Évangiles, les plus connus, des rois mages à Pilate, les simples rencontres. Qu’est devenu Zachée, descendu de son sycomore ? On n’en sait rien, on voudrait le savoir. C’est le signe que quatre mots, et homo factus est, les 33 années de Jésus sur cette terre, l’Incarnation obsèdent tout esprit, même à son insu, depuis 2 000 ans. Et si conteurs et romanciers écrivent dans les marges, c’est par naïve et émouvante tentative de se glisser dans le texte. Que sont-ils devenus ? Un jour, il faudra faire ce recensement, bel essai à longue portée.

L’abbé Benoît Lobet choisit Nicodème. Après l’entrevue secrète avec Jésus, de nuit, après sa tentative pour calmer la haine du Sanhédrin, après la descente de croix et la mise au tombeau, qu’est-il devenu ? Entendons-nous : nulle fiction, mais une figure. La prodigieuse rencontre du pharisien et de Jésus racontée par Jean (3, 1-21) permet à l’auteur, qui est théologien, d’imaginer – oui, le mot est bien dans le texte, p. 120 – Nicodème comme « le prototype du chrétien », le disciple qui s’efforce d’accomplir la seconde naissance, de l’eau et de l’Esprit, celle qui donne la Vie.

En le suivant dans cet “exercice” (je pense au titre de saint Ignace, présent en ces pages), Benoît Lobet éclaire, et de quelle lumière, toutes les étapes et les symboles majeurs (la nuit, le silence, le désert) de la conversion à une vie pleinement chrétienne. Il s’agit d’une sorte de manuel de direction spirituelle. Je pense à la Vie dévote de saint François de Sales, présent lui aussi, mais adapté à nos jours. Sans concession, de pleine exigence, clair, paisible, s’appuyant sur de hauts exemples, au-delà de Nicodème, certes Thérèse d’Avila et Jean de la Croix, mais plus proches de nous Mauriac, Bernanos, et surtout Marie Noël, chère à l’auteur qui a écrit un beau livre sur elle, la paroissienne d’Auxerre dont le seul vrai voyage de toute une vie fut la descente aux profondeurs d’elle-même dont elle revint « chargée de destinée humaine » (Notes intimes).

Je tiens encore à rassurer : ce traité de vie spirituelle reste très abordable, 17 brefs chapitres qui peuvent faire la méditation d’un jour, pétris d’échos bibliques et des Pères, souvent très concrets et même pratiques (comment faire oraison ?) et de très belle langue. Cet ouvrage date de 2009, chez Bayard, sous le titre Un homme, la nuit. Oublié ? Je ne sais. Je prends cette réédition, pourvue d’une belle préface du cardinal Jozef De Kesel, comme une grâce.

9782706714733

© Salvator

Renaître à la vie spirituelle, de Benoît Lobet. Éditions Salvator, 144 pages, 14,50 euros.

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