“Nous prions et, en même temps, nous savons que la construction du mur se poursuit.”Alors que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, poursuit sa politique d’installation de civils israéliens dans les territoires palestiniens, aggravant le climat de tension entre Israéliens et Palestiniens, il y ceux qui ont choisi de réagir en brandissant l’arme de la prière. C’est le cas de sœur Donatella Lessio, italienne, protagoniste d’une courageuse histoire de protestation pacifique qui se répète tous les vendredis à Bethléem, depuis 2004.
200 personnes autour d’elle
Sœur Donatella est une religieuse de la Congrégation des religieuses Franciscaines élisabéthaines (Suore elisabettine). Elle a 54 ans et s’occupe de la formation du personnel du Caritas Baby hospital de Bethléem, la seule structure de Cisjordanie à prendre en charge des enfants.
Mais surtout, tous les vendredis, à 17h30 (18h00 en été) elle s’en va réciter le chapelet le long du mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie. “Nous le faisons depuis 2004, et avons désormais appris à marcher en rythmant nos pas en fonctions des dizaines”. La religieuse est souvent accompagnée de consoeurs, de frères des Écoles chrétiennes et d’une palestinienne qui habite tout près du mur. D’autres palestiniens voudraient s’unir au groupe de prière mais craignent des représailles. Sans compter les groupes de pèlerins dont le nombre peu arriver jusqu’à 200 personnes, rapporte sœur Lessio (Famiglia Cristiana, 25 janvier).
Entre postes de contrôle et monastères
La procession part du poste de contrôle, où ont lieu les discussions pour permettre le passage du cortège, et gagne ensuite le monastère salésien de Bethléem, avant de remonter jusqu’à l’icône murale de la Vierge, réalisée par l’artiste anglais Ian Knowles. “Là – raconte sœur Donatella – nous chantons le Salve Regina. À Bethléem, la chaleur est sans pitié, monter et descendre les côtes est une autre façon de dire : nous nous engageons, nous nous donnons du mal pour la paix”.
Pourquoi un chapelet ?
“L’idée d’organiser un chapelet, explique la religieuse, est née après que de petits enfants, qui devaient subir une intervention délicate, ont été arrêtés au poste de contrôle et n’ont pu arriver à temps à l’hôpital de Jérusalem. On s’est demandé ce que nous pouvions faire : nous sommes des religieuses et n’avons donc aucun pouvoir politique, mais demander le don de la paix est notre responsabilité, surtout dans les lieux où règne la division”, confie-t-elle.
“Ce mur doit être abattu”
“La prière que nous renouvelons chaque vendredi est un message fraternel, poursuit la religieuse, nous demandons à Dieu qu’il n’y ait plus de murs dans le cœur de ceux qui ont la faculté de décider pour la paix en Terre Sainte. Nous prions et, en même temps, nous savons que la construction du mur se poursuit. Alors qu’il devrait être abattu, pour qu’Israéliens et Palestiniens puissent se connaître et s’accepter”.
Les rencontres impossibles
À Bethléem, le mur mesure plus de huit mètres de haut et il est surmonté d’un fil barbelé. Recouvert de graffitis qui demandent la paix. “Pour moi, ce mur est une insulte à la paix”, a déclaré Donatella en faisant écho à ce que pense le Patriarcat latin. Et c’est aussi un échec pour l’homme. L’homme est fait pour avoir des relations. Chaque mur, en béton armé ou de fil barbelé, ou construit dans nos cœurs, rend impossible toute rencontre, efface la très belle affirmation du livre de la Genèse : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul », le mot « seul » utilisé certainement pour dire peuple, nation, et non l’homme en tant qu’individu”.
Article traduit de l’italien par Isabelle Cousturié