Au moyen d’un concile, Monseigneur Sako propose que les chrétiens d’Orient se réunissent. L’Irak, terre au milieu des deux fleuves (Mésopotamie, du grec meso « entre, au milieu de » et potamós « fleuves », littéralement le pays « entre les fleuves ») souhaite accueillir un nouveau concile à la demande du patriarche, Mgr Sako. Ceux qui s’intéressent aux nouvelles d’Irak connaissent Mgr Louis Raphaël Sako, infatigable artisan de la pérennité de la présence chrétienne dans son pays. Le Patriarche de l’Église catholique chaldéenne propose que les chrétiens unissent leurs forces, au moyen d’un concile exécutif et général, qui concernerait toutes les Églises d’Irak : catholiques, assyriennes, orthodoxes et évangéliques.
Promouvoir l’unité des Églises
Selon le communiqué publié sur le site de la Patriarchie, le concile permettrait de coordonner les activités éducatives et sociales des Églises. Le projet contient l’organisation de réunions de prières, mais prévoit aussi d’unifier les positions et prises de parole des Églises au sujet des questions nationales, telles que la justice, l’égalité et les droits des chrétiens. La proposition du Patriarche attend d’être validée par les autres Églises, avant d’être ratifiée. Dans un deuxième temps, elle sera soumise à l’approbation des gouvernements d’Irak et du Kurdistan irakien ainsi que des Églises internationales.
Pour que les chrétiens pèsent dans la reconstruction
L’initiative de Mgr Sako permettrait que les chrétiens parlent d’une voix unie, notamment lorsqu’ils s’adressent aux gouvernements d’Irak et du Kurdistan irakien. Ce concile part sur les bases d’un constat optimiste, il suppose que l’État islamique étant désormais sur la défensive, le temps est venu de songer à la reconstruction de l’Irak.
Dans le cadre de cette reconstruction, pour que les chrétiens soient entendus, il faudrait qu’ils pèsent politiquement en commençant par unir leurs voix.
Daesh perd du terrain
La libération de la ville de Qaraqosh, ville à majorité chrétienne dans la banlieue Est de Mossoul, a redonné un élan d’optimisme aux chrétiens. Ils scrutent à présent les avancées difficiles des forces irakiennes loyalistes dans la grande ville de Mossoul. Le mardi 17 janvier, la majeure partie de la ville, à l’Est du Tigre, était reconquise avec une poche de djihadistes acculée, dos au fleuve. En Syrie, malgré les revers connus à Palmyre et Deir Ezzor, les ennemis de Daesh mènent l’offensive sur la capitale syrienne de l’État islamique, Raqqa, dont ils ne sont plus séparés que par 25 km.
Malgré ces informations encourageantes, une grande partie des chrétiens qui a connu l’exode de 2014 désespère de pouvoir se réinstaller, devant l’ampleur des destructions, et craint que les terroristes n’aient marqué l’esprit des musulmans. Les clergés des diverses Églises chrétiennes, de leur côté, font leur possible pour que les chrétiens d’Irak demeurent dans leur pays. Le diocèse a ainsi mis des maisons à disposition des étudiants à Kirkouk dès le mois d’octobre 2014, pour qu’ils puissent reprendre leurs études. Cette initiative a failli tourner au drame, lorsque des combattants de Daesh sont revenus dans la ville. En fin de compte, aucun blessé n’est à déplorer, et depuis, tous les étudiants de la ville sont de retour et reprennent leurs cursus. Animé par la volonté farouche de voir les chrétiens rester dans leur pays, Mgr Sako veut leur assurer qu’ils parleront d’une voix unie et que leurs paroles seront entendues par les gouvernements en exercice.