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Le pape François réagit à l’investiture de Donald Trump : “Pas de jugement hâtif !”

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 23/01/17
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Le Saint-Père envoie un message cordial au nouveau président américain mais s’inquiète également de la montée du populisme et des “antisystèmes” dans les moments de crise.“On va voir ce qui se passera (…) Attendons de voir ce qu’il fait et nous jugerons”, déclare le pape François dans un entretien exclusif au journal espagnol El País, publié ce dimanche 22 janvier. Interrogé sur Donald Trump, nouveau président des États-Unis, installé le 20 janvier dernier, le Saint-Père se refuse “d’avoir peur ou de se réjouir  de ce qui pourrait arriver”, confie-t-il dans cet entretien, se refuse de jouer “les prophètes de malheur ou de bien-être”.

À peine installé, Donald Trump a reçu un message du pape François de “vœux cordiaux”, l’assurant de ses prières afin que “le Dieu Tout-Puissant”  lui accorde “force et sagesse” dans l’exercice de sa haute fonction.

Message de vœu

À une époque “où notre famille humaine est assaillie par de graves crises humanitaires exigeant des réponses politiques ambitieuses et unies”, souligne-il dans son message au nouveau président américain, ” je prie le Seigneur que les riches valeurs spirituelles et éthiques qui ont façonné l’histoire du peuple américain guident vos décisions”. Parmi ces valeurs, “le respect de la dignité humaine et la liberté dans le monde” qui ont fait “la grandeur de l’Amérique”. Grandeur qui, aujourd’hui, “sous votre direction”, souligne-t-il, se mesurera “au souci que la nation montrera à l’égard des pauvres, des exclus et des nécessiteux, qui comme Lazare, se tiennent devant notre porte ».

“Trump ? Je ne juge pas. Je me soucie seulement qu’il ne fasse pas souffrir les pauvres”, avait répondu le Pape dans un entretien à la presse italienne, la veille de l’élection américaine. Tenant à préciser qu’il “ne porte pas de jugement sur les personnes et sur les hommes politiques”, mais veut “seulement comprendre si leurs manières de faire font souffrir les pauvres et les exclus”.

Pas de jugement hâtif

Six mois plus tôt, la phrase du Saint-Père “une personne qui se revendique chrétien mais ne pense qu’à faire des murs et non des ponts, n’est pas en accord avec sa foi”  en réponse à la promesse de Donald Trump, s’il était élu, de construire 2 500 km de mur le long de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, et de déporter 11 millions d’immigrés illégaux, avait provoqué la colère du candidat, et fait le tour des réseaux sociaux. Dans ce nouvel entretien accordé en exclusivité à El País, le Pape réaffirme sa position, invitant à “la prudence” avant d’émettre un jugement hâtif : “Nous verrons ce qu’il fera et nous évaluerons ! Je n’aime pas anticiper les faits, ni juger les personnes trop tôt (…) Le christianisme c’est du concret ou alors ce n’est pas du christianisme ! “.

Interrogé sur la question des frontières, le Pape a réaffirmé au quotidien espagnol : “Oui, tout pays a le droit de contrôler ses frontières, qui entre et qui sort, et les pays qui sont en danger – du fait du terrorisme ou des choses de ce style – ont plus de droit à les contrôler davantage, mais aucun pays n’a le droit de d’empêcher ses citoyens de dialoguer avec ses voisins”.

Le spectre d’Hitler

Néanmoins, face à un Donald Trump dont l’élection, à un moment de forte crise, selon divers observateurs, pourrait favoriser la montée du populisme et des “antisystèmes” dans les démocraties, le Saint-Père ne cache pas son inquiétude, rappelant les effets dévastateurs du “cas le plus typique des populismes au sens européen du terme” : celui de l’Allemagne, anéantie par la crise de 1929, qui, dans la tentative de se relever, s’est mise à “chercher son identité, à chercher un leader, quelqu’un qui lui rende son identité”. Un homme est arrivé, Adolf Hitler, qui a dit : “Moi, je peux, moi, je peux”. Et toute l’Allemagne a voté pour Hitler. Hitler, rappelle le Pape, “n’a pas volé le pouvoir, il a été élu par son peuple, et ensuite, il a détruit son peuple”. Le grand danger est là : “Dans les moments de crise, le discernement ne fonctionne pas”, estime le Pape, et pour lui, “c’est une référence importante” qu’on ne saurait oublier et qu’il résume ainsi : “Nous cherchons un sauveur qui nous rende une identité et nous nous protégeons des autres peuples, au risque qu’ils ne nous en privent, dressant des murs, tendant des fils barbelés, avec n’importe quoi. C’est très grave ! Je le dis toujours : dialoguez entre vous”, conclut-il dans une nouvelle mise en garde.

Les autres thèmes

Parmi les autres thèmes évoqués par le Pape au cours de cet entretien avec El País, rapporte Radio Vatican :

La question des migrants et la gestion de la crise par les divers gouvernements : « Chacun fait ce qu’il peut et ce qu’il veut. C’est très difficile de juger. Mais il est certain que la Méditerranée est devenue aujourd’hui un grand cimetière qui doit nous faire réfléchir », a répondu le souverain pontife.

Les inégalités économiques – un petit groupe de l’humanité détient 80% des richesses fruits d’une « économie qui tue » et engendre « une culture du déchet ».

Les réactions de courants “plus traditionnels” à ses réformes : À ceux qui interprètent tout changement dans l’Église comme une trahison de la doctrine, il répond : « Je ne fais aucune révolution, j’essaie seulement de faire avancer l’Évangile (…) Si quelqu’un n’est pas d’accord, qu’il soit toujours prêt à dialoguer. Qu’il ne lance pas la pierre en cachant la main ». Agir ainsi c’est criminel. Tout le monde a le droit de discuter. La discussion rapproche, pas la calomnie.

La place des femmes dans l’Église : “L’Église, rappelle-t-il, est un mot féminin” : il ne s’agit pas d’une « revendication fonctionnelle » parce que l’on risquerait de créer un « machisme en jupon ». Il s’agit en réalité de faire beaucoup plus afin que la femme « puisse offrir à l’Église l’originalité de son être et de sa pensée ».

Benoît XVI : des problèmes aux jambes qui l’obligent à marcher avec une canne. En revanche une mémoire d’éléphant jusque dans les moindres détails.

Une bonne humeur qui dure toujours : le journaliste d’El País affirme dans sa conclusion avoir rencontré un homme heureux d’être Pape. François lui répond : « Le Seigneur est bon et ne m’a pas ôté ma bonne humeur ».

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