Pour empêcher les trop nombreux mariages sacramentaux “nuls” ou “inconsistants”…Face à la “culture dominante de l’éphémère et du provisoire” qui pèse sur le mariage catholique, le pape François propose pour les jeunes couples un catéchuménat “le plus efficace possible” avant et après la célébration : le premier pour les préparer au sacrement, le deuxième pour les accompagner et les soutenir “spirituellement” dans leur marche commune, en vue notamment de l’éducation chrétienne qu’ils devront dispenser à leurs enfants. “Trop de mariages sacramentaux sont nuls et inconsistants, il faut remédier à cela”, a souligné le pape François en recevant le 21 janvier, les juges et avocats du Tribunal de la Rote Romaine, à l’occasion de leur nouvelle année judiciaire, “les jeunes époux doivent sentir que l’Église les aime et qu’elle est proche d’eux !”.
Une grande occasion d’évangélisation
“Certains participent activement à la vie paroissiale ; d’autres viennent pour la première fois, certains ont une vie de prière intense alors que d’autres sont animés d’un sentiment religieux plus général, imprécis”, a relevé le Pape dans son discours. Bien préparer tous ces couples constitue “une véritable occasion d’évangélisation”, qui permet à des jeunes adultes de “renouer avec leur foi”, à tous de “redécouvrir le mariage et la famille, selon les plans de Dieu “.
En juin 2016, le souverain pontife avait posé un diagnostic sévère sur les unions célébrées par l’Église catholique, déplorant “l’invalidité” ou “l’inconsistance” d’une grande majorité d’entre elles. “Nulles parce que les époux se disent oui pour toute la vie, sans savoir ce qu’ils disent, parce qu’ils ont une autre culture” – avait-il expliqué alors, à des milliers de congressistes diocésains, en la basilique Saint-Jean-de-Latran – inconsistantes parce qu’ils ont “de la bonne volonté mais n’ont pas conscience du sacrement”. Un franc constat – inédit – sur l’état d’immaturité affective, psychologique et spirituelle de nombreux catholiques, qui avait suscité beaucoup de réactions.
Un fil continu avant et après
Une préparation au sacrement du mariage demande du temps, ne cesse de rappeler le Pape. Comme pour les vocations sacerdotales ou religieuses. Elle demande “une insertion progressive dans l’Église et avec l’Église”, a-t-il réaffirmé devant les juges et avocats de la Rote romaine. Dans un monde dominé par la culture du provisoire et de l’éphémère, le Saint-Père reconnaît qu’il faut “beaucoup de courage” aujourd’hui aux jeunes pour se lancer dans le mariage. Et c’est pourquoi il propose ces deux remèdes : mettre en place une préparation efficace, “pas seulement pour le développement humain, mais pour faire grandir la foi des fiancés” ; et mette en place un “nouveau catéchuménat” permettant d’entretenir des relations constantes avec les couples après leur mariage.
Le Pape regrette à ce propos de voir des jeunes “livrés à eux-mêmes” après leur mariage, de voir que souvent, “ils ne se présentent plus à la paroisse”, surtout “après la naissance des enfants “, alors que c’est précisément le moment où ils auraient besoin d’un “soutien spirituel”. Suggérant alors aux paroisses la mise en place de “groupes de référence”, pour assurer un suivi auprès des jeunes couples.
Pour que l’amour dure
Apprendre aux jeunes couples à “dépasser l’instant éphémère”, à “rester solidement accrochés à un cheminement commun” sont les deux enseignements fondamentaux qui peuvent empêcher “la prolifération des célébrations matrimoniales non-valides ou incohérentes”, espère le Pape. Et de recommander : l’amour, pour durer, doit se fonder sur la vérité, il est donc capital que cette relation entre “amour et vérité” soit largement expliquée et développée avec les fiancés avant leur mariage.
Le 14 février 2014, à l’occasion de la Saint Valentin, patron des amoureux, le Pape avait raconté “La joie du oui pour toujours “ devant plus de 25 000 fiancés, sur la place Saint-Pierre. “Il ne suffit pas qu’un mariage dure pour dire qu’il est réussi. Ce qui est important, c’est sa qualité : être ensemble et savoir s’aimer pour toujours représente le défi des époux chrétiens”, avait-il déclaré, expliquant aux jeunes couples, que “l’amour est une relation, une réalité qui grandit … comme la construction d’une maison”.
Toutes ces questions sont développées dans Amoris laetitia, l’exhortation apostolique sur l’amour de la famille qui balaye les conceptions purement sociales, symboliques ou rituelles du sacrement de mariage, et reprécise ce qu’il est vraiment, selon Alex et Maud Lauriot Prévost qui n’hésitaient pas à parler, lors de sa sortie, d’une “nouvelle évangélisation du mariage”.