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Daesh : “Si tu ne te convertis pas à l’islam, nous t’abattrons”

© AED/ Jaco Klamer

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AED - publié le 16/01/17
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Capturés par Daesh, deux chrétiens témoignent de l’horreur vécue durant deux ans.

Il y a deux mois, Ismail (15 ans) et sa mère Jandark Behnam Mansour Nassi (55 ans) se sont enfuis de la ville irakienne de Mossoul après avoir survécu pendant plus de deux ans à la terreur de Daesh. Ils vivent maintenant à Erbil, dans la région autonome du Kurdistan irakien.

« Ma mère et moi vivions à Bartella, l’un des villages chrétiens de la plaine de Ninive », raconte Ismail à l’AED. « Un matin, en août, lorsque nous nous sommes réveillés, la ville avait été prise par l’État islamique. Nous avons tenté de nous enfuir, mais nous avons été pillés par les djihadistes, capturés et emmenés à Mossoul. »

Capturés par l’État islamiste

« J’avais très peur », dit sa mère Jandark, veuve. « Nos noms ont été enregistrés, et nous n’avions aucune idée de l’endroit où nous étions et de ce qui nous arriverait. Nous étions complètement coupés du monde extérieur. Peu de temps après, nous avons reçu l’autorisation de retourner à Bartella, mais à un poste de contrôle, on a exigé que nous nous convertissions à l’islam et quand nous avons refusé, nous avons été battus. Mon fils a été jeté en prison. Il n’avait que quatorze ans. »

« J’ai été emmené dans la prison de Bartella », confirme Ismail. « Un jour, un chiite a été abattu sous mes yeux. Les terroristes m’ont dit : “Si tu ne te convertis pas à l’islam, nous t’abattrons aussi”. C’est alors que je me suis converti à l’islam. Dès lors, nous avons caché que nous étions chrétiens. »

La terrible vie « libre » à Mossoul

Ismail a été libéré et sa mère et lui ont alors vécu une véritable odyssée : ils ont dû quitter Bartella, pour vivre dans plusieurs quartiers de Mossoul, et enfin dans le petit village de Bazwaya, non loin de Mossoul. « Nous avons reçu un document de Daesh indiquant que nous étions musulmans », poursuit Ismail. « De cette façon, je pouvais sortir et me déplacer dans la rue à Mossoul, mais là, vous ne pouviez pas être sûr de votre vie. Une fois, j’ai été frappé parce que mon pantalon était trop long. »

« Une autre fois, tôt le matin, alors que je me rendais à la mosquée avec les djihadistes, notre route a été bloquée. Soudain, nous avons été dépassés par des hommes en combinaison orange, tenus en joue par un groupe d’enfants de l’État islamique équipés d’armes à feu. Les enfants ont pris plaisir à les abattre. Une autre fois, je me suis retrouvé dans une grande foule dans la rue. Il y avait une femme ; ses mains et ses pieds étaient attachés. Les terroristes de Daesh ont formé un cercle autour d’elle. À condition de sortir du cercle, elle aurait la vie sauve, mais c’était impossible puisqu’elle était attachée. Alors que ses proches pleuraient et imploraient le pardon, les djihadistes l’ont lapidée jusqu’à ce qu’elle meure. »

« Daech m’a envoyé dans un camp correctionnel. Je devais laisser pousser mes cheveux et ma barbe. Ma mère a reçu un long vêtement noir couvrant, mais elle n’avait pas le droit de sortir dans la rue. Les guerriers de l’EI voulaient que je me marie, pour que je devienne l’un d’eux. J’ai protesté en déclarant que j’étais trop jeune, je n’avais que quinze ans. Cela ne les a pas impressionnés plus que ça, parce que même les garçons de treize ans étaient mariés. Les terroristes voulaient que je me joigne à eux. Ils étaient convaincus : “Notre État survivra à tout.” »

« Daech a forcé mon fils à pratiquer l’islam et j’ai été torturée parce que j’ignorais tout de l’islam et du Coran », raconte sa mère Jandark. « Oui, je suis honteux d’avoir été obligé de professer l’islam », affirme Ismail.

« Les guerriers de l’EI m’ont fait prier », dit Ismail. « J’ai reçu un tapis de prière pour prier Allah. Le vendredi, les hommes étaient obligés de prier à la mosquée. Quiconque marchait dans la rue pendant la prière du vendredi était roué de coups. Dans la mosquée, on nous a dit que les Assyriens étaient mauvais et que les chrétiens ne croyaient pas dans le droit chemin. Ma mère devait prier à la maison, mais elle n’a pas prié Allah ».

« C’est alors que les combattants de Daech ont trouvé mon collier avec la croix, un signe que je suis chrétien. Les djihadistes m’ont battu et j’ai dû étudier le Coran pendant un mois. J’ai été frappé chaque fois que je ne pouvais pas répondre à leurs questions comme ils l’exigeaient, et ma mère a été piquée avec de longues aiguilles parce qu’elle n’avait pas étudié le Coran. »

Fuite vers Qaraqosh libérée

« Un jour, nous avons appris que Qaraqosh, une autre ville chrétienne de la plaine de Ninive occupée par Daech, avait été libérée et que les troupes de libération avaient chassé les djihadistes hors de Bartella. Les raids aériens contre Mossoul ont commencé peu après, et beaucoup de gens se sont enfuis. Daesh a également fui et, dans la hâte, ils ont même oublié quelques armes. Cependant, ils ont emmené des gens avec eux à Mossoul, y compris ma mère et moi. Pendant trois jours, nous étions à la merci d’un djihadiste. »

« Les terroristes nous ont abandonnés alors qu’ils se retrouvaient trop impliqués dans la bataille. Une fois de plus, nous avons entendu dire que l’armée progressait. Nous avons pris un taxi en direction du front, vers notre liberté, mais les djihadistes nous ont retenus. Plus tard, nous avons à nouveau tenté de nous échapper et avons encore atterri près du front : des snipers nous ont tiré dessus. Nous avons couru nous abriter dans une maison. Après des heures de combats, ma mère et moi avons pu quitter la maison. Nous avons brandi un drapeau blanc. Des soldats de l’armée de libération irakienne nous ont accueillis. Nous étions libres ! »

Depuis le déclenchement de la crise en août 2014, L’Aide à l’Église en détresse a soutenu les réfugiés chrétiens à Erbil et Bagdad avec plus de 23 millions d’euros. Parmi les projets les plus importants figurent le programme d’aide alimentaire pour les familles déplacées de Mossoul et de la plaine de Ninive, dont bénéficient jusqu’à 13 000 familles, et le programme de logement pour environ 1 800 familles chrétiennes déplacées au Kurdistan.


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