Alors qu’est sortie mercredi 12 janvier la version colorisée du premier album de Tintin, Aleteia tente un parallèle entre deux auteurs qu’a priori rien ne semble rapprocher.
Pour Tintin comme pour Soljenitsyne, le retour du périple russe n’a pas été accueilli partout avec le même enthousiasme. Leurs censures n’ont d’égales que leur succès.
Tintin censuré
Le 25 décembre 1929, alors que le premier feuillet de Tintin au pays des soviets paraît dans les pages du petit XXe, Hergé reçoit une fausse lettre du Guépéou, écrite par lui-même pour une mise en scène, exigeant la fin de l’aventure du blond petit reporter. Le dernier feuillet de l’aventure paraît le 1er mai 1930. Il ne sera d’abord tiré qu’à 5000 exemplaires.
Pierre Assouline, biographe trop connu pour être ici présenté, raconte qu’Hergé se vit proposer par un éditeur allemand de diffuser son album antibolchevique en 1943. Une fois la rupture consommée entre Staline et Hitler, il refusa l’offre. La libération lui fera subir un bref temps de prison pour cet album qui fut, par la suite, repris en Tintin au pays des nazis. Ce n’est qu’en 1981 que Casterman accepte de le rééditer à grande échelle !
Une censure plus sévère
Pour Soljenitsyne, la censure est plus sévère. En 1962, Khrouchtchev et le politburo autorisent un tirage à presque 97 000 exemplaires, mais de nombreux passages sont supprimés par la censure. Il faudra attendre 1973 pour qu’ils soient rétablis. Pour ses ouvrages suivants, la répression le poussera à quitter le pays pour retrouver un peu de tranquillité.
Et s’il fallait déterminer lequel a su donner à l’Occident les réponses qu’il attendait sur les agissements des puissances de l’Est ?
Hergé publia son œuvre en 1930, il fut donc, de 40 ans, le prédécesseur du capitaine Alexandre. Le jeune belge avait ouvert la route pour les auteurs à venir en débutant la condamnation littéraire d’un sujet aussi brûlant. Force est de constater que tous deux « pour leur coup d’essai veulent des coups de maître ». On accorde pourtant plus volontiers de crédit au récit d’un homme de terrain qu’aux sarcasmes d’un dessinateur de bandes dessinées même talentueux. Les récits de Soljenitsyne n’ont pas besoin d’exagération pour atteindre le lecteur.
Si, par bonheur, ce sujet avait su attiser votre curiosité sur cette sombre période de l’Histoire et ses dénonciateurs, voici quelques ouvrages qui sauront vous satisfaire : l’Histoire du communisme de Léon de Poncins, Découverte de la Russie par Henri Massis, l’encyclique Divini Redemptoris du pape Pie XI, Soljenitsyne a soul in exile par Joseph Pearce et enfin, le film du conseil général de Vendée intitulé Alexandre Soljenitsyne, un combat pour la vérité, vivre sans mensonge, réalisé en 2005.
Nous conclurons enfin sur cette citation de Soljenitsyne lui-même, qui, si elle n’avait pas été si tardive, aurait pu justifier l’engagement d’Hergé dans son premier album :
« La violence ne vit pas seule, elle est associée au mensonge, la violence trouve son seul refuge dans le mensonge et le mensonge son seul soutien dans la violence. Ce n’est ni chaque jour, ni sur chaque épaule que la violence pose sa lourde patte, elle n’exige de nous que notre obéissance au mensonge, que notre participation quotidienne au mensonge. Et c’est là que se trouve, négligée par nous, mais si simple, si accessible, la clef de notre libération : le refus de participer personnellement au mensonge. »