Le cardinal Soter Fernandez, premier cardinal de l’histoire du pays, a été grandement célébré par les catholiques malaisiens pendant les fêtes de l’Épiphanie.Âgé de plus de 80 ans, il ne comptera pas au nombre des cardinaux électeurs lors d’un éventuel prochain conclave. Il est aujourd’hui archevêque émérite, et aumônier dans une maison de retraite, mais la petite communauté catholique de Malaisie a voulu le célébrer avec tous les honneurs, pendant les fêtes de l’Épiphanie, tant sa joie est grande d’avoir son premier cardinal. Pour les fidèles, venus assister très nombreux à la messe en son honneur, la décision du Pape d’élever au rang de cardinal l’archevêque émérite de Kuala Lumpur, Anthony Soter Fernandez, en novembre 2016, est signe de “grand soutien” pour une “Église pèlerine” confrontée chaque jour à l’islamisation et la “subtile persécution” des minorités. Tous reconnaissent en cet évêque, “proche des plus pauvres”, un homme dans le pur “style du pape François”.
Au cours de la messe, le cardinal Fernandez a invité l’assemblée à “respecter les principes fondateurs de la nation et son unité”. La cérémonie a duré plus de deux heures, diffusée en direct sur YouTube, devant une multitude de fidèles et un beau parterre de “diplomates, dignitaires étrangers, représentants du gouvernement fédéral et chefs d’autres confessions religieuses”, en la cathédrale Saint-Jean-Évangéliste de Kuala Lumpur, rapporte l’agence Asianews.
Une Église petite mais battante
En nommant ces 17 cardinaux, “je veux marquer l’universalité de l’Église qui témoigne de la Miséricorde de Dieu dans tous les coins de la terre”, avait expliqué le Pape, en annonçant les noms des 17 nouveaux cardinaux. Et en effet, pour les catholiques de Malaisie, qui représentent 3,7% de la population à majorité musulmane, cette élévation, même à 85 ans, est “un grand événement”, “un signe” pour l’avenir de leur “Église pèlerine” qui se bat contre l’impact de “l’islamisation”, de la “polarisation raciale” et de la “subtile persécution” contre les minorités, a confié Rebecca à l’agence des Œuvres pontificales missionnaires (OPM). Elle n’a pas hésité à faire quatre heures de train pour venir à la messe. Comme elle, tant d’autres fidèles comptent sur leur tout premier cardinal, et sa longue expérience dans le dialogue interreligieux, pour aider à “renforcer” l’esprit qui anime les habitants de Malaisie et faire grandir “l’unité” dans le pays.
Pendant la messe, l’évêque actuel (depuis 2014), Mgr Julian Leow Beng Kim, a demandé aux fidèles de voir en l’élévation de son prédécesseur comme un signe de “la valeur, du rôle et de la présence” de l’Église locale dans le monde, rejoint dans ses propos par le nonce apostolique, Mgr Joseph Salvador Marino, qui a relevé “la richesse” que représentait aux yeux du Saint-Père “la diversité et l’universalité” de l’Église catholique en Malaisie. À son tour, le cardinal Soter a pris la parole pour réaffirmer son “attachement” au pays et inviter tout un chacun à “respecter les principes fondateurs de la nation, et la diversité de ses habitants” malais, chinois, indiens, mais également originaires de divers groupes ethniques minoritaires.
Dans le pur style du pape François
Les catholiques de Malaisie sont très heureux de la nomination du premier cardinal de l’histoire de leur pays, car elle les fait entrer “enfin” sur la carte de l’Église universelle, signe que l’Église locale a atteint “un certain degré de maturité”, rapportait Églises d’Asie au moment de son élévation, en citant les propos P. Lawrence Andrew, jésuite et directeur de l’hebdomadaire catholique The Herald. Cet homme, avec “simplicité et humilité”, a souligné ce dernier, “a développé les communautés ecclésiales de base et fait grandir sa communauté en lui faisant prendre conscience de l’importance de faire corps en Église”. Proche des plus pauvres et doté d’une grande force spirituelle, son style leur rappelle le pape François. C’est comme avoir un peu le Saint-Père avec eux : “Il se déplace en bus, marche dans les villages pour rencontrer les gens, mange avec eux, les considère comme sa propre famille”, confirment les habitants, de toutes religions confondues.
L’Église catholique en Malaisie compte trois archidiocèses – Kuala Lumpur, Kuching et Kota Kinabalu – et six diocèses – Melaka-Johor, Penang, Sibu, Miri, Keningau et Sandakan.