Le défi de l’animation en pastorale. (3/3)
Découvrez la 2e épisode de cette série : Apprentis d’Auteuil – « Les jeunes en difficulté ont souvent peu de vocabulaire, alors leur mode de communication est la violence »
Dominique Grassin d’Alphonse est animatrice en pastorale dans une maison d’enfants des Apprentis d’Auteuil, à Creil dans l’Oise. Elle témoigne de sa mission d’annoncer le Christ.
Au-delà de mon rôle d’écoute et de mise en circulation de la parole (lire l’épisode 1), l’animation en pastorale aux Apprentis d’Auteuil, c’est aussi pouvoir annoncer le Christ. Je le fais simplement par ma façon d’être, de voir et de répondre. Sans prosélytisme. Sans imposer ma foi. Je ne fais pas de catéchèse. Je réponds juste aux jeunes qui viennent me voir : « Si la foi chrétienne t’intéresse ou si tu es curieux de ma foi, je peux te parler de Jésus ».
Nous sommes des êtres de spiritualité
Et les questions viennent de tous, même des jeunes athées. C’est là que l’on voit que nous sommes, de façon naturelle, des êtres de spiritualité. Chez tous, je remarque une soif de quelque chose de plus grand. Alors, je les accompagne dans leur développement humain et spirituel. Et pour ceux qui le souhaitent, je les accompagne aussi sur leur chemin de rencontre avec le Christ. Certains pour une préparation au baptême, d’autres pour leur confirmation. Je les oriente vers les lieux où ils peuvent vivre leur foi, notamment la paroisse de Creil.
Je me souviens d’un magnifique baptême. Pendant que nous étions à l’église, les jeunes musulmans qui n’étaient pas venus avec nous ont cuisiné et préparé un bon repas pour que ce soit une belle fête.
La force des témoins
J’ai également fait venir Tim Guénard, un ancien enfant battu devenu délinquant. Il a raconté dans un livre Plus fort que la haine comment il a vaincu cette haine. Il témoigne de sa foi en disant aux jeunes : « Il y a quelques années, j’étais à votre place. Maintenant, je parle au big boss : à Dieu ». Cet homme les a rejoints au cœur de leur souffrance. Qu’ils soient musulmans ou chrétiens, tout le monde a réceptionné son message. Ils en parlent encore ! Plus tard, j’aimerais bien faire venir Laurent Gay, un ancien drogué qui a découvert le Christ en prison, alors qu’il était plus bas que bas.
Parfois je propose à ceux qui le souhaitent des temps de prière. Nous avons la chance d’avoir un petit cœur de chapelle. On se retrouve à deux ou trois, on prie, on chante, on partage sur la vie du Christ.
La pastorale en équipe
Je fais partie d’une « équipe pastorale » composée de plusieurs animateurs et un coordinateur, qui agit sur plusieurs structures. Nos échanges entre animateurs nous permettent d’ajuster au mieux nos actions, nous stimulent et permettent une réflexion sur des projets communs. Une entraide fraternelle indispensable !
C’est un vrai engagement. Même si je travaille à tiers temps, je ne compte pas mes heures. Ce que j’aime, c’est voir le fruit de notre travail commun. Parfois, souvent même, un jeune arrive tête dans la capuche ne voulant pas parler. Il a un regard extrêmement négatif sur les adultes. Et quelques mois ou années plus tard, il repart debout, il a confiance en lui, il est regonflé.
Même s’il y a des échecs, bien sûr, nous assistons aussi à de belles évolutions. Je trouve cela très beau. Beaucoup de jeunes sont dans la rébellion mais ils sont conscients de ce qui leur est apporté : lire les témoignages de Annie et Hassan Bilal.
J’aime énormément mon travail. Ici, je vois vraiment le doigt de Dieu au cœur de la misère.