N’oubliez pas toute la symbolique du baiser.
Je pense à ce couple, dont la femme a pris l’habitude de séduire les hommes, sans pour autant penser à tromper son mari. Elle ne pensait pas lui faire du mal puisqu’elle ne se rendait pas compte des conséquences de cette attitude qui flatte son ego : la méfiance grandissante de son mari et son sentiment d’être trahi. Il s’en est ouvert, elle a compris le danger de son attitude pour son couple. En changeant, elle s’est rendue compte des bienfaits qu’elle a obtenus dans l’unité de sa relation. Depuis, elle se sent davantage épanouie et en sécurité. Lui, de son côté, a découvert la blessure qui poussait sa femme à se comporter comme cela. La séduction est une ouverture qui introduit une faille dans la relation privilégiée du couple.
C’est un exemple parmi tant d’autres, mais la construction d’un couple se fonde aussi sur de petites souffrances dues aux remises en questions et à la nécessité de guérir certaines blessures. Ce chemin permet d’obtenir un bienfait durable, respectueux de la promesse d’amour échangée entre deux êtres imparfaits.
Dans le mariage, l’homme et la femme décident de ne former qu’un seul corps dans une relation d’interdépendance grandissante. Au départ, ce sont deux caractères, deux natures différentes, deux êtres solitaires. L’unité est à la fois une aspiration commune et un but difficile à atteindre. Loin d’être un besoin de posséder ou de combler un vide, cette unité révèle davantage la masculinité et la féminité de l’un et l’autre, ainsi que leur personnalité. Comment exister sinon par le regard de l’autre et par son accueil ? Devenir un ne signifie donc pas s’effacer ni s’oublier, mais s’évertuer à permettre à l’autre d’être. Pourtant, ne nous faisons pas d’illusion, même dans les mariages les plus profondément unis, cet instant où l’homme et la femme se sentent vraiment liés est souvent fugace.
Ceux qui débutent une relation amoureuse ou se souviennent de leurs premières années de mariage ont peut-être ressenti cette crainte de perdre une partie d’eux-mêmes, comme un sacrifice assez rude pour lequel ils ne se sentaient pas prêt.
Si cela semble compliqué de tendre à l’unité et éphémère d’y parvenir, il existe un moyen merveilleux pour retrouver les raisons pour lesquelles le couple est né : le baiser.
Laissons la parole à François Varillon qui, dans son ouvrage Joie de croire, joie de vivre, lui redonne toute son importance et sa symbolique :
“Tournez les choses comme vous voudrez : l’amour est don et accueil. Le baiser est un très beau symbole d’amour, il est le signe à la fois du don et de l’accueil. Un baiser n’est vraiment donné que s’il est accueilli. Des lèvres de marbre, une statue, n’accueillent pas un baiser, il faut que ce soient des lèvres vivantes. Or des lèvres vivantes sont des lèvres qui accueillent et donnent en même temps. Le baiser est un geste admirable et c’est précisément pour cette raison qu’il ne faut pas le prostituer, jouer avec, mais qu’il faut le réserver comme le signe de quelque chose d’extrêmement profond (nous sommes là au cœur de tout ce que l’Église pense en matière de moralité sexuelle). Le baiser est l’échange des souffles qui signifie l’échange de nos profondeurs : je me souffle en toi, je m’expire en toi et je t’aspire en moi de telle sorte que je sois en toi et que tu sois en moi.”