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Ne plus gaspiller votre nourriture : c’est possible !

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John Burger - Aleteia USA - publié le 02/01/17
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Aux États-Unis, on gâche près de 200 kg par personne et par an alors même qu’un Américain sur sept souffre de la faim. Alors que vous êtes au supermarché en train d’acheter des tomates, l’une d’entre elles tombe accidentellement par terre et se retrouve donc un peu aplatie. Est-ce que vous la remettez sur l’étal en vous disant que c’est désormais le problème du magasin ou est-ce que vous l’ajoutez à vos autres tomates en considérant qu’elle fera l’affaire pour une soupe ou une sauce ?

Est-ce que vous videz votre bouteille de lait dans l’évier si la date de péremption est dépassée d’un ou deux jours ?

Vous êtes-vous déjà demandé ce que vous pouviez faire du plat que vous n’avez pas terminé au restaurant ?

Est-ce que vous êtes embêté quand vous faites le ménage après une fête et que vous vous retrouvez à jeter des assiettes à moitié pleines de nourriture ?

Nous sommes confrontés au gaspillage alimentaire tous les jours. À l’échelle du monde, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) déclare qu’un tiers de la nourriture est « gaspillé avant même d’être consommé ». Aux États-Unis, un organisme estime qu’environ 200 kg sont gaspillés par an et par personne alors que dans le même temps, 1 Américain sur 7 n’a pas assez à manger.

Ceci dit, de plus en plus de particuliers et d’associations essaient de trouver des moyens pour éviter ces pertes et pour faire en sorte que cette nourriture parvienne aux personnes qui en ont le plus besoin.

« Toute la nourriture que nous jetons suffit à nourrir tous les gens dans le besoin », affirme Rachel Novick, en charge de la branche « Développement durable » à l’université Notre-Dame.

Le gaspillage alimentaire partout

La sécurité alimentaire est la raison la plus évidente d’essayer de faire en sorte de ne pas gaspiller les produits issus de l’agriculture, mais il y a aussi des raisons environnementales. Un rapport de l’université d’Harvard stipule qu’aux États-Unis, approximativement 21 % des réserves d’eau douce et 300 millions de barils de pétrole sont utilisés pour produire de la nourriture qui part à la poubelle.

Le gaspillage alimentaire survient à tous les niveaux, que ce soit dans les exploitations agricoles ou dans les foyers. Des prix de vente bas associés à des coûts de production élevés font que souvent, il n’est pas rentable pour les agriculteurs de récolter tout ce qu’ils ont produit, explique ReFED, un groupe de 30 leaders venus du monde de l’entreprise, de l’associatif et de la sphère politique engagés à essayer de réduire le gaspillage alimentaire aux États-Unis. « Les standards visuels font que les gens ne vont pas vers des produits d’apparence moins belle (comme de trop grosses courgettes ou des carottes difformes) », est-il écrit dans le rapport de ReFED (Rethinking Food Waste through Economics and Data : A Roadmap to Reduce Food Waste, en français : “Repenser le gaspillage alimentaire par l’économie et des données chiffrées : une feuille de route pour réduire le gaspillage”). « Malgré le glanage et des efforts pour que ces aliments soient récoltés et parviennent à des banques alimentaires, la plupart reste dans les champs. »

Un problème pris en charge par des associations

Ce problème est dans le viseur de diverses organisations caritatives depuis un moment. La banque alimentaire du New Hampshire, un programme de Catholic Charities of New Hampshire, les associations catholiques de cet État, procure plus de 5 000 tonnes de nourriture par an à diverses banques alimentaires, centres d’hébergement pour les sans-abris, soupes populaires et à environ 400 associations à but non lucratif à travers tout l’État. Ce groupe d’associations catholiques soutient différents programmes innovants en collaboration avec des chaînes de magasins pour s’assurer que « de la nourriture de bonne qualité dont la date de péremption approche ne soit pas jetée. Cette nourriture – principalement de la viande –  est récupérée, congelée, puis nous est confiée », explique Kathryn Marchocki, porte-parole de ce programme.

La nourriture récupérée est aussi utilisée pour « Recipe for success », un programme cadre incluant diverses initiatives vertueuses telles que l’éducation à la nutrition, la sensibilisation à la malnutrition des enfants et la formation à l’emploi. Le « Culinary Job training » permet à des personnes sans emploi, avec un emploi précaire ou rencontrant des difficultés d’acquérir les compétences nécessaires pour pouvoir décrocher un poste dans l’industrie alimentaire. « Il y a un entrepôt avec une cuisine où ces apprentis sont formés et où quantité de plats sont cuisinés chaque jour », explique encore Kathryn Marchocki.

Accepter les “légumes moches”

Helen Costello, en charge de différents programmes de la banque alimentaire du New Hampshire, explique que ce système facilite la distribution d’aliments dont les particuliers ne sauraient pas toujours que faire.

« Si un agriculteur donne 700 kg d’une variété de courge à la peau très dure, c’est difficile à redistribuer car les familles ne sauront probablement pas quoi faire avec ou n’auront pas les ustensiles nécessaires pour les couper. Dans notre cuisine, nous avons les moyens de les préparer et de les congeler, ce qui permet souvent de réduire mes besoins en légumes congelés. »

D’autre part, des chefs participant au programme se rendent sur des marchés tenus par des agriculteurs, récupèrent des « légumes moches » et les préparent sur place dans des petites cuisines mobiles. Ces démonstrations en direct donnent des idées aux clients, et les dissuadent de gaspiller.

La deuxième vie des restes

Catholic Charities au Colorado s’occupe d’une soupe populaire où plus de 215 000 plats sont servis chaque année. Son budget alimentaire est de 50 000 dollars, mais 95 % des ingrédients utilisés sont des dons, d’après la porte-parole Rochelle Blaschke Schlortt.

Et tous les restes ont une deuxième vie.

« Notre communauté est très consciente des problèmes de gaspillage », explique-t-elle. « Nous essayons de ne rien gaspiller et avons des partenaires qui prennent la nourriture que nous ne pouvons pas utiliser. Si nous récupérons par exemple une énorme quantité de bananes et que nous ne pouvons pas toutes les utiliser avant qu’elles ne pourrissent, nous faisons un pudding puis nous donnons le reste au zoo ou à l’éleveur de cochons. » Les restes du déjeuner sont emballés et donnés aux clients pour qu’ils les mangent le soir.

« Nous recevons souvent de la nourriture de la part de Whole Foods (une chaîne de supermarchés bio) et de Starbucks. Ils ont des restes à la fin de la journée qu’ils ne peuvent pas réutiliser le lendemain. Nos volontaires vont donc les récupérer en camionnette. Les personnes qui gèrent la soupe populaire connaissent bien le fonctionnement de l’industrie alimentaire et de la restauration. Elles savent que si une brique de lait peut être vendue jusqu’au 5 décembre et qu’elle est conservée dans de bonnes conditions, elle peut très probablement être consommée jusqu’au 10. »

Catholic Charities gère cette soupe populaire depuis 1994 et fonctionne comme cela depuis le début. Entre 600 et 800 repas y sont servis chaque jour, et il n’y a jamais eu de cas d’intoxication alimentaire, déclare Rochelle Schlortt.

Malheureusement, beaucoup d’enseignes refusent de donner de la nourriture de peur d’être tenues pour responsables en cas de problème. Mais des lois sont en projet, justement pour éviter ces problèmes de responsabilité, explique Rachel Novick, de l’université Notre-Dame. « Ce qui est important, c’est d’éduquer les particuliers et les associations sur les mesures de sécurité et de faire en sorte qu’ils comprennent quelles sortes d’aliments ils peuvent donner. »

Par exemple, une mention « À consommer de préférence avant » n’est pas la même chose qu’une date de péremption.

Vendre des produits issus du gaspillage

Il est à noter qu’une mesure d’exonération fiscale a permis d’accentuer les efforts afin que la nourriture sur le point d’être jetée soit redistribuée aux bonnes personnes : « Cette mesure a aidé les associations à compenser le coût de la nourriture, permettant ainsi de l’acheminer où elle est nécessaire, et a poussé les agriculteurs à donner leurs légumes imparfaits », explique encore Rachel Novick.

Elle ajoute : « De nombreuses initiatives se développent sur les campus universitaires. À l’université Notre-Dame, nous envoyons de la nourriture à des centres pour les sans-abris depuis des années. Mais nous voulons faire plus que juste donner de la nourriture de cantine. Il y a aussi des petits cafés, des réceptions et des restaurants universitaires. »

Le rapport ReFED explique qu’un certain nombre d’entreprises à vocation sociale sont nées récemment pour vendre à profit des produits à valeur ajoutée issus du gaspillage. Il y a par exemple Barnana qui fait des barres de céréale à base de bananes déshydratées qui, avant, étaient jetées parce qu’elles étaient jugées trop mûres pour être exportées ou encore Misfit Juicery qui fait des jus à partir de fruits et légumes abîmés.

La créativité et la technologie contre le gâchis

La technologie aussi participe de cet effort. Une nouvelle application lancée à San Francisco localise les endroits où il y a de la nourriture en trop pour qu’elle soit redistribuée dans les associations ou les paroisses. Une autre, qui fonctionne en Europe, alerte les consommateurs quand il y a des promotions sur les produits dont la date de péremption approche.

L’Europe se sent d’ailleurs tout aussi concernée par la problématique du gaspillage. Une entreprise allemande récupère les aliments « d’apparence bizarre » et les cuisine pour les servir dans des réceptions. Et de nombreuses chaînes de supermarchés, telles qu’Intermarché par exemple, proposent des réductions sur les produits « moches », allant parfois jusqu’à -30 %.

Alors que le problème de l’insécurité alimentaire n’a pas l’air de se réduire, certaines personnes se montrent très créatives pour que la nourriture aille dans les estomacs des personnes qui ont faim plutôt qu’à la poubelle.

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