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La rédaction d'Aleteia - publié le 17/12/16
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Va-t-on vivre dans une société où seront systématiquement éliminés ceux qui n'ont pas les gènes adéquats pour donner un quotient intellectuel élevé ?

Va-t-on vivre dans une société où seront systématiquement éliminés ceux qui n’ont pas les gènes adéquats pour donner un quotient intellectuel élevé ?

Certains utopistes transhumanistes ne craignent pas de se référer à Francis Galton (1822-1911), l’inspirateur de l’eugénisme nazi qui considérait qu’il est devenu désormais tout à fait nécessaire de procéder à l’amélioration de l’espèce humaine, l’individu moyen étant trop inférieur aux tâches quotidiennes que requiert la civilisation moderne.1

Dans une conférence dans le cadre de l’organisation TEDX2, le médecin français Laurent Alexandre attire l’attention sur la menace eugéniste. Il commence son exposé par le fait que l’inégalité aujourd’hui se fait sur base de l’intelligence. En effet, l’économie est de plus en plus fondée sur l’intelligence. À titre d’exemple, il compare la petite société « WhatsApp » qui existe depuis quatre ans, emploie 55 salariés et vaut 19 milliards de dollars et Peugeot qui existe depuis un siècle, emploie 100 000 salariés et vaut 12 milliards de dollars. L’exemple est flagrant : pour être compétitif aujourd’hui un état doit posséder des « cerveaux ».

De plus, l’intelligence artificielle faisant des progrès exponentiels, il va falloir de plus en plus de personnes pour être à la hauteur des automates (quoique ardent défenseur du transhumanisme dans ces applications médicales, Laurent Alexandre ne va pas jusqu’à prôner le remplacement des humains par les machines).

Pour pallier les inégalités d’intelligence et de concurrence homme/machine, l’école de l’État va monopoliser toutes les ressources NBIC afin de produire des personnes les plus concurrentielles possibles. Parmi ces ressources : les implants cérébraux et l’eugénisme intellectuel. En quoi consisterait ce dernier ? À sélectionner les embryons. Dans le monde de demain, l’école ne s’occupera plus de transmettre des savoirs mais de gérer les cerveaux. Les enseignants seront remplacés par des médecins-techniciens, des « neuro-culteurs » dont le travail commencera avant la naissance.

Science-fiction ? Malheureusement non. La filiale génomique de Google a déjà déposé le brevet pour « la sélection génétique et le bébé à la carte ». La Chine a annoncé faire des recherches de pointes en génétique afin d’augmenter le quotient intellectuel moyen des Chinois3.

Le paradigme de la chosification de l’être

Va-t-on alors vivre dans une société où seront systématiquement éliminés ceux qui n’ont pas les gènes adéquats pour donner un quotient intellectuel élevé ? Le docteur Alexandre fait remarquer que le pas est certainement plus petit qu’on ne le pense puisque nous vivons déjà dans une société où 28% des Américains sont prêts à passer au scan génétique leur enfant à naître pour s’assurer de ses futures capacités intellectuelles.

Et le médecin d’appeler à la création de comités éthiques internationaux afin d’empêcher l’émergence d’une neuro-dictature eugéniste tout en confirmant notre impuissance face à l’émergence du nouveau monde.

En réalité ce que nous montre ce développement du transhumanisme, et parallèlement les débats et les atteintes récentes à la liberté d’expression concernant l’IVG, c’est que nous sommes en train de construire une vision de la vie technique et mécanique basée sur le paradigme de la chosification de l’être.

Après avoir été réduit au rang d’animal par Darwin et ses successeurs, l’homme est maintenant relégué au rang de machine destinée à concurrencer celles-ci et à remplir les mêmes exigences de rentabilité que les objets de métal ou de plastique.

L’humanité en abandonnant la foi comme fondement de la société a du même coup abandonné toute conscience ontologique. On ne part plus de l’invisible qui sous-tend le monde pour en tirer une manière d’exister ou un principe de vie mais on se contente de vivre une existence tendue vers l’efficacité et la rentabilisation de l’être au service de la communauté dirigée par l’impératif économique. Impératif froid et brutal qu’un certain Jésus appela autrefois Mammon. Choisir entre Dieu et Mammon, c’est aujourd’hui choisir entre deux approches différentes du monde, l’un ou la vie vaut en tant que vie, imparfaite mais tendue vers une verticalité infinie et l’autre où l’on supporte de moins en moins l’imperfection au sein d’un univers purement horizontal. Homme digne et singulier en voie de divinisation ou homme chosifié, numéro anonyme dans la violence du système ? À nous de choisir.

1 Cité dans Vince Packard, op.cit. p 243.
2 Laurent Alexandre, Nos enfants iront-ils demain dans des écoles eugénistes ?,
3 Voir Gautam Naik, A Genetic Code for Genius ? in Wall Street Journal, 15/02/2013

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