La réponse fut comme un électrochoc !Dans un endroit du monde où la réponse à cette question peut être lourde de conséquences, cette réponse est allée au delà de l’appartenance religieuse.
Il nous arrive parfois d’oublier que certains problèmes sont le fruit des circonstances de la vie. Nous sommes influencés par les personnes qui nous entourent ou façonnés par notre religion. Parfois, notre vie n’est qu’une réaction vis-vis de la société dans laquelle nous évoluons. Parfois, nous vivons à tâtons, inconscients et aveugles, jusqu’à ce que l’inattendu se produise, jusqu’à ce qu’un évènement ne vienne secouer la partie endormie de nous-même et que nous avons volontairement contraint à un sommeil profond. Dans nos sociétés multiculturelles, nous nous enorgueillissons d’une coexistence enrichissante et pourtant nous sommes toujours confrontés à des éléments qui la remettent en doute.
Les préjugés
Que nous soyons chrétiens ou musulmans, ou de n’importe quelle autre religion, notre première réaction quand nous rencontrons un inconnu est de lui demander comment il s’appelle. Dans certains pays le nom indique clairement l’appartenance religieuse mais parfois, le nom ne suffit pas et nous faisons par erreur une connexion politique, religieuse ou sociale qui n’a pas lieu d’être.
Autrefois, le choix de certains prénoms permettait de sauver des vies notamment à l’époque où le meurtre était basé sur l’identité religieuse. Quand le nom ne nous indique pas l’appartenance religieuse, nous utilisons toutes sortes de stratagèmes pour obtenir cette information. Comme si cela allait déterminer le ton de la conversation et notre comportement envers cette nouvelle connaissance. Nous avons tendance à baser notre communication avec les autres sur l’identité religieuse plutôt que sur l’appartenance à l’humanité. En fait, le problème est que nous posons toujours cette même vieille question : « Vous êtes chrétien, ou musulman, ou… ? ».
Les dangers de l’appartenance
J’ai été témoin d’un incident qui m’a fait réfléchir à tout cela et aux dangers d’appartenance, plus particulièrement lorsque cette appartenance perd de vue l’humanité des autres.
J’avais l’habitude d’aller souvent dans le même restaurant. Je savais que le propriétaire donnait des restes aux pauvres qu’il connaissait. Une fois, un mendiant est venu demander de l’aide. Le propriétaire du restaurant ne connaissait pas cet homme, qui n’avait d’ailleurs pas vraiment l’air d’un mendiant, mais plutôt d’un homme brisé par la vie et la souffrance.
Nous venons en aide aux autres parce que nous sommes catholiques et pas parce qu’ils sont catholiques
J’ai été choqué quand j’ai entendu le propriétaire lui demander : “Êtes-vous musulman ou chrétien ?”. Le mendiant a baissé la tête, il est resté silencieux un moment, avant de répondre effrontément : “Je suis affamé”. Sa réponse fut pour moi comme un électrochoc !
L’islam en lui n’avait pas faim. Le christianisme en lui n’avait pas faim. C’était l’homme en lui qui avait faim ; c’était l’homme en lui qui souffrait ; c’était l’homme en lui qui était dans le besoin.
Un électrochoc, c’est tout à fait ça. Un exemple parfait nous rappelant de ne pas juger notre prochain sur son apparence, sa couleur, ses croyances, mais de véritablement entendre l’appel de Jésus : « Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » (Mt 25,40).
Nous sommes tous fiers de notre religion et de notre Seigneur. Laissons donc notre foi nous montrer comment aider avec amour notre prochain.
Rappelons-nous également des paroles de Mère Teresa : « Quand nous mourrons et que l’heure viendra pour Dieu de nous juger, il ne nous demandera pas “combien de bonnes actions as-tu fait au cours de ta vie ?” Il nous demandera plutôt : “Combien d’amour as-tu mis dans tes actes ?” ».