Son dernier film “Silence” a été diffusé au Vatican devant près de 300 jésuites avant sa grande sortie en salle.Rencontre “très cordiale” entre le pape François et Martin Scorsese, souligne un communiqué du Saint-Siège, à l’issue d’un bref échange entre le souverain pontife et le réalisateur américain, venu présenter à Rome son dernier film Silence. Une adaptation du roman Silence, du Japonais Shusaku Endo, paru en 1966, qu’il rêvait de mettre en scène depuis 20 ans, comme il a toujours dit aux médias. Le réalisateur était accompagné par le préfet du secrétariat pour la communication, Mgr Dario Edoardo Viganò. Il a été reçu avec son épouse et ses filles, et le producteur du film et son épouse.
Silence suit deux missionnaires jésuites portugais du XVIIe siècle (interprétés par Andrew Garfield et Adam Driver), partis au Japon enquêter sur la disparition de leur supérieur, le père Cristóvão Ferreira (interprété par Liam Neeson), alors qu’il évangélisait le Japon. Ce dernier abjura sous tortures, pendant la grande persécution déclenchée en 1614 par les Tokugawa.
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Le Pape absent à la projection
Le film, qui sortira dans les salles aux états-Unis le 23 décembre, le 12 janvier en Italie, et en février en France, a été diffusé en avant-première au Vatican, en présence d’un groupe de près de 300 jésuites du monde entier. Le Pape n’a pas assisté à la projection, de même que, semble-t-il, le Supérieur général de la Compagnie de Jésus, le père Arturo Sosa Abascal. Au cours de la rencontre, le Saint-Père a avoué au réalisateur n’avoir pas vu le film mais lu le livre de Shusaku Endo, avant de lui parler de l’apostolat des jésuites au Japon – où “je rêvais d’aller en mission”, lui a-t-il confié – et du Musée des 26 martyrs à Nagasaki, ville symbole de la persécution des chrétiens au Japon.
Martin Scorsese a offert au Pape deux tableaux liés au thème des kirishitan, les chrétiens cachés du pays du soleil levant. L’un des deux est une représentation de la Vierge, très vénérée au Japon, signée par un artiste japonais du XVIe siècle.
Trente ans après La dernière tentation du Christ
Près de trente ans après La dernière tentation du Christ, qui avait fait scandale dans les milieux catholiques, tant l’adaptation sur la vie de Jesus “était étrange” ou “libre d’imagination” pour le dire aimablement, le metteur en scène se rattrape avec Silence en prenant soin de s’entourer de collaborateurs expérimentés – rien de moins que les jésuites eux-mêmes – pour l’aider à “éviter des erreurs naïves, des erreurs de mise en scène, des erreurs dans le comportement de chaque personnage”, confie-t-il dans un entretien à l’Osservatore Romano.
Un jésuite de New York, le père James J. Martin, a servi de consultant à la troupe du film, laquelle “n’a pas manqué de consulter les archives des jésuites à leur siège mondial”, a précisé à l’AFP Patrick Mulemi, le directeur de la communication de la Compagnie de Jésus. Martin Scorsese raconte avoir vécu le tournage du film “comme une sorte de pèlerinage”. À la question de savoir s’il fut facile pour eux de travailler avec les jésuites, Martin Scorsese confirme au micro de notre consoeur Silvia Guidi, pour l’Osservatore Romano: “Le père James J. Martin et les autres ont été très attentifs, très minutieux et collaboratifs (…) ils nous ont aidé à affronter des questions délicates comme le rapport entre “espoir” et “désespoir”, “terreur” et “force intérieure”, “chute” et “renaissance”“.
Saint Augustin aurait apprécié
Avec Silence, voir arriver sur grand écran – “voie maitresse pour arriver au cœur de la culture dominante”, commente la journaliste italienne – la question des lapsi — nom donné aux chrétiens qui ont renié leur foi par peur des persécutions, au cours des premiers siècles du christianisme – aurait certainement fait la joie d’un grand communicateur comme saint Augustin.