Évangéliser ne devrait pas être un fardeau !Je viens d’une famille nombreuse qui n’est pas très croyante. C’est pourtant tout l’inverse pour moi. Je suis fière d’être catholique, et ma foi est un élément très important de ma personnalité (non pas que je sois particulièrement bonne croyante, mais bon, l’important c’est d’essayer, n’est-ce pas ?).
J’ai toujours un peu appréhendé les réunions de famille, car j’anticipais les occasions qu’il y aurait de partager ma foi avec les brebis égarées. Mais si j’aime être catholique, ne devrais-je pas chérir les occasions où je peux parler de l’Église ? Pourquoi est ce que le mot “évangélisation” devrait être un fardeau plutôt qu’une joie ?
Peut-être est ce parce je suis une des plus jeunes de la famille et que j’ai un respect naturel pour “les plus grands”. Peut-être est parce que je suis très sensible au conflit entre les personnes, et c’est certainement en partie parce que je me sens inutile.
Je ressens toujours la même hésitation à parler de religion que je sois avec des voisins, des connaissances, ou de vieux amis. Je suis née dans une toute petite ville, de descendants de catholiques immigrants, donc presque tous mes amis d’enfance ont été élevés dans la religion catholique. Mais la plupart s’en sont aujourd’hui éloignés.
Il y a encore quelques semaines je ressentais cette même appréhension, à l’approche d’un week-end avec d’anciennes copines d’école. Nous célébrions toutes quelque chose d’ important cette année, une journée au spa et un bon dîner étaient donc de mise. Même si j’avais hâte de les voir, je n’étais pas sûre que cela se passe bien. Allais-je devoir changer de sujet chaque fois qu’un potin, ce péché que le pape François compare a une bombe lancée sur la réputation de quelqu’un, était mentionné ? Et si le sujet du planning familial surgissait ? L’IVG, les mères porteuses, la stérilisation, la pilule, mon désir d’avoir encore des enfants malgré les années qui passent.
Beurk. Tout cela me restait sur l’estomac. À cela, s’ajoutait la gêne naturelle de retrouver des amies après plusieurs années sans contact régulier.
Puis, quelque part dans mon for intérieur, j’ai réalisé que mes craintes s’évanouissaient.
Peut-être est-ce dû à la sagesse des années, ou peut-être à l’évolution de mon voyage spirituel, mais j’ai soudain réalisé que si des sujets à propos de la foi et de la morale surgissaient, cela ne me dérangerait pas. Je partagerais mes convictions et la richesse que ma foi m’a apportés.
Je ne serais pas touchée par leur réaction car même si je sentais un soupçon de dédain ou de dérision dans leur attitude, cela ne prendrait jamais le dessus sur le soutien que m’apporte ma foi au quotidien : de mes difficultés au sein de mon mariage, mes doutes en tant que parents, le stress au travail en passant par la guerre nucléaire ou de savoir si je dois donner un dessert à mon enfant de 4 ans même s’il n’a pas mangé ses carottes.
J’ai réalisé que mon attitude se rapprochait de quelque chose que le Pape avait décrit à l’approche de la période de l’Avent.
C’est pourquoi chacun de nous est appelé à faire connaître Jésus à ceux qui ne le connaissent pas encore. Mais cela ne signifie pas faire du prosélytisme. Non, c’est ouvrir la porte. « Malheur à moi, si je n’annonçais pas l’Evangile ! » (1 Co 9, 16), déclarait saint Paul. Si le Seigneur Jésus a changé notre vie, et nous la change chaque fois que nous allons à Lui, comment ne pas sentir la passion de le faire connaître à ceux que nous rencontrons au travail, à l’école, dans notre immeuble, à l’hôpital, dans les lieux de loisirs ? Si nous regardons autour de nous, nous trouvons des personnes qui seraient disponibles à entamer ou à recommencer un chemin de foi, si elles rencontraient des chrétiens qui aiment Jésus. Ne devrions-nous pas et ne pourrions-nous pas être nous-mêmes ces chrétiens ? Je vous pose cette question : « Mais est-ce que j’aime vraiment Jésus? Suis-je convaincu que Jésus m’offre et me donne le salut ? Et, si je l’aime, je dois le faire connaître. Mais nous devons être courageux : aplanir les montagnes de l’orgueil et de la rivalité, remplir les précipices creusés par l’indifférence et par l’apathie, redresser les sentiers de nos paresses et de nos compromis.
Finalement mes copines et moi avons bien discuté de religion le dimanche matin en prenant le petit-déjeuner. Certaines d’entre elles se sont éloignées de la foi, et se demandent si Dieu existe, et dans ce cas, si c’est bien Lui dans les Eucharisties. Elles questionnent l’enseignement de l’Église sur des sujets allant du mariage pour tous, à la messe du dimanche.
J’ai partagé mon expérience – bien qu’il y ait certaines choses que j’aurais préféré dire autrement – et elles la leur. J’ai beaucoup appris et en ai été éclairée. Certaines d’entre elles sont bien plus proches de l’Église que ce que je pensais, et font des sacrifices importants au quotidien pour rester fidèles. Et nous autres, nous nous débattons également au cours de notre propre quête – le but est d’essayer, n’est-ce pas ?
Benoit XVI a dit une fois que “le chrétien a la grande confiance fondamentale, ou mieux, la grande certitude fondamentale de pouvoir tranquillement prendre le large dans la vaste mer de la vérité, sans avoir à craindre pour son identité de chrétien.”. À cela il ajoute : “Le Christ qui est la Vérité nous a pris par la main, et sur le chemin de notre recherche passionnée de connaissance, nous savons que sa main nous tient fermement”.