Depuis le Moyen Âge, des légendes et des histoires de sorcières se sont tissées autour de ce village. Trasmoz compte aujourd’hui seulement 62 habitants alors qu’au XIIIe siècle, le nombre d’habitants atteignait les dix milles. Situé dans la province de Saragosse, dans les versants du Moncayo, le village fut officiellement excommunié lorsqu’on accusa le château de Trasmoz d’être le foyer de sorcières et de nécromanciens.
Une histoire d’argent ?
En réalité, l’histoire est un peu plus complexe. Certains affirment qu’à cette époque, le château menait de délicates opérations de falsification de monnaie. En vue de décourager les plus curieux, les responsables auraient alors forgé de toute pièce cette légende de sorcières. Pour faire peur aux gens, ils préparaient des potions la nuit en faisant également sonner des chaînes et en allumant des feux dans le château.
Cela fonctionna tant et si bien, que depuis, Trasmoz est presque un synonyme de sorcellerie. L’écrivain, Gustavo Adolfo Bécquer lui-même, a consacré quelques-unes de ses lignes à ces lieux : la “Tía Casca” (sorcière qui a terrorisé Trasmoz au XIXe siècle) surgit, derrière la pointe d’une des tours du château.
Une affaire politique ?
D’autres sources évoquent une affaire politique compliquée. Trasmoz comptait aussi au XIIIe siècle, d’importants gisements d’argent, des réserves d’eau et du bois. Ajoutons qu’il s’agissait d’un territoire laïc : par décret royal, ces terres n’appartenaient pas à l’Église et étaient exemptées de l’impôt au Monastère de Veruela, situé à quelques kilomètres du village.
Les histoires concernant la pratique de la sorcellerie dans le château ne fît qu’exacerber les tensions, déjà existantes, entre le monastère et le village voisin. Finalement, l’archevêché de Tarazona excommunia le village entier. Néanmoins, loin d’y mettre un terme, cela ne fît qu’accroître les tensions.
Après l’excommunication, le monastère commença à exploiter les eaux du Moncayo, ce qui, bien évidemment, ne fût pas du tout apprécié par le seigneur de Trasmoz, Pedro Manuel Ximénez d’Urrea, qui décida de prendre les armes contre le monastère. Avant l’effusion de sang, le roi Ferdinand II donna raison à Trasmoz, ce qui déplut au plus haut point à l’archevêché.
Malédiction sur Trasmoz
Ainsi, lors de la visite du Pape Jules II, le village de Trasmoz commença à être maudit (on dit que le Psaume 109 fût récité contre Trasmoz). Cette malédiction, qui a eu lieu en 1511, a reçu l’approbation du Pape, qui a lui-seul, le pouvoir de la retirer. Jusqu’à ce jour, aucun Pape ne l’a fait.
À partir 1520, les choses n’allaient plus du tout à Trasmoz. Après un incendie, le château tomba presque entièrement en ruine. De plus, après l’expulsion des juifs du royaume, le village vit sa population s’écrouler, passant de presque une dizaine de milliers d’habitants à quelques dizaines. Aujourd’hui, Trasmoz compte environ 70 habitants, il n’y a pas d’écoles, pas de magasin et on y trouve seulement un bar-restaurant.
Toutefois, un musée de sorcellerie existe sur la partie reconstruite du château.