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N’ayez pas honte d’aller voir un conseiller conjugal !

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Bénédicte de Dinechin - publié le 24/11/16
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“Un conseiller conjugal est comme un généraliste du couple, il aide à dépasser des difficultés et à prévenir les prochains conflits.”Déjeuner de chasse dans la salle des fêtes d’un village quelconque. Presque la seule femme de l’assemblée, je me réchauffe avec ma tasse de café. Quelques bribes de la conversation de mon voisin d’en face me tirent de ma torpeur. « De toute façon les femmes adorent se plaindre », explique-t-il à la cantonade, interrompu par les seuls bruits de fourchette. « Alors si on commence à les écouter, on n’a pas fini, et puis on ne sait pas où ça nous emmène. »

Ce matin je m’étais contentée de rabattre, là c’est à mon tour d’avoir du gros gibier (de conseillère conjugale) dans mon viseur. Je glisse l’air de rien : « Il y aurait du danger à écouter les femmes ? ». Ne flairant pas le piège, il continue à avancer à découvert : “Pour sûr, chez une femme quand ça va bien elle se dit que ce n’est pas normal ». Le doigt sur la détente, je continue : « Vous en connaissez beaucoup, des femmes comme ça ? ».

Silence à table et regards gênés. J’ai – enfin – une explication à la réticence des hommes à venir consulter à temps.

Un grand merci à ce robustus homo venator (du latin « vaillant homme chasseur » espèce kaki et fluo assez bruyante et répandue en Europe) de m’avoir éclairé sur la psychologie – la surdité – masculine. Il n’est en effet pire sourd que celui qui ne veut pas entendre…  que sa femme est malheureuse.

Venir quand il est encore temps 

Alors j’explique à mes chasseurs pris au piège de leurs idées toutes faites ma tristesse et ma colère quand j’entends de tels propos. Tristesse devant tant de séparations qui pourraient être évitées. Ma colère parce que dans 75% des cas c’est que l’homme attend trop pour écouter sa femme et accepter de faire la démarche d’aller se faire aider.

Quitte à plomber l’ambiance de notre déjeuner de chasse, je poursuis : « Un conseiller conjugal est comme un généraliste du couple, il aide à dépasser des difficultés et à prévenir les prochains conflits. Quand les deux conjoints sont volontaires pour avancer, une crise qui paraissait insurmontable se résout en quelques mois maximum. Quand il est trop tard, le thérapeute fait des soins palliatifs, voire des autopsies. Vos femmes qui n’ont pas été entendus dans leur souffrance n’y croiront un jour plus, leur courage s’usera et elles fermeront la porte de leur cœur. Peu de femmes partent pour un autre, c’est souvent mues par l’urgence de ne pas sombrer, ne se sentant pas aimées à force de ne pas être entendues, découragées par tant d’efforts à sens unique ».

Si vous saviez, chers hommes (chasseurs ou non) comme ceux qui ont osé avant vous ce défi d’aller demander de l’aide pour leur couple en tirent du bénéfice. Passé les premiers instants de gêne, ils découvrent un lieu où ils ne sont pas interrompus, où ils ont même le temps de chercher leurs mots. Ils peuvent apprendre à poser des mots sur leurs maux, à demander des précisons face à une avalanche de reproches. Ils sont le plus souvent fiers d’avoir osé faire le pas, de se dire aussi tout ce qu’ils ont construit à deux, de faire du neuf avec du vieux, et de repartir plus fort.

Il y a un mais… à la fois tout petit et essentiel, c’est de venir quand il est encore temps. Venir prendre soin de son couple avant l’irréparable, avant l’adultère, la violence, le découragement qui se transforme en reproches permanents.

Chers hommes, faites confiance à l’intuition de votre compagne. Et si d’aventure mon ami chasseur avait raison, si vraiment ce n’était « rien de grave, ce qui rend une femme malheureuse », ne serait-ce pas une bonne nouvelle de vous faire confirmer votre bonne santé conjugale ?

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