À la veille de recevoir les insignes cardinalices, le prêtre martyr albanais confie ses émotions à Vatican Insider et lance un appel aux nouvelles générations. Parmi les 17 nouveaux cardinaux qui recevront la barrette et l’anneau des mains du pape François le 19 novembre, le prêtre franciscain Ernest Simoni Troshani, 88 ans, de l’archidiocèse de Shkodër-Pult, en Albanie, fait figure d’exemple et de modèle de courage pour tous les chrétiens d’aujourd’hui. Bouleversé par les cruautés subies par l’homme pendant les 27 années passés dans les geôles communistes de son pays, le Saint-Père, ému aux larmes, l’avait pris dans ses bras, puis baiser les mains, à l’issue d’une audience générale, en avril 2016. L’épisode, immortalisé par tous les photographes, tourne en boucle sur les réseaux sociaux.
À la veille du consistoire, Vatican Insider a recueilli ses sentiments, traduits intégralement en français par l’agence I-Media. Il raconte sa réaction à l’annonce de la nouvelle :
“Je venais de célébrer la messe et suivais l’Angélus à la télévision. Quand j’ai entendu le pape François prononcer mon nom j’ai d’abord pensé que je n’avais pas bien compris. Jamais je n’aurais imaginé devenir cardinal un jour. Je suis content, pas pour moi, mais pour mon peuple, car cette nomination rend hommage au peuple albanais et à ses martyrs qui ont souffert pour leur attachement et leur fidélité à Jésus. Je voudrais aider les jeunes générations – marquées par une foi affaiblie – à suivre avec élan et conviction le Christ, à obéir aux dix commandements, sans lesquels aucun homme et aucune société ne peut avancer ni progresser”.
Jésus plus fort que les dictatures
“Aucune dictature ne peut arrêter Jésus”, insiste le futur cardinal. Durant son emprisonnement, vécues dans les pires conditions, Ernest Simoni n’a jamais été pris par l’angoisse, le désespoir. “Je le dois à ma confiance en Jésus, qui est la vie, la vérité, le salut pour chacun d’entre nous”, à “la force de la prière” qui a tenu une place fondamentale dans sa vie, voire aux pires moments des tortures subies : la prière, témoigne-t-il, “est le marteau qui écrase les pièges tendus par Satan. Avec la prière, nous cultivons et entretenons notre amour pour Jésus. Sans elle, on ne peut avancer dans la vie, car Lui seul est la vie et la résurrection (…) le Fils a vaincu la mort et nous porte avec lui dans la vie éternelle : il l’a dit, donc cela arrivera. Nous devons prier inlassablement et suivre Jésus qui nous conduira à la joie sans fin”.
Appel aux nouvelles générations
À la veille de recevoir la barrette et l’anneau cardinalices — signe d’un “dévouement absolu et sans condition, jusqu’à l’effusion du sang, si nécessaire”, comme dit la formule de leur imposition — Ernest Simoni pense à tous ces chrétiens de nouvelle génération “accablés par le stress et l’impatience du gain facile “qui caractérise notre époque. Il les supplie : “Apprenez à attendre, semez avec confiance. Jésus nous garantit que nos cheveux sont tous comptés, que nous sommes précieux à ses yeux ; Il sait tout sur nous, nous aime ; suivons-le en ayant une foi vivante, en nous dévouant pour nos frères, surtout pour les plus faibles. (…) Il faut nous agenouiller et prier. Il nous écoutera et nous guidera : les ténèbres ne l’emporteront pas, Jésus a vaincu le monde”.