D’après la Conférence des évêques allemands, les protestants trouveraient la séparation entre les deux confessions de plus en plus arbitraire. Peu de chrétiens semblent avoir encore une connaissance approfondie de leur propre religion, estime le théologien Detlef Pollack, comme le rapporte le site de la Conférence des évêques allemands.
Les différents événements de commémoration des 500 ans de la Réforme laissent apercevoir le manque de connaissance que les protestants eux-mêmes peuvent avoir de leur propre religion. La même situation est d’ailleurs à déplorer du côté des catholiques. Le véritable héritage théologique de la Réforme semble en effet assez largement ignoré, selon ce théologien.
Il raconte par exemple que des études ont montré que la majorité des protestants pense que c’est par ses bonnes œuvres qu’on peut être sauvé et choisi par Dieu. Or, l’une des principales causes de rupture avec l’Église catholique à l’époque de la Réforme a justement été le refus du Salut par les œuvres de la part des protestants.
Ces protestants auraient donc une vision trop « catholique » de la religion chrétienne sur cet aspect. Ils expliquent ainsi souvent que le protestantisme est pour eux d’abord une « éthique » alors que pour Luther, la foi a beaucoup plus d’importance que la morale, puisque c’est la foi seule qui peut sauver et ouvrir l’homme à la grâce de Dieu. La majorité des protestants en sont même venus à dire que les affirmations théologiques ne constituent pas un point fondamental de leur identité chrétienne. C’est pourtant pour de telles affirmations théologiques que les protestants ont quitté l’Église catholique.
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Il semble ainsi que les différences profondes entre catholiques et protestants s’estompent pour beaucoup d’Allemands. La séparation entre deux confessions apparaît arbitraire pour beaucoup. Seule une minorité très engagée comprend encore ce qui peut séparer les deux confessions et sait, par exemple, pourquoi catholiques et protestants ne peuvent pas communier ensemble.
La foi ne se définit donc plus réellement de manière confessionnelle en Allemagne. L’on perçoit plutôt une séparation entre des personnes religieusement engagées et des personnes qui ont complètement abandonné le christianisme, avec beaucoup de stades entre les deux.
Entre les catholiques et les protestants règne un profond consensus dans la plupart des domaines non directement théologiques. Peut-être faut-il voir cet affadissement des différences et de la distinction protestante spécifique comme un signe d’espérance ? C’est peut-être la preuve que l’unité de tous les chrétiens progresse et que l’essentiel est d’arriver à une Église qui soit vraiment le corps du Christ en même temps que le peuple de Dieu, à la suite du vicaire du Christ, héritier de saint Pierre.