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Roger Nimier, le chef de file des “Hussards” (2/5)

Rogier Nimier © ALETEIA

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Angélique Provost - publié le 12/11/16
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Découvrez “les Hussards”, courant littéraire des années 1950 qui s’opposait aux existentialistes.


Retrouvez le 1er épisode de la série : Peut-on être catholique et aimer les “Hussards” ?


On ne présente plus celui qu’Olivier Frébourg a rebaptisé le « trafiquant d’insolence ». Un titre qui sonne juste comme un cristal poli, une description qui regroupe, en deux mots, tout ce qu’on essaye d’exprimer à la fin de la lecture du Hussard Bleu. Devenu, depuis ses excès de superbe au volant d’une Aston Martin, la coqueluche des esprits révoltés du monde moderne, il a été rangé dans le tiroir des auteurs de droite, dans l’étroit compartiment des Hussards. Si le compartiment est choisi avec justesse, il a pourtant été rangé dans le mauvais tiroir.

Désinvolture et provocation

Roger Nimier n’est pas un auteur de droite. Et ceux qui l’affirment ne se fondent que sur deux faits minimes : son soutien à l’Algérie française, et la fameuse réplique : « Je préfère rester fasciste, bien que ce soit baroque et fatigant ».

Le monde littéraire sait pourtant depuis longtemps que ce genre de phrase a été écrit pour choquer, au même titre que les premières lignes des Epées, qui souillent sans raison le visage en papier glacé de Marlène Dietrich. Si chacun des hussards de notre littérature devait avoir une épithète homérique, on pourrait lui attribuer, sinon les mots de Frébourg, la panoplie des adjectifs de panache qu’on attribue à Cyrano, en y ajoutant le cynisme et l’air taquin qui lui sont propres.

Le bon Dieu

Le rapport de Nimier au bon Dieu est étrange. Sa mort, pour beaucoup est un suicide déguisé. Peut-être avait-il hâte de rencontrer le Créateur ? Pour ce qu’on peut apprendre de ses écrits, il n’était pas ce qu’on appelle un fervent catholique. Il n’en était pas pour le moins un homme profond. Son personnage entier se construisait sur ses répliques de Sanders, qui résonnent comme des droites sèches, suivies d’un sourire narquois. Lorsqu’il parle du Bon Dieu, il ne change pas de méthode. Il Le place souvent au niveau de ses créatures, avec un air de défi. Il n’est pas athée, voilà qui est sûr. Il s’est peu exprimé sur ses convictions religieuses, on trouve pourtant dans l’excellent cahier de l’Herne à son sujet, un entretien avec François Billetdoux, un questionnaire aux réponses laconiques qui ressemble à l’introspection de Proust. Dans ce défilé d’interrogations, on lira les mots « Je suis catholique romain ». Mais sa réponse la plus frappante vient après la question « Sous quelle forme Dieu vous tracasse-t-il ? » : « Angoisses et remords à cinq heures du matin. Interrogations métaphysiques à onze heures. Contemplations des gouffres à seize heures trente. Approches théologiques vers minuit. »

Si sa vie et son œuvre littéraire de légende n’en font pas un modèle de sainteté, elles nous montrent cependant que la jeunesse française lettrée est tourmentée, plus ou moins pieusement, par la saine quête du bonheur propres aux esthètes et aux chrétiens.

Piètre ami pour Blondin, peu aimé de Déon, on garde pourtant de lui quelques bons mots de Jacques Chardonne, ou encore de Marcel Aymé, qui nous réconcilient avec cette allure « jemenfoutiste » que le monde lui colle sans nuance désormais : « Écrivain puissant, d’une force à tout arracher, et à passer sur le ventre de la critique, il se pose des questions pointues au lieu de se laisser aller à son humeur. Il se méfie de sa force, de sa joie, de sa tristesse ardente et se demande si le mieux n’est pas d’écrire sur la pointe des pieds des choses rares et nettes. »

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