Quand l’envie de tout envoyer balader nous prend soudain !
Ce matin j’étais à bout, à 6h du matin, dans l’aéroport minuscule de Karlsruhe, seul attablé au comptoir d’une cafétéria déprimante à boire un café soluble. J’avais envie de tout annuler et de dire : “Je change de métier, je vais devenir ermite dans la forêt…” Quand soudain mon téléphone a vibré, c’était un texto de mon associé : “David, merci pour tes sacrifices pour l’agence, je suis de tout coeur avec toi…”.
Bien souvent on pense qu’une personne quitte un projet, une équipe, une entreprise, une association (même une paroisse… ) parce qu’elle s’est embrouillée avec ses patrons, parce qu’elle est mal rémunérée, parce qu’elle ne voit pas d’évolution possible ! Ce sont des raisons valables, mais j’ai découvert il y a peu, qu’il y a une raison sous-jacente aux différents motifs exprimés.
J’ai envie d’arrêter d’avoir envie d’arrêter
Il y a quelques temps nous avons décidé de passer une journée par mois avec l’équipe à investir dans les relations. On parle émotion, blocage, on debrief ce qui a marché et pas marché, on se forme, on va faire du sport ensemble, etc. Cela part d’un constat simple : la richesse de notre entreprise c’est avant tout les gens !
Dès la première réunion, nous étions tous autour de la table, j’avais le cœur lourd et j’ai pris mon courage à deux mains pour exprimer ce que je ressentais à cette époque. “Les gars… (oui nous sommes une équipe de mecs seulement) je suis à bout, j’ai l’impression de me sacrifier pour rien, de me donner à fond sans me sentir compris ni apprécié… quand je reviens en vous annonçant un nouveau contrat tout juste signé vous me balancez direct la liste de tout ce que j’ai oublié de dire et ce que j’aurais du faire… j’ai envie d’arrêter !” Je ne me sentais pas apprécié, compris, et je commençais sincèrement à regarder dans quels domaines j’allais pouvoir enfin m’épanouir !
En fait, j’étais à côté de la plaque. Le souci n’était pas mon équipe, mais moi et mon incapacité à exprimer mes attentes. Ce que je voulais vraiment c’était me sentir apprécié, utile, compris, reconnu ! C’est à ce moment là que j’ai découvert un livre qui nous a vraiment fait du bien à mon équipe et moi-même : Les 5 langages d’appréciation dans le milieu du travail, de Gary Chapman. C’est la version business de son best-seller : Les 5 langages de l’amour.
En le disant, ça va mieux
Le concept est simple : nous avons tous une manière spéciale de nous sentir apprécié, reconnu et nous utilisons souvent cette même manière pour montrer notre appréciation à notre entourage. L’une des raisons principales qui poussent au changement d’équipe, d’entreprise, de métier, c’est ce sentiment de ne pas se sentir apprécié.
Le livre propose aussi un test en ligne, pour découvrir son langage principal et secondaire. Pour certains, cela sera des paroles valorisantes, d’autres les cadeaux, les temps de qualités, les services rendus. Chaque langage a ses variantes, exemple : les paroles valorisantes en public ou en face à face.
J’ai découvert que j’étais une personne qui avait besoin de se sentir soutenue en face à face. Le texto de mon associé ce matin m’a reboosté, je me suis senti de nouveau capable d’affronter une nouvelle semaine de rendez-vous. Je me suis dit “Il me comprend, cela vaut la peine de me donner à fond, ils sont derrière moi.”
Apprendre à nous comprendre
En tant que leader nous avons besoin de comprendre la dynamique pour nous-même, mais aussi pour notre équipe. Le premier travail est d’oser être vrai… je me suis senti ultra vulnérable en partageant à mon équipe ce que je ressentais… j’avais l’impression d’être une petite fille demandant un bisou à son papa… mais j’ai osé. Alors il y a eu un petit malaise, mais chacun dans l’équipe a alors mieux compris les enjeux, et cela a encouragé chacun à être vrai !
On a souvent l’impression que si on exprime nos attentes alors les gens ne seront plus sincères avec nous ! Mais dites-vous que vos collègues ne parlent sans doute pas le même langage que vous. Du coup, si vous ne leur dites pas, il vous montrerons leurs appréciations à leur manière ! Par exemple : sur moi, un cadeau ne va pas faire beaucoup d’effet, mais sur un collègue peut-être. Sauf que si je ne le lui demande pas, je ne le saurai jamais.
Je suis sur que mon équipe se donne à fond pour moi, travaille dur, mais comme mon langage principal est celui des “paroles encourageantes”, je n’ai pas immédiatement ressenti leur appréciation.
De la même manière, j’ai besoin de connaître le langage de mon équipe. J’ai découvert que pour eux, les services rendus étaient LE TRUC. S’ils me partagent leurs défis, ma première réaction sera de dire : je suis à 100% avec vous, je suis sur que vous allez assurer comme d’habitude ! Mais ce qu’ils voudraient vraiment entendre c’est : “Est-ce que c’est chaud pour toi ? Comment puis-je t’aider ? Te soulager ?”.
Je suis convaincu que c’est une des raisons qui poussent beaucoup de gens à quitter leur organisation, il est tant d’y remédier !