Ou comment maîtriser l’art de la redoutable première approche.
Je suis toujours impressionné de voir comment une personne peut se “griller” royalement en quelques minutes alors qu’initialement son projet semblait intéressant !
En tant que leader nous sommes souvent amenés à rencontrer de nouvelles personnes qui ont la capacité de nous ouvrir de grandes portes. Cela pourrait être le responsable d’un média susceptible de parler de notre projet et le faire connaître, un entrepreneur capable d’investir, un employeur, un partenaire éventuel ou tout simplement un futur client ! L’art de la première discussion n’est pas évident car bien souvent, sous le stress, on perd un peu le contrôle de ce que l’on voulait dire et on se lâche.
Je suis souvent en relation avec des gens qui cherchent des conseils, souhaitent être accompagnés ou qui me proposent un service. Il m’arrive aussi d’introduire de nouvelles personnes à mon réseau pour les aider à avancer. D’après mon feeling, mais aussi celui d’amis ou partenaires qui me font part de leurs rencontres et expériences, j’ai pu remarquer qu’un certain nombre de sujets sont assez éliminatoires.
Voici un exemple de 6 choses à ne pas faire au risque de prendre directement la porte de sortie :
1 – Les autres n’ont rien compris, moi je sais
À première vue, cela semble évident… mais c’est un coup classique. La personne se définit face à ses « concurrents » ou « pairs ». “Ils n’ont pas la bonne méthode, ils ne comprennent rien, ils ont de la chance que ça marche parce qu’en réalité ils n’ont rien compris. Leur style est nul, leur chant est trop classique, ils n’ont pas les diplômes, la légitimité, ils ne sont pas assez spirituels, ils sont trop à fond sur leur image, ils pratiquent des prix trop élevés”.
Ces propos viennent souvent d’une personne qui n’arrive pas à faire décoller son activité ou qui vient tout juste de commencer. C’est l’expression d’une frustration, d’un manque d’identité et de connaissance de son rôle et de sa place dans l’écosystème global. Il est important de bien trouver son positionnement et d’expliquer en quoi le projet apporte de la valeur.
J’ai un ami qui me racontait avoir rencontré pour la première fois un jeune acteur, qui, sachant qu’il était producteur, s’est empressé de dire combien tout ce qui se faisait dans son domaine était nul, que le style des autres était nul, et que lui allait révolutionner le scène chrétienne. Malheureusement pour lui, les personnes visées étaient les amis du producteur…
2 – Voici mon tableau de chasse !
La tentation de vouloir faire étalage de ses victoires de guerres ! La discussion tourne à un listing de projets, de chiffres… Dans ce genre de cas, j’ai la sensation d’avoir en face de moi une personne en besoin de reconnaissance qui cherche à m’impressionner pour arriver à ses fins. Dans ces situations, la qualité du projet est aussi importante que la qualité de votre personnalité. Le feeling de votre interlocuteur y est pour beaucoup, il doit s’agir d’un échange constructif, il faut susciter la curiosité et montrer sa crédibilité tout en apportant de la valeur à la discussion et en montrant notre intérêt pour la personne en face de nous. La technique est de réussir à placer ses grandes réussites au cours d’une discussion sans entrer dans les détails et en renvoyant rapidement la balle en posant une question, demandant un conseil, une réaction, en étant toujours attentif à l’attention que nous porte notre interlocuteur.
3 – Je n’ai pas de chance
Celui-ci est le plus courant : la personne explique de long en large toutes les raisons pour lesquelles son projet ne décolle pas, son manque de chance, ses refus de financement, la conjoncture qui n’est pas bonne, la crise, le manque d’intérêt du public… Ce qui est le plus drôle dans ce genre de discussion, c’est que bien souvent la raison du blocage saute aux yeux : un projet trop flou, une communication à l’ancienne, un porteur de projet qui part dans tous les sens mais toutes ces raisons sont dans l’angle mort de la personne. Comme elle est concentrée à rechercher les raisons extérieures de son blocage, elle n’avance pas.
4 – Pouvez-vous me passer vos contacts ?
La discussion ne fait que commencer et la personne entre dans le vif du sujet directement : elle veut vos contacts et elle ne passe pas par 4 chemins. Certaines personnes apprécieront la franchise, mais dans la plupart des cas, cela aura l’effet inverse. Vous envoyez un message très négatif en ne donnant aucune valeur aux réseaux de contacts que la personne a travaillé à construire. Vous pensez à tord qu’elle va vous y donner accès aussi rapidement. C’est comme se faire inviter chez quelqu’un et lui demander d’emblée où est sa cave à vin pour que vous puissiez ouvrir la meilleure bouteille !
5 – Et sinon…
C’est le genre d’intervention qui me frustre le plus. Imaginez : je suis entrain de répondre à une question, la personne fait semblant de m’écouter et dès que j’ai fini elle répond : “Mmh oui oui intéressant, et sinon… je voulais vous parler d’un projet ».
Une discussion, c’est comme un match de ping-pong, on se renvoie la balle, on est attentif à la personne en face de nous, on ne réfléchit pas au prochain sujet tout en faisant semblant d’écouter.
6 – Vous n’avez pas répondu à mon e-mail…
Je suis sûr que ces personnes ne s’en rendent pas compte, c’est leur façon de communiquer, mais c’est très déplaisant ! C’est le genre de personne qui vous culpabilise à coup de phrases telles que : “Vous n’avez pas répondu à mon mail, à mon commentaire, vous avez sûrement des choses plus importantes à faire”. On sent la frustration et la volonté de nous faire nous sentir mal pour attirer notre attention. Alors oui, cela nous pique et attire notre pleine attention, mais dans le mauvais sens ! On en garde un arrière-goût désagréable.
Certaine personnes sont naturellement douées dans les relations et les premiers contacts. J’aime faire passer des tests de personnalité à mes partenaires et amis, c’est enrichissant.
Parfois il y a de vrais dons pour les relations, mais je suis convaincu qu’on peut apprendre et éviter de se discréditer inutilement. Lors des week-ends de coaching que j’organise, c’est un des grands sujets : notre attitude parle plus fort que notre projet !