Depuis plus de dix ans, la communauté laïque de Sant’Egidio est présente au Bénin et s’investit dans le dialogue des religions et auprès des plus faibles.Au coeur du quartier Fidjrossè à Cotonou, Léopold Djogbédé, enseignant et responsable de la communauté au Bénin nous accueille à « la maison du rêve », siège de la communauté Sant’Egidio, entièrement faite pour accueillir des enfants de la rue sans distinction d’ethnie ou de religion.
C’est ici que la communauté tisse un lien d’amitié avec les enfants. Ils viennent chaque dimanche pour se reposer, prendre leur douche, faire leur lessive, jouer, étudier et manger. « On a commencé par un petit groupe car à cette époque on avait rien à leur offrir. On a donc cherché du financement pour construire des toilettes et un espace pour mieux les accueillir. » Depuis six ans, un noyau de cent enfants vient donc investir les lieux chaque semaine. La communauté les écoute et les aide aussi à construire des projets sur le long terme comme l’apprentissage d’un métier ou la réinsertion chez les parents. « Ce qui n’est pas facile car ces enfants sont longtemps restés dans la rue. » Outre les enfants de la rue, la communauté soutient aussi les familles vulnérables à travers l’école de paix. « Nous faisons donc du soutien scolaire auprès d’enfants dont les parents n’ont pas les moyens. Ces enfants grandissent avec nous et nous les aidons à s’accepter malgré les différences » explique à nouveau Léopold.
Dans d’autres villes du Bénin se développe un service auprès des personnes âgées, parfois rejetées par leurs familles. À travers des visites, les soins, les aides alimentaires ou la reconstruction de cases en ruines, celles-ci peuvent ainsi retrouver une certaine paix dans le quotidien et de « rompre la solitude ».
“Nous voulons briser ces murs”
Dans la perspective « d’humanisation » des villes, la communauté organise des rencontres interreligieuses dans l’esprit d’Assise. « On crée un espace pour permettre à toutes les religions du Bénin de se rencontrer et de tisser des liens. » Preuve que cette initiative fonctionne : les responsables religieux entretiennent ces relations en dehors des activités de la communauté. « Que ces responsables acceptent de se retrouver et se considère comme des frères est déjà une fierté pour nous » ajoute Léopold.
« Au Bénin, les religions se côtoient mais il y a toujours de la méfiance vis à vis de la religion de l’autre car les croyants ne se connaissent pas entre eux. Un musulman connaît très peu de choses de l’Église et vice versa. Il ne sait même pas qu’on peut faire des choses ensemble. Et c’est là que nous intervenons » affirme Léopold. « Ce n’est pas seulement les problèmes qui compte. Il faut aussi prévenir les problèmes. La violence naît toujours de la peur et de la méfiance. Et c’est cette violence qui crée des murs. Nous voulons briser ces murs » ajoute-t-il.
Ainsi le samedi 8 octobre dernier, à l’Institut pontifical Jean Paul II de Cotonou, les représentants des différentes religions, ainsi que les représentants du monde culturel et de la société civile du Bénin se sont donc réunis pour la 7e édition de la journée de dialogue sur la paix. La rencontre s’est articulée autour de deux conférences : “Les religions face à la soif de paix” et “Immigration, intégration et paix”. La journée de rencontres s’est conclue par la lecture et la signature de l’Appel de paix d’Assise 2016.
La communauté est présente dans huit villes au Bénin : à Cotonou dans les quartiers Akpakpa, Fidjrossè, à Calavi sur le campus de Zoca, à Dassa, Savè, Parakou, Natitingou, Tanguiéta et à Kandi. Elle regroupe aussi bien des jeunes adultes qui s’investissent dans la communication de l’Évangile. Les communautés prient plusieurs fois par semaine dans les différents lieux où elles sont implantées.