« Il est comme un grand arbre, comme une maison, il est notre respiration. »La Thaïlande a perdu son roi le 13 octobre dernier.
L’information pourrait paraître mineure à nos démocraties d’Occident. Peu de médias font état de la gravité du moment que vivent les Thaïlandais aujourd’hui. Pourtant le roi Bhumibol Adulyadej, appelé Rama IX dans la dynastie Chakri, était bien plus aux yeux de nos amis Thaïlandais qu’une exception culturelle ou un reliquat du passé.
Chez Enfants du Mékong, nous partageons la tristesse et l’émotion qui étreint aujourd’hui les 2 400 enfants que vous parrainez et leurs familles. Le roi Bhumibol était particulièrement aimé des plus pauvres, ceux pour qui il a tant fait au cours de ses soixante-dix ans de règne.
Monthita est une jeune Thaï qui travaille avec Enfants du Mékong à Bangkok. Très affectée par la mort de ce roi qu’elle considérait comme un père ou un grand-père elle me confiait : « En Thaïlande, le roi est un bel exemple pour chacun d’entre nous ». Avec ces comparaisons imagées dont l’Asie est coutumière, elle ajoutait : « Il est comme un grand arbre, comme une maison, il est notre respiration ».
Le roi Bhumibol, un repère et un symbole fort
Le roi en Thaïlande demeure dans les esprits un exemple du don de soi : « De 19 à 88 ans, il a donné sa vie pour aider les Thaïs. Il travaillait tout le temps y compris lorsqu’il était malade » m’explique Monthita. Il a connu dix-neuf coups d’État, vingt-deux premiers ministres et dix-sept constitutions. Précisément, dans les désordres traversés, le roi Bhumibol est resté un repère et un symbole fort, rassurant et structurant. Les Thaïs le voient comme « un roi qui toujours écoute son peuple, un roi très simple, qui a voyagé partout en Thaïlande pour rendre visite régulièrement à son peuple. Qui a construit des routes, des écoles, aider les enfants pauvres et visiter les malades. »
En 1980, David Lomax s’entretient avec le roi pour la BBC. Il lui demande si le gouvernement compte combattre l’insurrection communiste en mettant en place des projets de développement. Le roi réplique « nous ne nous battons pas contre des personnes, nous combattons la faim. Si nous permettons aux gens d’avoir une vie meilleure, les gens que vous appelez insurgés communistes auront eux aussi une vie meilleure et ainsi chacun sera heureux ».
Aujourd’hui s’est éteint un grand roi qui a voulu transmettre à son peuple l’envie de s’aider les uns les autres, au-delà des catégories qui divisent. Aujourd’hui Enfants du Mékong aussi est un peu en deuil.