Le célèbre acteur italien Roberto Benigni révèle le contenu de sa fameuse conversation téléphonique avec le Saint-Père. Il y a presque deux ans, le célèbre acteur et réalisateur du film, La vie est belle, a fait exploser l’audience de la télévision publique italienne en commentant les 10 commandements. Le succès fut tel que des rumeurs couraient que le Pape en personne l’avait appelé pour le féliciter. Mais rien de plus. Roberto Benigni a tenu sa langue jusqu’au 23 octobre dernier, révélant, contre toute attente, le contenu de cet appel téléphonique qui a bien eu lieu.
De l’appel de François
“C’était le 17 décembre 2014. Le Pape a appelé chez moi à 8 heures du matin, mais le problème c’est que je dormais. On lui a répondu : “Oui Roberto est là mais il dort, veuillez rappeler demain”. Vous imaginez ? Et il a rappelé ! Il était si tendre que j’aurais voulu le prendre dans mes bras”, a révélé l’acteur, le visage rayonnant, lors d’une rencontre publique à la clôture du 11ème Festival international du cinéma à Rome. Anecdotes, souvenirs épiques, histoires incroyables qui lui étaient arrivés, s’enchaînent. Jusqu’à l’épisode du coup de téléphone…
Que lui a-t-il dit ? Ce qu’il dit généralement quand une histoire, une initiative, le touche profondément. “C’est bien ce que tu fais – toujours le tutoiement – tu sais que tu fais vraiment du bien !”, lui a-t-il dit comme à ce jeune blogueur, encore tout récemment, pour le féliciter et l’encourager dans sa démarche de parcourir 4 000 kilomètres à pieds pour récolter des fonds et aider au financement de la recherche contre une maladie qui a tué sa conjointe. “Ce fut un moment extraordinaire !”, a poursuivi l’acteur italien qui dit lui avoir répondu : “Moi, du bien ? Mais c’est vous qui en faites du bien, tant de bien !”.
Après la diffusion de l’émission, le Vatican n’avait ni démenti ni confirmé le coup de téléphone du Pape. Néanmoins, le président du conseil pontifical pour la famille, Mgr Vincenzo Paglia, s’était avancé un peu plus en affirmant qu’un “nouveau geste” du Pape en ce sens n’aurait rien de surprenant, car cette émission “allait dans le droit fil de l’Église”. Il avait ajouté : “Ici il s’agit d’un artiste “en sortie” qui sait utiliser le bagage de la sagesse biblique mais sans trop l’étaler”.
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À l’appel de Jean Paul II
Parti dans ses souvenirs, Roberto Benigni, est remonté jusqu’à Jean Paul II, qui avait souhaité voir avec lui le film, La vie est belle, et l’avait appelé pour l’inviter. C’était en 1999. “Il m’a gardé six heures. Plus que le président des États-Unis ! Ce fut une émotion extraordinaire. Je crois en Dieu. De toute façon, si nous ne sommes pas faits par lui, nous sommes faits de lui, non ?”, furent les paroles fameuses de l’acteur à l’issue de cette rencontre.
Roberto Benigni est revenu d’autant plus volontiers sur cet épisode que ses relations avec Karol Wojtyla avaient bien mal commencé. L’avoir traité de “Wojtylaccio”, vingt ans auparavant, lui avait valu une interdiction de télévision pendant un an, et une condamnation « pour outrage à la religion », soit un million d’amende à payer au Saint-Siège et un an de prison avec sursis. “En fait, dans ma région d’origine, c’est une façon affectueuse de nommer les gens, du genre “ce garnement de Wojtyla”, avait cherché à se défendre l’acteur.
Mais depuis, La vie est belle, tout semble pardonné. Jean Paul II ne lui en a pas tenu rigueur – “Il ne s’en souvenait même pas !” aurait-il confié à l’artiste – et “l’a traité en fils”, se plait-il à raconter dès qu’il en a l’occasion. Après la vision du film, raconte l’acteur encore une fois : “Il s’est tourné vers moi et m’a dit “Ce film m’a fait pleurer”. C’est vrai, je l’ai vu très ému ! Après, on est resté en contact, il m’a même écrit une lettre, comme un père écrirait à son fils !”.