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Le Venezuela dans l’impasse, François reçoit le successeur de Chávez

Handout picture released by the Venezuelan presidency showing Venezuelan President Nicolas Maduro (2-L) heading for a meeting with Pope Francis at the Vatican on October 24, 2016. Venezuela's socialist government and the opposition aim to open talks on October 30 to resolve the political crisis in the volatile nation, a Vatican envoy said on Monday. Pope Francis granted Venezuelan President Nicolas Maduro a surprise private audience at the Vatican in the midst of a deep political crisis in the South American country. / AFP PHOTO / Venezuelan Presidency / Marcelo GARCIA / RESTRICTED TO EDITORIAL USE - MANDATORY CREDIT "AFP PHOTO / VENEZUELAN PRESIDENCY / MARCELO GARCIA / HO " - NO MARKETING NO ADVERTISING CAMPAIGNS - DISTRIBUTED AS A SERVICE TO CLIENTS

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Isabelle Cousturié ✝ - publié le 25/10/16
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Le Saint-Père a créé la surprise en recevant le président Maduro. Alors qu’un dialogue semblait avoir été amorcé entre le gouvernement et l’opposition, pour essayer de sortir le pays de l’impasse politique et économique, qui le paralyse depuis des mois – le pape François a créé la surprise en recevant le 24 octobre, au Vatican, le président vénézuélien, Nicolás Maduro Moros, tenu pour responsable de la situation.

Néanmoins, après une première rencontre lundi entre les deux parties, l’opposition refuse de parler de « dialogue amorcé », mais d’une réunion visant à “établir les conditions” d’une possible “réunion plénière” sur l’île Margarita (nord) le 30 octobre prochain, dont “il n’est sorti pour le moment aucun consensus”, affirme-t-elle.

L’audience inattendue

Lors de leur rencontre au Vatican – “intervenue dans le cadre de la situation inquiétante de crise politique, sociale et économique, que traverse le pays, avec de lourdes répercussions sur la vie quotidienne de la population”,  précise un communiqué du Saint-Siège – le Pape a souligné avoir “à cœur le bien de tous” et invité le président vénézuélien à “prendre avec courage le chemin d’un dialogue sincère et constructif” avec l’opposition – qui demande son départ – afin “d’atténuer les souffrances de la population, en particulier les pauvres » et favoriser le retour à « un climat de cohésion sociale” dans le pays.

Le Pape suit de très près l’évolution de la situation au Venezuela. Il avait déjà suscité la curiosité des médias en écrivant au président Maduro, en mai dernier, pour l’enjoindre à tout faire pour trouver une solution. Quatre mois plus tard, on apprenait du cardinal secrétaire d’État, Pietro Parolin, l’intention du Saint-Père d’agir comme “comme facilitateur de dialogue” entre le gouvernement et l’opposition. Et le 24 octobre, sans préavis – avec grand “courage”, estiment les observateurs – il a reçu le président Maduro. L’Église locale a aussitôt réagi à l’initiative du Pape, la qualifiant de “bonne chose” pour espérer en un déblocage de la situation, a commenté l’archevêque de Caracas, le cardinal Jorge Urosa Savino, selon une dépêche de l’agence Fides.

Un mois plus tôt le gouvernement niait encore cette situation, cherchant au contraire à “attaquer l’Église qui localement s’active pour venir en aide aux plus démunis”, comme rapporté par le père Erwin Guerrero, de passage à l’Aide à Église en Détresse (AED). L’envoyé du Saint-Siège, Mgr Emir Paul Tscherrig, nonce apostolique en Argentine, s’est donc dit “très content” d’avoir pu fixer le début d’un dialogue entre le gouvernement et l’opposition. Mais voilà que l’opposition, veut absolument que M. Maduro quitte le pouvoir, et dément ce “début de dialogue national”. Retour à la case départ ? C’est sous-estimer la détermination du Pape…


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Le Pape ne lâchera pas

Parmi les 17 nouveaux cardinaux créés par le pape François en cette année de la miséricorde, Mgr Baltazar Enrique Porras Cardozo, archevêque de Mérida, prend très à cœur la préoccupation du Pape pour son pays. « Ma nomination montre la préoccupation du Saint-Père pour notre continent et notre pays mais aussi sa volonté de coopérer pour surmonter la grave crise que nous traversons. Il s’agit d’une reconnaissance pour notre Église et pour l’ensemble de la société vénézuélienne », a-t-il confié à Union Radio dès le lendemain, rapporte l’agence Fides. Loin de recevoir sa nomination comme “une récompense personnelle”, l’archevêque vénézuélien a accueilli cette nouvelle responsabilité comme un encouragement du Pape à “renforcer le travail en cours”, et un appel à tout mettre en œuvre pour que cette crise soit surmontée par des moyens constitutionnels et pacifiques”.

Au nom de “la vérité” et d’un retour à “une coexistence pacifique permanente” dans le pays, le Saint-Père n’hésite pas à s’impliquer personnellement, pour “attirer l’attention” et secouer les consciences, a souligné Mgr Porras Cardoso. “Il veut faire prendre conscience que les problèmes ne se résolvent pas par la violence mais par d’autres manières de faire, qui seront peut-être difficiles, mais auront “le souci de la pluralité et de la complémentarité les uns envers les autres”, a-t-il ajouté, Cette voie, a-t-il conclu, “est la seule possible pour aspirer à un avenir de paix et d’harmonie entre tous les Vénézuéliens”.

Le Venezuela dans un gouffre

En toile de fond, la baisse vertigineuse des prix du pétrole, sa principale source de revenus (96%) depuis plus de cent ans, qui a plongé le pays dans une forte récession. En deux ans, le brut vénézuélien a perdu les deux tiers de sa valeur. Perte qui se traduit par des pénuries des biens de première nécessité, et une augmentation galopante des prix (près de 160%), plongeant près de 75% des habitants dans la pauvreté, et une hausse de la criminalité, devenue parmi la plus élevée au monde.

Nicolás Maduro, successeur de l’ex-président Hugo Chávez (1999-2013), est tenu pour responsable de la crise, accusé de n’avoir su ni prévoir ni réagir à temps à la chute des cours du brut. La tension est montée d’un cran la semaine dernière avec la suspension sine die du processus de referendum révocatoire voulu par l’opposition pour obtenir son départ anticipé. Le Parlement, dominé par l’opposition, a ainsi adopté dimanche une résolution déclarant “l’existence d’un coup d’État commis par le régime de Nicolás Maduro”.

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